Lorsque Kane & Lynch ont débarqué, nous étions plongés dans une bonne ambiance à la Michael Mann mais le jeu vidéo cumulait les tares. Entre une IA au raz des pâquerettes, des graphismes antédiluviens et un gameplay loin d'être terrible. Kane & Lynch n'a franchement pas laissé une trace indélébile dans nos mémoires. Pourtant, ils reviennent, avec la promesse d'un jeu plus travaillé.
Scénario ticket de métro
Kane n'a pas revu Lynch depuis le Venezuela mais il se trouve qu'il doit rencontrer un certain Glazer à Shanghai, ville où s'est réfugié son ancien compagnon. Lynch travaille pour Glazer et c'est lui qui doit faire rencontrer son patron et Kane mais avant cela, il a une petite course à faire, liquider une petite frappe. En s'occupant du bonhomme, la fille qui l'accompagnait reçoit quelques balles (une bonne poignée pour être honnête) et succombe à ses blessures. Pas de bol, il s'agissait de la fille d'un ponte de la mafia, Shangsi. Les deux fous de la gâchette n'ont plus qu'une seule idée en tête, se sortir de se guêpier en traversant les bas fonds de la ville chinoise. Avec la police et les gangsters à leurs trousses, car Shangsi a le bras long. Le scénario est divisé en chapitres qui sont tous prétextes à un nouveau massacre, autant dire que l'on se fiche de savoir qui a tiré le premier sur la gamine et comment cela va se terminer. En fait, même les développeurs s'en foutaient royalement et achèvent leur jeu en une scène finale complètement nulle, sans même avoir pris le temps de traiter les personnages. Des personnages qui vont terriblement souffrir physiquement et psychologiquement durant l'aventure, de quoi alimenter de nombreux dialogues et pourtant rien...
Les points sur les i
Maintenant que tout le monde a compris que ce n'est pas l'intrigue de Kane & Lynch 2 qui en fera un bon jeu, il est important de noter que ce n'est pas spécialement le but. L'objectif d'IO Interactive était de proposer un jeu particulièrement bourrin où l'on ne réfléchit pas trop sur qui l'on tire mais plutôt comment exterminer ce beau monde sans se retrouver au tapis. Dans le style, Kane & Lynch 2 est excellent, ça tire et explose de partout et l'ambiance est vraiment sympathique avec un côté gore qui sied parfaitement à nos deux gangsters. Les décors très variés et très garnis, même si l'on n'a pas franchement le temps de s'attarder sur tous les objets posés sur un bureau étant donné que la durée de vie d'un meuble ne dépasse pas les dix secondes, donne un semblant de crédibilité qui manque à bon nombre de jeux vidéo. Sans Jesper Kyd à la bande originale, on ne prête pas trop attention aux musiques, les diverses détonations et effets sonores sont quant à eux réussis.
C'est plutôt joli mais cela ne suffit pas pour en faire un bon jeu. C'est le gameplay qui compte et ici, Kane & Lynch 2 se retrouve au milieu de la balance. En fait, il n'innove pas, les gunfights se résument à se planquer derrière un objet et canarder des flics qui résistent bien trop souvent à plusieurs balles dans la tête (mode difficile), la faute à une hitbox ratée probablement. On transporte ses deux armes en ramassant les balles sur les cadavres qui jonchent le sol et l'on passe d'une pièce à une autre en tirant continuellement. Hormis une courte phase en hélicoptère, la méthodologie à suivre est inexorablement la même tout au long de votre fuite. Durant toute la partie, vous rencontrerez divers bugs plus ou moins gênants. L'un des protagonistes qui décide de faire le pied de grue et vous vous tapez alors le combat en solitaire, la caméra qui déconne et place votre personnage entre votre vue et le viseur ce qui est fort pratique pour viser l'ennemi, l'idée étant que dès qu'il est caché par votre corps, il faut tirer. Couplé avec ces ennemis capables d'encaisser les balles sans même vaciller parfois, le jeu devient vite agaçant et l'on se désespère encore davantage en voyant notre compagnon nous suivre comme un toutou quand on tente de contourner les tireurs. En définitive, c'est plein d'action, mais pas génial à vivre.
