Là où Superbrothers: Sword and Sorcery se cassait allègrement la gueule sacrifiant beauté graphique sur l'autel de l'hipstérisme le plus paresseux, Kentucky Route Zero réussit son pari.

L'histoire est passablement (et volontairement) mystérieuse. Un livreur d'antiquités cherche une route introuvable - il est aiguillé par des personnages hauts en couleurs et commence à souffrir d'hallucinations. Il est parfaitement normal de se sentir perdu tant on est matraqué par les informations sans liens les unes avec les autres.

En soi, le jeu n'est pas difficile. Les interactions possibles sont minimales, certaines sont évidentes. Néanmoins, le jeu utilise de façon intelligente les ficelles du genre: les objets avec lesquels il est possible d'interagir apparaissant en fonction du temps passé à attendre. Les choix de dialogues, une fois faits, ferment les autres possibilités définitivement. Les conversations sont courtes, étranges, un peu comme dans la vraie vie. Ou dans un film de David Lynch. Si d'aventure vous choisissez de demander aux personnages des explications, les conversations tourneront court ou bien on vous reprochera de souligner des évidences. Le jeu pénalise quiconque se rebelle contre son esthétique assumée: qui a besoin des réponses quand la question est aussi intéressante ?

Les graphismes sont superbes. Ils m'ont en tous les cas, énormément plus. Travelings, zooms, effacement des murs, effets de perspectives, travail des ombres et lumières, le tout est très recherché. Si cela contribue à donner au jeu un côté un peu agaçant car trop poseur (comme de nombreux jeux indépendants), c'est ici parfaitement réussi. Certains minimalismes du jeu - je pense à la carte - sont très intéressants et démontrent une réelle intelligence du jeu vidéo.

Deux choses pour terminer: le niveau d'anglais requis est élevé ce qui sera peut-être un frein pour certains. C'est néanmoins une bouffée d'air frais de lire un jeu aussi bien écrit. Enfin, une démo du jeu est disponible (http://kentuckyroutezero.com/limits-and-demonstrations/) - pratique pour savoir si votre ordinateur pourra faire tourner le jeu et vous faire sentir si vous adhérerez à l'esprit du jeu. Particulier, mais dépaysant.

Vivement le prochain épisode.
Hameçon
8
Écrit par

Créée

le 4 mai 2013

Modifiée

le 4 mai 2013

Critique lue 470 fois

7 j'aime

Hameçon

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7

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