Une demi dizaine d'heure à mon actif.


Du temps où je n'avais pas encore mon âge actuel, du temps où je n'avais pas encore lu les livres de Tolkien, du temps où les films de Peter Jackson étaient encore frais dans ma tête (et ils le sont toujours aujourd'hui !), du temps où je n'avais que très peu testé de jeux estampillés Le Seigneur des Anneaux, il y en avait néanmoins un qui m'avait tapé dans l’œil et que je n'avais pu tester que très briévement sur console (soit pas forcément dans mes meilleures conditions d'appréciation). Et ce jeu, dont j'ai longuement gardé en fond d'écran d'ordinateur de nombreux "wallpapers", c'est Le Seigneur des Anneaux : L'Âge des conquêtes, jeu développé par le célèbre Electronic Arts et Pandemic Studios (fermé au cause des premiers cités) et sorti en 2009. Et si les souvenirs de ce jeu sont restés assez flous en ma mémoire (quelques séquences mémorables étaient restés à l'instar de mon combat contre le Balrog à l'aide... d'un soldat du Gondor ; spoiler : j'ai perdu), ce n'est que très récemment que j'ai pu faire l'acquisition de ce jeu afin de m'y mettre sérieusement et surtout, le finir, ce qui n'avait jamais été le cas. Et le moins que l'on puisse dire : c'est qu'entre temps, j'ai grandi ! Je ne suis plus aussi naïf qu'autrefois, malgré les apparences ! Alors sérieusement, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ?


Ce jeu reprend les événements des films de Peter Jackson. Voilà... Ça devient de plus en plus dur de résumer les œuvres tirées de l'immense travail de Tolkien...

Pas plus de spoil...


Et donc, comme souligné précédemment, côté histoire, sans grande surprise, nous avons le droit de revivre les grands affrontements du Seigneur des Anneaux. Le jeu est découpé de manière très basique : une campagne du Bien, où l'on incarne les Hommes et les Elfes au Gouffre de Helm, en Isengard, à la Moria, à Minas Tirith et autre... et une campagne du Mal, où l'on incarne surtout des Orques, même également un peu les Uruk-Haï sur les mêmes cartes que pour la campagne du Bien, en ajoutant cependant Fondcombe et la Comté. Et des deux campagnes, celle du Bien est largement plus fournie, que ce soit en durée, nombre de cartes, héros jouables... Alors commençons par là. On peut incarner, de manière générale, cinq types d'unité : guerrier, archer, mage, éclaireur et héros. Le guerrier est fort au corps à corps, l'archer est fort à distance, le mage possède de puissants sortilèges, l'éclaireur est furtif et possède de ce fait d'excellents dégâts pour assassiner tandis que les héros, à part pour ce qui est du skin, ont absolument les mêmes compétences que les classes de base... Déjà, là, il y a un gros problème... Vous voulez dire que Legolas possède les mêmes capacités en archerie (qui sont plutôt bien trouvées et puissantes, là n'est pas la question - dans l'ensemble, pour les quatre classes de base, les différentes capacités sont intéressantes et plutôt variées) que le pauvre gondorien que l'on peut "one-shot" ? Bien sûr ! Mais oui, moi aussi, j'adore ressentir la puissance extraordinaire de mes héros préférés en les contrôlant sur le champ de bataille, mais à quoi cela peut-il me servir - sachant que les héros sont jouables uniquement à certain moment clé d'une partie - quand je peux réaliser autant d'actions mémorables avec les gueux de l'armée incarnée ? Franchement ? Et de là émerge l'un des plus gros problème du jeu : l'IA. Encore ? Ça alors, quelle surprise ! Les classes semblent absolument cassées quand c'est l'IA qui l'incarne, alors diable pourquoi je ne ressens pas cela quand c'est moi, joueur bien vivant - en chair et en os - qui incarne lesdites classes ? On passe son temps à se faire poutrer la figure à cause de l'IA qu'on en vient à ne choisir que la classe de l'archer pour s'en sortir... C'est d'un décevant incroyable ! Surtout que, chose magnifique et que, personnellement, j'adore, nous sommes dans ce fameux jeu où les ennemis passent 70-80% de leur temps à parer tes attaques. Mon dieu, au secours !!! Je veux jouer à ton jeu, pas passer trente ans à marteler le clic gauche de ma souris pour briser la garde de mes ennemis - garde qui ne se brise jamais soit dit en passant ! Donc, les parades, ça vient des guerriers. Je n'ai pas parlé des éclaireurs qu'on ne voit jamais arriver à cause de leur furtivité et qui nous "one-shot", des mages qui "spamment" sans cesse le bouclier et qu'on ne peut donc pas atteindre si on joue archer ou mage, et des archers qui nous trucident quand on parvient à sélectionner un héros... Autant dire que ça commence à faire beaucoup là, non ? Et ça, c'est quand les ennemis ont autre chose à faire que se focaliser sur toi, à enchainer les coups tellement rapidement que tu ne peux même plus te relever... On ne va pas se voiler la face, il y a clairement un problème avec ce jeu, que ce soit au niveau de l'équilibrage des classes ou du dosage de la difficulté, parce que tout ça, je l'ai eu quand je jouais en mode Facile ! Oui, je n'ai jamais autant galéré dans un jeu en mode Facile ! Je n'ai jamais autant eu envie de massacrer mon clavier en mode Facile ! Alors oui, d'autant pourrait dire que je suis mauvais, moi le premier. Mais je ne parviens pas à me dire que lorsque ces difficultés sont présentes dans chaque chapitre que dans l'histoire, le problème vient uniquement de ma manière de jouer... Autrement, par clore sur la campagne du Bien, c'est assez basique. Juste... Pour les événements sont totalement inversés ? Pourquoi commencer par le Gouffre de Helm et continuer par la Moria pour tuer le Balrog ? Et ça, encore, ça va relativement... C'est dans la campagne du Mal que ça se gâte légèrement... En effet, dans tous les jeux tirés du Seigneur des Anneaux, proposant deux types manichéens de campagne, il a toujours été plus ou moins décidé que celle focalisée sur le Mal serait une vision imaginée de la conquêtes des Terres du Milieu par Sauron. Alors... Dans ce jeu, la campagne du Mal débute quand Frodon s'apprête à détruire l'Anneau Unique et l'on refait les cartes déjà jouées, ce qui implique de ré-assiéger Osgiliath et Minas Tirith... Attendez, quoi ? Franchement, il n'y a que la fin de la campagne qui semble quelque peu logique dans cette histoire... Puis à ce problème scénaristique, on peut rajouter les mêmes difficultés que précisées plus haut. En clair, on alterne entre une campagne basique (mais pas forcément déplaisante) et une campagne un peu tirée par les cheveux en y incorporant des soucis liés aux classes jouables et le tout... sans prendre le temps de respirer ! Allo ? Le jeu ? Je peux prendre quelques secondes de ton gameplay pour admirer les paysages et les lieux ? Pas être sans arrêt en train de me battre, de lancer un assaut ou de fuir vers le prochain campement ? Sérieusement, c'est effarant à quel point un jeu d'action aura été aussi porté sur l'action : on ne peut rien faire à part se battre ! Alors certes, c'est le but d'un jeu d'action, mais au point de devenir affreusement déroutant et monstrueusement répétitif, vous ne pensez pas qu'il y a un petit problème de type paradoxal dans l'énoncé ? C'est tout de même incroyable, à ce stade, d'avoir eu les cartes en main pour proposer un jeu vraiment divertissant mais au final, ne pas avoir su gérer des points pourtant basiques... Ah oui, il y a bien un mode "multijoueur" mais vu que les serveurs ont fermé bah... je me suis cantonné au mode "solo". C'est dommage...


