Les Coeurs du Royaume 3D : Rêve Chute Distance
Kingdom Hearts 3D, c'est quoi ? A première vue : c'est le bordel.
Quelques heures plus tard, ça l'est toujours. Mais progressivement, malgré tout, on se fait à peu près à la (trop proche) caméra capricieuse et aux combats souvent brouillons - et on commence à mieux comprendre les subtilités d'un gameplay obscur de prime abord, à force d'explications à la volée et de tâtonnements dans les menus.
Cela dit, on se fait moins à la narration bancale (pour rester poli) du titre, au design "générique tendance moche et fluo" des ennemis, au Nintendogs du pauvre inclus dans le système de jeu, au recyclage des environnements via cet étrange concept de "passage" et à l'avalanche de gadgets ludiques in-your-face qui n'apportent pas grand chose à l'expérience de jeu. Square Enix, où est passé ton don du système de combat simple et efficace ? Et à quel moment as-tu perdu tes talents de faiseur d'histoires ?
Pour les habitués de la série qui me liraient, sachez qu'il s'agit de mon premier KH. Je découvre ainsi avec amusement le patchwork (assez forcé) Disney-Square de cet univers, et il est vrai que c'est tout de même un plaisir (coupable) de voir autant de références défiler, de franchises récentes (Tron : Legacy) ou non (Pinocchio). Seulement il y a un hic et il est de taille : on n'y croit pas une seconde. Non seulement le mélange est trop gros et trop grumeleux pour passer mais en plus on a droit à une double dose de manichéisme (Disney + Square) et toutes les tares énervantes du scénario de JRPG récent : délires cryptiques et inutilement mystérieux, personnages poseurs et moralisateurs qui se mêlent de tout ("Quasimodo, tu as tort, trouve la réponse dans ton coeur"), beau mais sans âme. Ce qui me fait le plus tiquer peut-être, c'est le côté extrêmement édulcoré, parfois violemment travesti (d'autres diront "souvent complètement nawak") de l'ensemble : le fait par exemple qu'en utilisant des oeuvres, interprétées d'une manière très particulière par Disney puis ENCORE remâchées par Square, on obtient un gruau un peu immangeable quand on y réfléchit une seconde. J'ai une pensée émue pour ce pauvre Victor Hugo, par exemple, pour les auteurs du premier Tron, voire pour Walt Disney...
Bien sûr, si on se laisse porter, alors c'est jouable et plutôt sympathique. Mais j'en attendais davantage que cela.