Lapis x Labyrinth
Lapis x Labyrinth

Jeu de Nippon Ichi Software (2019PlayStation 4)

Temps de jeu : 20 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#50]

Disponible en Europe depuis le 31 mai dernier, en version physique (édition limitée) et dématérialisée sur le Nintendo eShop, Lapis x Labyrinth propose aux joueurs de se jeter au cœur d'un immense donjon pour y récolter moult trésors. Au programme : action débridée, marées d'ennemis et trésors en pagaille. Développé par Nippon Ichi Software et édité par NIS America, ce mélange de hack'n slash et de dungeon crawler est proposé au prix de 29,99 €.

The Village

Dans Lapis x Labyrinth, l'appel de l'aventure n'attire plus vraiment les foules. Guerriers, chasseurs de richesses et autres mercenaires désertent aujourd'hui un mystérieux labyrinthe au sein duquel sommeille un trésor légendaire. Problème, tous ces départs appauvrissent le petit village qui les accueillait. Sa maire, désespérée, tente pourtant par tous les moyens de relancer l'économie du coin... Chanceuse, cette dernière tombe sur le joueur, un mercenaire débutant qui rêve de se remplir les poches. Votre mission ? Aller toujours plus loin dans le labyrinthe, y récolter les trésors qui y demeurent et faire revivre le village. À défaut d'organiser un Super Loto Mission Patrimoine, il s'agit là de la seule solution pour y faire venir divers artisans, comme le forgeron. Oui, le scénario de Lapis x Labyrinth tient littéralement sur trois lignes, mais il ne s'agit – comme souvent – pas de l'intérêt principal du titre de Nippon Ichi Software.

À peine arrivé, le joueur devra choisir sa classe parmi huit proposées. Outre les classiques (chasseur, protecteur...), certaines semblent bien plus originales, à l'instar de la cuisinière. Pourtant, une fois manette en mains, on se rend rapidement compte de la supercherie : si les dégâts infligés et la défense varient entre chaque classe, il faudra se contenter de soins ou non pour réellement en différencier certaines. Toutes se jouent en effet de la même manière ou presque, le gameplay se résumant à quatre coups spéciaux à la Smash Bros. (un neutre, un vers le haut, un vers le bas, un vers les côtés) ; les animations et les hitbox ne changent là aussi pas des masses, en dehors de quelques rares techniques. À la tête d'une guilde, le joueur devra recruter d'autres classes pour former un petit groupe de quatre aventuriers. Durant ses quêtes, il pourra alterner entre chaque personnage de sa bande de manière « stratégique ».

Tranches de vie

Sauf que des options stratégiques, avec aussi peu de coups variés, le joueur n'en disposera pas. En fait, il n'y a même aucun intérêt, puisque face à vous, les vagues d'ennemis ressemblent plus à du beurre qu'à un véritable danger. Il suffira de quelques coups bien placés pour en venir à bout, ce test ayant été réalisé en majeure partie à l'aide d'un combo de trois coups spéciaux de la chasseuse : une ruée tranchante sur le côté, puis une remontée piquante dans les airs avant de retomber dans un terrible fracas. Un combo amplement suffisant pour venir à bout de simples serviteurs du mal, de quoi rappeler les heures sombres des plus mauvais hack'n slash ; amusant et grisant durant une petite heure, le titre devient fatalement répétitif, la faute d’un manque cruel de profondeur et d'options. Vous devez affronter un boss et cette technique ne fonctionne pas (assez) ? Libérez votre courroux en pressant la gâchette R, une fois votre barre de furie chargée : tous les membres de l'équipe combineront leur pouvoir de l'amitié pour lâcher une attaque dévastatrice qui tuera en un coup la majeure partie du bestiaire.

En parlant des autres membres du groupe, le joueur remarquera bien vite que ces derniers restent passifs. S'il est possible de leur demander d'agir via un des boutons pour des combos un poil plus recherchés, ils resteront de base sur le crâne du personnage actif, formant une espèce de totem humain. Si le joueur perd une des têtes sur le champ de bataille, il lui faudra la ramasser au plus vite car, s'il continue de progresser dans le donjon, il la perdra pour le reste de la quête. Et si « plus on est nombreux, plus on rit », on est aussi et surtout plus fort. Notons par ailleurs que pour changer de personnage, il faut utiliser la gâchette L, l'autre étant dédiée à l'attaque de groupe. Et, comme souvent, ce choix impose une rotation cyclique, obligeant parfois à se farcir deux rotations pour enfin utiliser le personnage désiré. Il faudra donc modifier l'ordre de l'équipe dans le menu dédié, en amont de la quête. Un petit détail quant aux coups spéciaux : chacun d'entre eux consomment un point d'énergie. Limités en nombre, ils se récupèrent assez vite.

Labyrinth Night Fever

Outre les monstres, le joueur pourra engranger de l'argent et des récompenses en ouvrant des coffres. Et plus il déniche de trésors, plus il charge la charge de Fever. Le Fever, quésaco ? C'est une capacité passive qui s'active automatiquement dès que la charge est pleine, laquelle permet aux personnages de pourfendre encore plus facilement ses ennemis tout en étant invincible et en récoltant encore plus de gains. Un moment franchement jouissif dans lequel le joueur se laisse aller, annihilant des armées entières d'ennemis dans un rythme proche du contre-la-montre. Toutefois, là aussi, cette mécanique de jeu trouve rapidement ses limites. Outre sa redondance évidente, c'est bel et bien son unique piste musicale qui finira par taper sur le système. Une piste musicale qui tranche d'ailleurs radicalement avec tout le reste de la bande-son, très posée, agréable, quoique franchement oubliable.

