Kuon, à l’instar d’un certain Rule of Rose ou même d’Echo Night: Beyond, fait partie de ces jeux obscurs sortis en France sur une PS2 en fin de vie, vers 2005/2006. Succès relatifs pour ces derniers, ils sont vendus à prix raisonnables chez nous et ce, sans aucune promotion (si je mets à part la fameuse polémique autour de Rule of Rose, qui aidera la réputation du titre, en bien comme en mal). Ceci dit, ils ont paradoxalement vite grimpé en cote jusqu’à devenir les perles rares de la console, et sans être de grands jeux, ils ont marqué les amateurs du genre survival horror grâce à leurs caractères étranges et atypiques.
Comparé à tort à la saga Project Zero selon moi, Kuon se rapprocherait plus d’un Onimusha pour son univers médiéval/fantastique japonais et son gameplay au corps à corps, et peut être d’un Galerians pour l’aspect sorts et attaques à distances.
Deux jeunes femmes sont à incarner ayant chacune leurs spécificités d’attaque, l’une utilisant un long couteau (lent mais puissant) et l’autre un éventail (faible mais dynamique). Un dernier personnage peut être joué une fois les deux premiers scénarios achevés, débloquant ainsi le grand final.
L’efficacité viendra surtout des magies et invocations à utiliser avec parcimonie, afin de les réserver contre les boss, souvent surprenants. Aussi, trop courir fera faiblir votre santé et attirera les monstres, essentiellement démoniaques, comme les « Gaki » (littéralement « fantômes en colère »). L’inquiétude gagne donc rapidement le joueur, qui sera également déstabilisé par l’absence de barre de vie apparente, attirant plutôt son attention sur l’écran qui vacillera en cas de danger de mort.
Loin d’être déplaisant à jouer pour les habitués de survival horror à l’ancienne, ce n’est certainement pas grâce à son gameplay ankylosé, typé « hack n’ slash » que Kuon se démarque, mais plutôt grâce à son univers, sa direction artistique de haute volée et son scénario baignant dans une ambiance mystique et occulte typiquement japonaise. La mise en scène fait d’ailleurs souvent référence au cinéma horrifique « Kaidan » et « Yurei » de l’archipel, et de fort belle manière.
Le contexte prenant place durant l'ère Heian (794-1185) à Kyoto, c’est un vrai plaisir de parcourir ce manoir d’époque, éclairé à la bougie sous une lune glaçante avec ses longs kimonos écarlates fièrement exposés dans la plupart de ses pièces. De sombres jardins et une inquiétante montagne sont également explorables pour dénouer le fil de l’intrigue. Intrigue qui fait également la force du jeu, avec ses odeurs de légendes oubliées, de rituels macabres et d’obscurs pactes avec les pires scélérats des Enfers. L’ambiance n’est pas en reste avec une partie sonore très soignée, à la fois calme et envoutante, accompagnant nos héroïnes au fil d’une enquête qui s’avérera aussi passionnante que perturbante.
Si j’apprécie le concept de « double scénarios » avec deux points de vue différents, à l’instar d’un Resident Evil, je regrette tout de même que l’aventure soit si similaire pour chacun des deux personnages initiaux. On en vient à être très lassé de revisiter les mêmes endroits et de combattre exactement les mêmes boss alors que l’aventure est censée se dérouler au même moment. Je pouvais pardonner cet aspect en jouant aux monuments du genre de l’ère PS1, mais pour Kuon, j’en attendais plus, surtout au vu du potentiel scénaristique. Seul le 3ème personnage apportera quelques nouveautés, avec cette envie irréfrénable de connaitre le dénouement du titre.
Au final, même si Kuon s’avère décevant et bâclé dans sa structure, c’est un jeu qui se démarque grâce son contexte original et son histoire. Bien sûr, beaucoup pesteront sur son gameplay rigide et archaïque, mais les autres découvriront une aventure plutôt prenante, faisant honneur aux légendes japonaises les plus étranges.