Il y a clairement des titres qui aiment de faire désirer et on peut dire que ce Kingdom Hearts III trône parmi les rois. Un épisode numéroté que certains attendent depuis plus de 10 ans, pour peu qu'ils n'aient pas eu le goût de s'intéresser aux multiples spin-off qui composent cette saga improbable. Et pourtant, début 2019, voilà que le jeu sort enfin. Une sortie tardive qui témoigne autant du planning chaotique de chez Square Enix que de l'exubérance de son créateur Tetsuya NOMURA.
La question qui demeure est de voir si toute cette attente était méritée.
Avant d'aller plus loin, il faut savoir que je suis un très grand fan de la saga Kingdom Hearts. Je le suis assez pour avoir fait tous les jeux (oui, même cette merde d'Union X sur mobile) ainsi que leur Remastered (sur PS3... et PS4!). Pour autant, mon amour pour cet univers ne m'a jamais empêché d'être lucide sur les lacunes de ces jeux. Après tout, aimer n'est pas tout excuser.
Tout cela pour dire que cet épisode III, j'avais vraiment hâte de mettre la main dessus. Et après plusieurs semaines pour en venir à bout, je navigue entre le sentiment d'avoir parcouru un très bon jeu, mais qui me semble particulièrement incomplet.
Pourtant tout semblait annoncer un titre bien fini et maîtrisé. L'aspect technique est le premier élément qui saute au oeil. Oui, Kingdom Hearts III a de la gueule. Les environnements sont beaux et variés, les animations donnent un dynamisme fou aux affrontements et la DA parvient toujours à marier on ne sait comment les univers Disney à la patte graphique de NOMURA. Ajoutez à cela que les musiques sont toujours aussi sympathiques et que manette en main, c'est un vrai plaisir de contrôler un Sora qui n'a jamais disposé d'une aussi grande palette de mouvements.
Bref les premières heures de jeu s'avèrent particulièrement plaisantes, d'autant que l'histoire (qui se doit de clôturer l'arc que Xehanort, principal antagoniste de la saga) démarre suffisamment bien pour nous offrir un final haut en couleurs.
Sauf que l'effet de surprise et la joie de retrouver les personnages passés, on se rend compte au fur et à mesure que quelque chose cloche. Et cela se fait par petites touches. Déjà on remarque que la mise en scène semble toujours bloquée dans les années 2000, génération PlayStation 2. Il en résulte des cinématiques très (trop) nombreuses qui s'enlisent dans des dialogues insipides et peu utiles. On découvre alors qu'il faut souvent plusieurs heures pour parcourir chacun des (immenses) niveaux qui composent le jeu, avec un déséquilibre flagrant entre cinématiques et phases de gameplay.
En parlant du gameplay, un autre élément saute très rapidement aux yeux : le jeu est beaucoup trop facile, et ce même en difficulté maximum. Le problème vient surtout du fait que Sora possède une panoplie d'attaques beaucoup trop grande et dévastatrice. Entre les Keyblades qui se transforment, les liens, les attractions, les magies surpuissantes ou les attaques en coopération avec les alliés, il y a toujours moyen de se tirer d'un mauvais pas (surtout qu'une grande majorité de ces attaques vous rend invincible...).
Cela pose irrémédiablement un problème de rythme. On se retrouve à traverser les mondes de Disney sans réellement conviction, guettant le boss de fin de niveau pour espérer voir l'intrigue principale avancer à reculons. C'est d'autant plus regrettable que la sélection des films de ce troisième opus voit l'arrivée de films Pixar (Toy Story, Monstres et Cie) et de Disney plus récents (Raiponce, Frozen, Big Hero 6...). Si certains s'en tirent plutôt bien (que ce soit en termes d'architecture ou de récit), on notera le calvaire que peuvent représenter des niveaux comme Arendelle qui, en plus de suivre bêtement la trame du film, nous propose une progression laborieuse où tous les décors se ressemblent.
Mais on a malgré tout envie d'y croire. Et bien que la motivation du joueur oscille en fonction de son ressenti sur chaque monde, on arrive bon gré mal gré au dernier quart du jeu.
Ce dernier s'avère plutôt bien fichu niveau rythme et on se surprend à enchaîner les cinématiques et les combats sans déplaisir. C'est aussi à partir de là que les fans de l'univers risquent d'être ébranlés tant le jeu fait des choix plus ou moins discutables. Je ne me lancerai pas dans un long récit expliquant point par point ce qui va et ce qui ne va pas, mais il faut partir du principe que Kingdom Hearts est un saga qui préfèrera toujours la symbolique à la logique. Vous faites ce que vous voulez de cette information.
Vient enfin l'affrontement final, sympathique mais sans plus, qui clôture cet arc avec néanmoins la promesse que tout n'a pas encore été dit sur l'univers. Et... ben c'est tout.
C'est là que l'on se rend compte que Kingdom Hearts III paraît incomplet. Si l'ensemble est techniquement abouti, c'est au niveau contenu que l'on reste sur sa fin (et il faut pourtant 60h pour finir le jeu à fond). Les niveaux sont grands mais pas forcément fun à parcourir, les combats sont dynamiques mais d'un facilité déconcertante, le scénario offre des réponses mais qui amènent à de nouvelles questions... Bref je pense que vous voyez le soucis.
Et c'est dommage car on sent manette en main que le jeu n'est pas sorti en catastrophe (comme cela a pu être le cas pour The Last Guardian par exemple...). C'est juste qu'il nous laisse avec un sentiment doux-amère où l'on sent que l'on a apprécié ces quelques heures devant le titre, mais où demeure la sensation qu'il ne nous a pas vraiment tout dit.
En conclusion, Kingdom Hearts III est un titre qui s'est fait désirer mais qui ne cherche pas forcément à combler l'attente qu'il a suscité. C'est un jeu très agréable à voir et à faire, mais qui se donne pas les moyens de proposer plus. Cela donne un résultat tout à fait correct mais qui, selon moi, ne marquera pas autant que ces prédécesseurs.
On en vient presque à espérer l'annonce de DLC pour proposer un challenge plus relevé (nouveaux boss, difficulté supplémentaire...) et donner naissance à une version Final Mix qui elle, saura donner à ce troisième épisode un peu plus de consistance. L'avenir nous le dira.