Chronique d'une rencontre entre un jeu trop en avance et un joueur trop jeune
L'Arche du Capitaine Blood est une contradiction de ma vie de joueur. Entendez par là de ma vie de jeune joueur ...
En effet, lorsque sort ce titre, en 1988, je n'ai que 7 ans, et je le découvre un ou deux ans plus tard, lors de l'acquisition de mon Amstrad CPC 6128. Et autant dire que jouer à ce titre dans le contexte du jeu vidéo de la fin des années 80 et alors qu'on a pas encore 10 ans (vous l'attendiez pas cette phrase), c'est pas simple.
1988, c'est l'époque où les jeux vidéos se vivent de manière immédiate. Uniquement parce que c'est du jeu vidéo. Un peu une fin en soit. Mais profiter de l'Arche du Captain Blood, c'est une autre paire de manche : c'est tout d'abord potasser un manuel de jeu pour comprendre l'histoire du titre (un peu alambiquée en plus), puis comprendre des mécaniques de jeu plutôt avant-gardistes pour l'époque, genre converser avec des extra-terrestres sur la base de pictogrammes.
Et cette carte immense, regorgeant de planètes à explorer ... Alors vous pensez bien qu'à 8-9 ans, tout ça, ça vous passe un peu au dessus du ciboulot, et l'Arche du Captain Blood ne devient alors qu'un jeu un peu masturbatoire, une expérience vidéo-ludique trop en avance pour mon petit âge.
Mais où est la contradiction me direz-vous ?
1- Merci de vous poser la question, ça prouve que vous suivez le parcours intellectuel de cette critique, pour peu qu'il y en ait un ...
2- La réponse à la question, c'est que, malgré tout, bien que je n'ai pas réussi à accomplir la moindre chose sur ce titre étant donné sa complexité et son abstraction pour un gosse de mon âge, et bien, même aujourd'hui, je m'en souviens encore
Il y a quelques titres comme ça, de l'époque Amstrad, dont je me souviens assez précisément. Je garde en tête les images de ce vaisseau, si froid, des phases d'exploration à la recherche des canyons, et de ces extra-terrestres étranges avec qui il semblait possible d'échanger.
Une expérience ratée, en ce qui me concerne, mais une expérience quand même. C'est comme ça que se forge une culture de joueur. Dans "jeu vidéo", il y a vidéo, et pour le coup, les images sont restées bien imprimées dans mon esprit ...