Journey est entre l'expérience initiatique du Geek et le mythe de Sisyphe. Dès le premier contact, le soft vous claque la rétine et vous assoie avec une profondeur inattendue.
Cette profondeur vient d'une part de ces décors féériques, épurés, gigantesques. Tout a été fait pour que l'univers soit cohérent, depuis le choix des couleurs jusqu'aux mélodies (géniales) d'Austin Wintory.
Le gigantisme des lieux, depuis les ruines du désert jusqu'aux autels disposés dans les cavernes, a lui aussi son importance, notamment parce qu'on ne sait rien de ce personnage et de cette civilisation anéantie. Ma référence à Sisyphe n'est d'ailleurs pas anodine, quelques indices déposés ça et là et surtout le générique de fin vous feront définitivement comprendre la portée iconique et symbolique du titre.
Tout se passe par des échanges de regards, avec des entités silencieuses et bienveillantes, mais aussi avec des notes que l'on utilise comme langage rudimentaire et poétique, pour communiquer des émotions ou des avertissements.
Car on rencontre d'autres joueurs, mais aussi d'autres créatures, plus ou moins amicales. Et on apprécie le choix des bruitages, toujours posés sur des thèmes naturels et apaisants pour le personnage principal et plus ou moins mystérieux pour les autres créatures.
Ce choix artistique accroît la détresse du joueur, déposé tel quel dans cet univers où aucun de ses repères n'ont prise. Mais l'immersion atteint en retour des sommets.
La fluidité du titre, l'originalité et surtout sa portée, largement introspective et contemplative, vous invite à juste titre au voyage. Alors pourquoi se priver ?