Si en mars 1995, la Légende de Thor est accueilli par une pluie de louanges du fait de la réalisation et de l'ampleur du projet, 25 ans plus tard les critères de jugement ne sont plus les mêmes. Que reste-t-il de Beyond Oasis ?
Au début, on croit avoir affaire à un Zelda-like. Grave erreur, car si on arpente bien une série de donjons - dont le level design est excellent - dans un monde ouvert, l'essentiel du jeu sera consacré à la baston ! On est bien plus proche du beat'em up et, sur ce point, le gameplay reste très solide : la maniabilité est bonne (peut-être améliorée par le stick d'un pad moderne), les animations sont chouettes et donnent du punch aux affrontements, les ennemis sont variés... manque peut-être un chouïa de sentiment de progression, même si à la fin les esprits élémentaires deviendront bien utiles. C'était un peu le gimmick du jeu, ces quatre esprits qui viennent nous épauler progressivement dans l'aventure. Ils peuvent se bagarrer et ils ont chacun deux ou trois pouvoirs qui étoffent le gameplay, et puisqu'on parlait de Zelda, vers la fin du jeu, les esprits viennent se greffer au gameplay d'exploration pour multiplier les puzzles ! Et c'est sans doute une des très bonnes idées du jeu : si au début il est très bourrin, plus on avance et plus il faut se mettre à réfléchir pour actionner les bons trucs. On peut se demander du coup pourquoi ne pas avoir développé davantage le volet énigmes, mais cela donne un certain changement dans l'aventure.
Aventure d'ailleurs bien plus longue qu'il n'y paraît au premier abord, le jeu est généreux sur ce point mais reste rythmé tout du long. Il y a d'ailleurs des secrets, un donjon caché, etc, que je n'ai pas cherchés et qui viennent s'ajouter à la durée de vie.
L'ergonomie n'est pas mal non plus, il y a un certain nombre de petites facilités qui rendent la progression en 2018 pas trop pénible, par exemple le marqueur sur la carte indiquant directement le prochain objectif. La difficulté est bien équilibrée tout du long, et même les deux boss de fin ne poseront pas de gros souci.
Tout ça est contrebalancé par une très mauvaise idée : pourquoi mettre des passages de plate-formes ?! La maniabilité du jeu ne s'y prête pas du tout, encore moins quand des ennemis volants vadrouillent et n'attendent qu'un contact pour vous balancer dans le vide.
On va regretter aussi que l'histoire du jeu ne nous porte pas du tout assez : elle est non seulement bien trop classique (un gentil prince, des méchants démons) mais aussi trop peu présente et n'est relancée que par quelques interventions trop éparses. La lassitude peut ainsi finir par guetter quand même.
Quant à la musique de Yuzo Koshiro, si le maître prend soin de mettre sa signature en avant, elle n'est pas super réussie : cette tentative de faire du symphonique en chiptune avec la puce de la Mega Drive était louable mais pas super probante.
Bref c'est globalement très bien foutu, luxueux pour l'époque, un peu moins aujourd'hui, et le seul reproche serait que cette machine bien huilée manque un tantinet de vie.