A peine aurez-vous eu le temps de vous adapter aux nombreux défauts du soft que vous quitterez déjà le pays. Il suffira de quatre heures, cinq heures si vous mangez un bol de Chocapic en même temps pour venir à bout de ce scénario qui ne restera pas dans les annales. Le coop uniquement online ne fera pas envie à l'instar de Terminator : Renaissance qui avait lui aussi cumulé les défauts.
Un multi plus convaincant
Si vous comptiez acheter Kane & Lynch : Dog Days pour le solo, peut-être feriez-vous mieux d'attendre que le prix baisse. En revanche, le multi peut réussir à vous convaincre de l'acheter. On ne change pas la recette de Dead Men et on trouve donc trois modes qui gravitent tous autour d'un braquage de banque. Le mode Fragile Alliance jouable aussi en solo, place les joueurs comme les braqueurs qui font alors face à l'IA en guise de police, avec la possibilité de trahir ses coéquipiers. Flic Infiltré se présente de la même manière à l'exception que le traître est désigné au début du jeu et devra donc trahir ses coéquipiers. Enfin, Flic et Voleurs supprime l'IA et met face à face deux équipes de joueurs.
Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'il est possible de trahir ses équipiers notamment pour voler leur argent ou fuir le lieu d'un braquage en abandonnant les autres. Néanmoins, trahir ne donne pas bonne réputation et si cela facilite vos achats d'armes, cela vous identifie clairement sur la map et peut faire de vous une cible très facile. Avant de commencer la partie, vous constaterez que chaque joueur a un style de combat qui tient compte des 25 dernières parties et d'une réputation qui dépendra de l'argent qu'il récolte et de son nombre de trahisons. Bref, vous saurez à l'avance ceux qui ont la fâcheuse habitude de retourner leur veste et ceux qui privilégie un travail d'équipe. Trahir peut être rentable comme il peut seulement plomber l'ambiance en divisant l'équipe. Cette tension permanente qui plonge le joueur dans le doute de manière continue est très appréciable, dommage que le nombre de cartes soit si faible. Ce n'est pas si dramatique puisque vous aurez déjà atteint le premier rang en trois jours de jeu tout au plus, du moins, c'est ce que l'on constate au travers des gamers américains qui profitent du jeu depuis trois jours. En revanche, la durée de vie en prend un coup forcément et n'incite clairement pas le joueur à rester plus longtemps que ça sur le multi. L'absence de serveur dédié enfonce alors le clou.
La déception au fond du couloir
Entre un solo qui se plie en une petite après-midi et le multi qui se fait dans la foulée le week-end suivant. Kane & Lynch : Dog Days se tire déjà une balle dans le pied. Si l'IA n'est pas mauvaise en soi, elle manque de possibilités, elle prendra à revers uniquement dans des lieux relativement vastes, elle ne fera pas de tirs de couverture et ne tirera dans les extincteurs et les bombonnes de gaz que très anecdotiquement. Le joueur pourrait alors opter pour la carte du gros bourrin et foncer dans le tas pour des gunfights jouissifs mais ce serait sans faire avec l'invincibilité des ennemis, une casquette à l'envers fera guise de casque de démineur, torse nu, il pourra encaisser les balles aussi bien que Superman. On fait alors attention à ses munitions et on tire toujours en visant, sans jamais sortir de son trou pour éviter de se retaper dix fois la même scène. Le joueur n'est pas impliqué malgré deux héros qui ont des personnalités fortes, l'histoire manque de traitement alors que le tout s'y prêterait très bien. L'ambiance est bonne mais elle est couverte par la pluie de défauts dont souffre Dog Days. IO Interactive, qui nous a habitué à mieux (Hitman), rate une seconde fois le coche avec ses cinglés Kane et Lynch bien qu'une amélioration par rapport au premier opus se fait forcément ressentir. Cela manque d'une durée de vie plus longue pour offrir au soft une note plus convenable.