Kingdom Hearts 3D: Dream Drop Distance par Botwin
Ce jeu m'a émerveillé, mais je n'ai pourtant pas décidé d'en faire une critique totalement positive. Au contraire, je vais commencer par ce qui m'a supris, ou énervé, ou déçu. D'abord, le jeu a un emballage très, très compliqué pour finalement pas grand chose. Les menus sont bourrés d'options, de choix possibles, de sous-catégories... alors que l'action elle-même, le système de jeu est LOIN d'avoir une telle ampleur et une telle complexité.
C'est peut-être le problème majeur de la saga depuis ses débuts : Kingdom Hearts veut péter plus haut que le cul de son gameplay, qui, une fois les combats arrivés, ne consiste finalement qu'à appuyer sur A en se soignant de temps en temps.
Tout le reste : sorts magiques (inutilisables), compagnons (on y reviendra), bonus et trésors en tout genre prennent beaucoup de place pour assez peu de choses.
Parlons maintenant du scénario. Sérieux, arrêtez de nous péter les couilles. J'ai quasiment passé 90% des cinématiques, tant elles puent la niaiserie et SURTOUT... le remplissage. C'est sympa de revoir Quasimodo ou Giepetto, mais personne ne nous fera croire que Square Enix sait vraiment où il va avec tout ce bordel sur les rêves, le maître de la Keyblade, l'organisation mords-moi-le-fion... J'espère qu'ils simplifieront un minimum les choses pour le trois, car tout cet embrouillamini suinte la prétention. Et la bêtise déguisée.
Finissons sur un dernier point noir : les compagnons. J'ai trouvé très sympa de leur faire jouer au ballon et d'appuyer sur des boutons pour débloquer leurs compétences hein... pendant 30 minutes. Le système devient très vite répétitif, et beaucoup trop "complexe" pour ce qu'il est au final. Je pense avoir passé une heure à tout casser sur le menu Esprits, et c'est largement suffisant pour les laisser faire leurs petites attaques dans leur coin. Surtout qu'on fait rarement le lien entre la manière dont on les a nourris ou bichonnés... et leur efficacité en combat. Tout ça est beaucoup trop bordélique et fouilli pour avoir le moindre sens. Rhalala...
... Hey les gens, j'ai mis 9/10 ! Oui oui, malgré les trois angles morts cités ci-dessus, j'ai tout simplement pris mon pied sur Dream Drop Distance, et c'est avec un pincement au coeur que je le lâche pour commencer Mario & Luigi : Dream Team Bros. (Même si ce dernier a l'air très bien aussi).
Parce que malgré la folie du bouton "A", malgré ce scénario con-con et ce système d'esprits mal calculé, tout le reste flamboie. Ce que le gameplay n'offre pas, la dynamique de l'ensemble l'offre complètement : les combats, très répétitifs, n'en restent pas moins superbement pétillants, effrénés, fous par moments. Ca part dans tous les sens, ça explose, ça tape, ça frappe, ça se tord et ça revient. Comme si Square Enix avait voulu compenser la pauvreté de la mécanique en elle-même par une mise en forme spectaculaire ; chez moi, en tout cas, ça a marché.
Chaque combat, même contre l'ennemi le plus ridicule, a l'air d'une bataille épique grâce à ce nouveau mode "fluidité" qui permet toutes sortes de pirouettes et de prouesses physiques. Sora et Riku - qu'on peut (doit) incarner à tour de rôle - se baladent contre les murs, tournoient autour des poteaux, glissent sur des rambardes et s'improvisent yamakazis du rêve, le temps d'un jeu. Lumières, sons, effets en tout genres : le plaisir de jeu se situe dans cette énergie constante et enfantine, comme quand on plonge ses rêves dans un kaléidoscope à l'âge de six ans.
Alors voilà, Dream Drop Distance réalise déjà une première prouesse : transformer un gameplay bancal en une expérience explosive qui en met plein les yeux et plein la tête.
Les décors visités, toujours inspirés des univers Disney (à part pour le premier et le dernier monde) ne sont pas tous d'un goût exquis et puent parfois la paresse, mais délivrent aussi leur lot de perles. Le monde de Fantasia, par exemple, est d'un génialissime incroyablissime. J'avais l'impression d'être transporté dans une autre dimension avec ma 3DS.
Là encore, Square Enix arrive à compenser avec grâce : ce que les environnements n'offrent pas en terme de subtilité des décors (souvent vides et carrés), il l'offre en terme de surprises et de rebondissements contextuels. Une fleur qui fait sauter, un bâtiment qui s'écroule, une musique qui s'emballe.
Le jeu regorge en réalité de vie, alors qu'il paraît assez terne et creux au premier abord. Les surprises sont multiples, d'ailleurs : parfois, le système de jeu change pour nous dépayser un peu, comme lorsqu'il faut chasser un tyrannosaure à bord d'une calèche, ou lorsqu'il s'agit de combattre ses ennemis à bord des véhicules de "Tron".
Bref, ce DDD est plein de petites pépites qui pètent dans les yeux et dans le coeur au fil de l'aventure. On peut lui reprocher certaines choses (Le système de "drop" n'a par exemple pas été apprécié par tous les joueurs, puisqu'il force, dans une certaine mesure, le joueur à alterner Riku et Sora quitte à devoir reprendre un boss du début) mais rien n'est fondamentalement condamnable. Le jeu reste terriblement chouette à découvrir et à apprécier. Ajoutons à tout ça des graphismes soignés, des musiques toujours sublimes, certains boss assez épiques et vous obtiendrez sûrement l'un des meilleurs (si ce n'est LE meilleur, pour moi) opus de la saga, qui réussit à contourner les plus gros défauts de Kingdom Hearts pour en faire une expérience unique, riche et variée, peut-être pas dénuée de défauts, mais que les défauts peuvent justement rendre touchante. À se procurer de toute urgence.