Trouver bot à son pied

Temps de jeu : 50 heures

Mon cinquième Kirby

Test rédigé pour Le Red Blog [#10]

À chaque nouvelle console Nintendo son Super Mario, son Pokémon et son The Legend of Zelda. Trois franchises indémodables et toujours aussi vivaces, tant elles réitèrent leur succès opus après opus. Bien que moins populaire en occident, le petit artisan peut également compter sur une autre figure héroïque tout aussi prolifique en la personne du rondouillard Kirby. Véritable mascotte chez le jeune public nippon, la petite boule rose n’a cessé de se vendre au fil de ses nombreuses apparitions. Après un Triple Deluxe et un Planet Robobot mettant l’accent sur la 3D stéréoscopique de la Nintendo 3DS, le plus mignon de tous les héros débarque sur Nintendo Switch dans une aventure dédiée à la coopération locale. L’heure pour les petits et grands de se réunir pour mettre une raclée à tous ceux qui ne croient plus en le pouvoir de l’amitié. Autant le dire tout de suite, quand bien même la série a souvent joué la carte de la sécurité par le passé, Kirby Star Allies réussit le tour de force d’être encore plus classique que nombre de ses prédécesseurs.

Noirs Désirs

Une pluie de cœurs ténébreux s’abat un peu partout dans la galaxie ; la planète Pop n’est pas épargnée, et les terres de Dream Land avec elle. Le Roi Dadidou, tombant sous l’emprise maléfique de ce pouvoir, se met en tête de voler tous les fruits de la contrée. Même le stoïque Meta-Knight ne parvient à résister à l’appel des ombres. Seul Kirby résiste à l’ensorcellement d’un cœur noir… Mieux encore, l’héroïque glouton développe une capacité inattendue, celle de redonner une âme pure à ceux qu’il touche de son pouvoir de l’amitié. Ainsi, il lui faudra s’élancer à la poursuite d’une mystérieuse armée désireuse de ressusciter un puissant être maléfique. Si les ambitions narratives de la franchise ont toujours été limitées, le titre bénéficie tout de même de cinématiques de qualité pour illustrer le tout. Quelques voix ont été apposées ici et là, mais toujours uniquement pour des rires ou des râles. En jeu, le pouvoir de l’amitié est retranscrit par le lancer de cœurs, lesquels permettent de rallier des ennemis à notre cause.

Tous ne peuvent évidemment pas nous rejoindre (à commencer par les boss), mais la majorité d’entre eux est bel et bien capable de retourner sa veste pour grossir nos rangs. Contrôlés par l’ordinateur, tous se montrent intelligents, résolvant énigmes et combats par eux-mêmes. Trop intelligents même, puisqu’il est possible de ne rien faire durant des affrontements de boss et d’en ressortir victorieux, pour peu qu’on ait été épaulé de quelques bots. Il est même possible de partager les soins reçus avec d’autres membres, en se collant à eux après avoir englouti une ration de nourriture. Toutefois, l’un des intérêts d’un tel système est de permettre aux amis et à la famille de participer aussi à l’aventure. Une ambiance chaleureuse se forme alors naturellement, et le classique voyage se transforme de facto en fête cacophonique et explosive. L’autre intérêt réside dans la combinaison de plusieurs capacités pour en créer de nouvelles. Que les puristes se rassurent, Kirby est toujours capable d’avaler un ennemi afin d’en extraire son pouvoir.

The Kirby Centiped

Malheureusement, les pouvoirs semblent avoir perdu en nombre de coups et donc en flexibilité, tandis que les fusions se révèlent souvent anecdotiques. Quand bien même on aime les capacités de soutien telles que la concoction de soins ou la possibilité de déployer un énorme parapluie pour protéger la combustion d’une mèche, force est de reconnaître qu’on fait vite le tour des attributions élémentaires aux différents types d’armes ; feu plus épée, foudre plus fouet, eau plus bâton, glace plus marteau, vent plus yo-yo, etc. Quant aux nouveaux pouvoirs (araignée, artiste et festival), tous manquent d’équilibrage ; très amusante, l’araignée permet d’aider, de contrôler mais aussi d’attaquer, là où l’artiste semble trop en retrait et le festival complètement fumé (en dépit d’une utilisation unique). Il est évidemment plus fun de jouer le héros que les acolytes, puisque ces derniers sont à la merci de Kirby. À noter que la boule rose peut chevaucher un de ses alliés pour en prendre le contrôle.

Quelques super pouvoirs sont également de la partie, ces derniers rassemblant chaque membre de la troupe pour donner naissance à une formation unique. Si le pont de l’amitié est oubliable tant dans l’idée que dans sa réalisation, l’étoile volante et surtout la locomotive offrent une satisfaction bienvenue. La roue, bien plus classique que ses compères, dégage tout de même une impression sympathique. Moins nombreux que l’horripilante Méganova de Triple Deluxe (un pouvoir plus scénique que ludique), on aurait aimé en voir plus parsemer les niveaux linéaires de Star Allies. Une fois les deux premiers mondes – sur quatre – traversés, difficile de ne pas ressentir la redondance du level design général. Même les énigmes semblent moins travaillées que dans les opus 3DS. Avec un peu plus de quarante niveaux seulement, en comptant les étapes bonus et les niveaux de boss, difficile de ne pas trouver la durée de vie famélique. De même, le contenu annexe se montre bien trop chiche, trop facile et surtout trop rapide à compléter.

Si t’as pas d’amis, prends un Kirby

Quant aux mini-jeux alternatifs, bien qu’ils soient sympathiques, ils s’apparentent plus à une épreuve digne d’un Mario Party que d’un réel bonus à saigner des jours durant. On ne reprochera évidemment pas à Kirby son manque de difficulté, puisqu’il s’agit avant tout d’une franchise dédiée aux tout-petits qui souhaiteraient s’initier au jeu vidéo. À ce titre là, Star Allies remplit parfaitement sa fonction, même si on aurait aimé que les bots ne mâchent pas tout le travail à notre place. Reste tout de même que le gameplay est toujours aussi imaginatif, blindé de concepts et de techniques aussi variées que barrées. Ce nouvel opus sur Nintendo Switch brille aussi et surtout de par son aspect artistique, à défaut d’une technique incroyable (trente images par seconde et un poil de crénelage). Que ce soit dans sa bande-son, un peu moins dans ses bruitages, mais surtout dans son visuel et ses animations léchées, Kirby Star Allies ne cesse d’enchanter ceux et celles qui le parcourent ; le soucis du détail et le soin apportés au titre sont indéniables. Mention spéciale pour le boss final, épique et magnifique.

Conclusion

Difficile de trouver plus classique que Star Allies dans la grande famille des Kirby. Quand bien même le concept semble toujours aussi éculé, voire moins bien appliqué qu’à l’habitude, le nouveau-né de la série parvient toujours autant à capter le plaisir des petits et des grands. Encore plus quand ces deux générations se retrouvent au sein d’une même aventure, prêts à s’entraider dans un tourbillon de mignonneries et de violence colorée. Malheureusement, Star Allies ne parvient pas à combler les défauts de ses aînés (difficulté mise à part), à savoir une durée de vie trop faible en ligne droite et un level design pas toujours très fouillé. Reste qu’il s’agit d’une valeur sûre pour les fans et les enfants qui souhaiteraient en faire leur premier jeu vidéo. Malgré le prix un poil féroce, dites-vous que Star Allies reste un geste salutaire pour votre bambin ; c’est toujours mieux que de débuter avec un médiocre Sonic Boom. Au moins dans Star Allies, on ne s’y ennuie jamais véritablement.