Keep Talking and Nobody Explodes est un jeu indé sorti en 2015 qui se situe à la frontière entre jeu vidéo et jeu de société. C’est un concept extrêmement bien trouvé qui a su tirer avantageusement parti des points forts des deux domaines ludiques pour créer quelque chose de particulièrement réussi. Entrons dans le vif du sujet.
Petite mise en situation
On se retrouve devant une bombe qui explosera à la fin du compte à rebours, avec des numéros, des fils, des symboles, d’autres fils, des diodes, des… olalahh, beaucoup de chose et on n’a que 5 minutes. On n’y comprend rien. C’est la panique, forcément. On explique à notre coéquipier ce qu’on a sous les yeux, étape par étape, si on y arrive. Lui regarde dans son mode d’emploi le plus vite possible - mais jamais assez vite, le compteur tourne ! – pour nous guider, nous dire s’il faut couper le fil bleu, rouge ou noir. Il nous demande s’il y a une ou 2 batteries sur la bombe, s’il y a d’autres indications, alors on doit la retourner, regarder si on a loupé quelque chose. Il ne reste que quelques secondes. Au moindre faux-pas, ça explose, on le sait tous les deux. Et cette musique qui ajoute encore au stress déjà paroxysmique ! Pendant que notre coéquipier essaie de comprendre à quelle bombe on a à faire, on essaie de ne pas trembler pour ne pas tout faire péter à cause d’une inattention. Ahhh, on aurait mieux fait de rester couché ce matin !
Mais qu’est-ce que c’est que ce jeu ?
KPNE repose sur un principe simple : un joueur se retrouve devant une bombe et doit compter, pour la désamorcer, sur l’aide d’un coéquipier qui a le mode d’emploi sous les yeux. C’est donc un jeu multijoueur au gameplay asymétrique. Celui qui s’occupe de la bombe regarde son écran, alors que l’autre (ou les autres) utilise(nt) le mode d’emploi, soit sur un autre écran soit en version papier (mode d’emploi évidemment fourni). Les joueurs (2 ou plus) doivent garder les yeux sur leur(s) écran/feuilles et ne pas aller regarder chez l’autre, au risque de gâcher toute l’expérience. Précisons également que les joueurs peuvent jouer par écran interposé, tant qu'ils peuvent se parler, c'est bon.
Evidemment, le jeu propose une difficulté allant crescendo, avec des bombes de plus en plus complexes sans jamais être infaisables, et une tension grimpant d'un cran à chaque fois. KPNE repose sur l’entraide, voire l’interdépendance. La communication est d’ailleurs au cœur du jeu, comme le rappelle le titre. On se parle, souvent fort avec le stress montant, pour expliquer ce qu’il faut faire ou expliquer ce qu’on a sous les yeux. On finit par mettre en place des codes, des manières de communiquer pour être plus efficace, plus rapide, plus clair. Une vraie symbiose se met en place entre les joueurs pour venir à bout de ces bombes. Et qu’est-ce qu’on est content quand on réussit à les désamorcer, quel soulagement ! Et si on échoue, ma foi c’est bien normal étant donné la difficulté de la tâche. Alors on recommence, pressés de se frotter à nouveau à la bombe. De toute manière, le compte à rebours n’est que de quelques minutes, alors il n’y a rien de frustrant à échouer et recommencer. Ici plus qu’ailleurs, l’échec fait partie de l’apprentissage.
KPNE est une vraie réussite. Un concept hyper efficace qui réussit à créer une vraie symbiose entre les coéquipiers devant leur objectif. C’est extrêmement stressant mais formidablement gratifiant une fois la victoire acquise. De plus, l’échec n’est absolument pas frustrant. On stresse, on parle fort, on réfléchit, on se concentre. On s’investit à fond, ensemble, pour désamorcer la bombe. Un jeu à faire absolument !