À la manière d'un jeu mobile, Lapis x Labyrinth hache sa progression via des quêtes. Pour chaque étage à traverser, il faudra remplir huit quêtes, la dernière étant systématiquement dédiée à un boss de zone. À la fin de chacune de ces quêtes, le jeu donne une note au joueur, allant de E à SSS. Pour espérer atteindre le meilleur score, il faudra trouver tous les trésors, tuer tous les ennemis et exploser tous les cristaux le plus rapidement possible, sans prendre trop de dégâts. C'est assez fastidieux, d'autant plus que le level design ne brille pas par sa qualité : on y enchaîne des niveaux labyrinthiques rectangulaires avec peu d'éléments de plateformes autre que des bumpers, laissant paraître une répétitivité certaine. Les cristaux précités sont essentiels pour passer le portail de sortie ; la moitié suffit, mais – comme dit plus haut – mieux vaut tout récolter pour espérer des récompenses intéressantes.

Le Petit Poucet Poussif

Chaque quête possède un chronomètre de cinq minutes. Si le joueur n'atteint pas le portail de sortie au bout de ces cinq minutes, un fantôme invincible le pourchassera indéfiniment ; se faire toucher par l'esprit hanté conclura la quête sur un échec. On y revient encore, mais forcément, avec des sessions de jeu de cinq minutes, l'impression de jouer à un jeu mobile et la répétitivité écœurante qui s'en dégage est indéniable. C'est encore plus vrai lorsqu'on récupère enfin nos premières récompenses, à savoir des armes, des protections et des artefacts. Tous possèdent un niveau de rareté, mais aussi de bonus ou malus passifs qui obligeront le joueur à vérifier sans cesse son équipement. Toujours comme un hack'n slash, les caractéristiques sont nombreuses. Cependant, leur impact est bien moins notable que ceux – au pif – d'un Diablo III. On se contentera alors de prendre l'arme qui fait le plus de dégâts et l'armure qui résiste le mieux...
Abordons enfin les villageois, déblocables au fur et à mesure de l'aventure. Le forgeron permet d'améliorer votre équipement, le dojo d'augmenter les caractéristiques d'un personnage, la troqueuse d'améliorer les statistiques de tout votre petit groupe, etc. Des arrivées qui se font petit à petit, histoire d'encaisser toutes les possibilités offertes. C'est intelligent et ça donne envie de grind pour tout débloquer, malgré les limitations en coût ; tant que le joueur n'a pas troqué un parchemin permettant d'augmenter le cumul de bonus, il ne pourra – par exemple – offrir que dix bonus de caractéristiques à son personnage. Malheureusement, le prix de ces améliorations augmente vite et considérablement, rendant ridicule ledit grind. Enfin, notons qu'il existe dans le jeu deux types de niveaux : le niveau de guilde et le niveau de groupe. S'il n'y a pas grand-chose à dire du premier, le second est dédié à la quête en cours. En effet, lorsque votre groupe débute une quête, son niveau est d’un, même si le niveau de guilde est de sept. Il faudra alors forcément taper du monstre pour progresser dans la quête en cours ; importants, chaque passage de niveau de groupe rend la totalité des points de vie des personnages encore en vie et sur la tête du héros actif.

Trésor de consolation

En dépit de proposer une expérience plaisante et amusante, Lapis x Labyrinth possède tout de même des points positifs. Concluons donc ce test sur une bonne note en abordant tout l'enrobage visuel du titre et sa qualité technique. Le jeu de Nippon Ichi Software est d'une fluidité exemplaire et ce même s'il affiche parfois une trentaine d'ennemis à l'écran. Au-delà, il est fort possible de ressentir quelques légères chutes de framerate, mais rien de bien insupportable et dégradant pour un titre dont l'action frénétique fait partie de son ADN. Finalement, l'élément le plus agréable du jeu reste sans aucun doute sa direction artistique, toujours très proche de ce que le studio fait (la série des Disgaea). C'est rondouillard, coloré et très mignon. Doté de personnages chibi plaisants, d'un bestiaire varié et diversifié, ainsi que d'environnements sublimes, Lapis x Labyrinth est une véritable pépite pour les yeux. S'il est agréable en mode portable, mieux vaut en profiter sur télévision, notamment lors des phases de Fever, parfois difficilement lisibles.

Verdict : Non !

De Lapis x Labyrinth, on ne retiendra que sa plastique, sublime et colorée, mais également sa première heure de jeu, grisante et déjantée. Pour le reste, rien ne mérite vraiment qu'on s'y attarde. Plein de bonnes idées, le titre de Nippon Ichi Software se perd dans une répétitivité abrutissante et un game design proche d'un jeu mobile ; il ne manquait que des personnages à débloquer aléatoirement pour obtenir un gacha premium. Dommage, car avec son action frénétique et décomplexée, on était en droit de s'attendre à un moment de pur plaisir, à défaut d'un grand jeu. Pour trente euros, il y a bien meilleure dépense, même pour les amoureux du studio. S'il faut compter quinze petites heures pour boucler le jeu en ligne droite, autant vous le dire tout de suite : les quatorze dernières seront les plus longues de votre vie. Une purge.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 120 fois

Kalimari

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