Un joli tra'Kena'rd

Quand j'ai lancé Kena pour la première fois, pendant une seconde j'ai cru m'être trompée et que je regardais un film d'animation Pixar. J'ai failli sortir le pop corn jusqu'à ce que le jeu me rappelle à l'ordre. Et quelle entrée en matière ! Dès les premières minutes, la magie opère et on se prend à apprécier le sentiment de quiétude que le jeu dégage. Mais derrière cette vision enchanteresse, on commence petit à petit à entrevoir les failles de ce monde, tout comme la corruption qui s'y répand. Et si Kena nous guidait finalement vers un chemin certes joli mais épineux ?

❤ Dès les premières minutes de jeu, on s'émerveille devant des panoramas saisissants et des couleurs chatoyantes. La direction artistique est clairement soigné et les transitions entre cinématiques et phase de jeu se succèdent de manière fluide, nous donnant presque l'impression d'un film d'animation interactif par moments.

❤ La bande sonore n'est pas en reste. Les musiques sont tout aussi magnifiques entre ses envolées orchestrales ou ses chants aux airs mystiques. Les bruitages nous immergent également dans l'atmosphère des scènes, qu'il s'agisse d'un bruissement de feuille apaisant ou de grognements menaçants se faisant entendre au loin.

+/- Que dire maintenant des personnages de ce monde ? Dans l'ensemble, le jeu nous propose des personnages plutôt attachants....mais sans aucune profondeur et facilement oubliables. Les personnages secondaires viennent et s'en vont ; on effleure à peine leur personnalité ce qui en fait des figures juste fades. Et Kena elle-même n'est pas plus développée que ça, et même si elle peut apporter un peu de chaleur accompagnée de ses petits amis les Rots, cela ne suffit pas à la rendre impactante. Les doublages, bien que corrects dans l'ensemble, sont également assez inégaux de mon point de vue. Certaines voix sonnent de façon assez plates et sont parfois en décalage avec l'intensité dramatique de certaines scènes.

+/- L'histoire est intrigante avec son univers flirtant avec le conte fantastique...mais elle n'est, à mon sens, pas bien exploitée. Déjà, on plonge bien trop précipitamment dedans, sans trop de contexte, et son développement au fil du temps reste trop en surface. Pourtant, le jeu tente d'aborder des thèmes plutôt matures et des questionnements pertinents sur les rapports entre l'homme et la nature, mais on n'atteint jamais vraiment le pic d'émotion attendu.

+/- Parlons un peu gameplay maintenant. Le monde de Kena regorge de puzzles divers qui rythment notre exploration. Ils sont souvent inventifs, avec leurs mécaniques liées aux petits Rots, et évoluent un peu au cours de l'aventure. Mais ils finissent par devenir répétitifs et exigent parfois une précision excessive où la marge d'erreur est inexistante, ce qui peut devenir assez frustrant.

+/- Pour ce qui est des combats, la mécanique avec les Rots est bien pensée nous offrant des combinaisons et des enchainements assez variés. Cependant, la difficulté augmente à un point tel que le petit jeu d'aventure paisible devient d'un coup un défi ardu et assez décourageant, poussant même à baisser le niveau de difficulté face à certains boss pour progresser. Aussi, on ne peut pas lock librement les ennemis et les esquives manquent de réactivité, rendant les affrontements encore plus frustrants.

✖ Bien que les paysages soient magnifiques, l'exploration ne suscite malheureusement pas autant de jubilation. Les environnements sont assez vides et se répètent, la carte est brouillonne et manque de clarté, et les collectibles étant principalement cosmétiques ne donnent pas la motivation nécessaire pour explorer chaque recoin.

✖ Enfin, la mécanique de saut peut se révéler assez agaçante car elle manque souvent de précision et des collisions mal gérées viennent également compliquer le tout.

Kena aurait fait un parfait petit film d'animation. En tant que jeu cependant, il peine à trouver une balance efficace entre son atmosphère zen et son gameplay trop déséquilibré. Aussi, s'il nous plonge dans des environnements splendides, cela ne suffit pas à atteindre la profondeur émotionnelle qu'il tente de nous faire ressentir. C'est un pont entre beauté et frustration, mais pour un premier essai, Ember Lab pose des bases prometteuses, et il est certain que le studio ne pourra que renforcer ces fondations pour bâtir des projets plus solides dans le futur.