En ce qui concerne les personnages jouables. Bon, on a fait un petit briefing des classes mineures qui ont leur avantage et leur inconvénient, et nous avons également parlé des héros que l'on peut débloquer à certains moments au cours de notre avancée dans les différents tableaux. Et l'on va revenir aux points soulevés dans le paragraphe précédent, sérieusement, à part l'apparence du personnage, qui me confirme que je ne joue pas un soldat lambda, à quoi cela sert de jouer les héros ? Ils n'ont pas de capacités uniques, pas de compétences mémorables, sont par moments complètement à l'ouest : la Bouche de Sauron avec le bâton de Saroumane, Sauron qui tape son meilleur sprint comme si il ne portait pas son armure lourde et qui peut lancer des haches de guerre... Et surtout ! Les Nazgûls et leur enchainement de coups pas du tout fini ! Sans compter un enchainement censé briser la garde des ennemis qui bug en plein milieu ?! Non mais qu'est-ce que c'est que cette histoire, sérieusement ? A part le Balrog et Sylvebarde (qui peut mourir assez rapidement puisqu'il est légèrement sensible au feu ; pas de bol !), aucun héros ne parvient à sortir du lot pour son gameplay nouveau, puisqu'il n'y a pas de gameplay nouveau ! Mais c'est d'un frustrant de ne pouvoir jouer que l'apparence, et non la puissance, le charisme d'un héros parmi tout ceux proposés...


Pour le côté technique et gameplay de la chose, c'est... assez limitée... On a bien les mouvements de base, le b.a.-ba de tous jeux d'action mais pour le reste, c'est quand même bien pauvre. En gros, on passe son temps à capturer des drapeaux et à détruire des palissades (ou autres types de bâtiments). On fonce dans le tas et puis on tape ; enfin, foncer... il n'y a pas de touche dédié au sprint, il faut attendre que son personnage ait parcouru une certaine distance pour qu'il se mette véritablement à courir... Et surtout, le point véritablement noir de cette histoire, c'est vraiment la surabondance d'action qui devient juste indigeste : pas de répit, de pas possibilité de s'arrêter dix secondes sans se faire harceler, dès qu'un tableau est terminé, une petite cinématique de dix secondes et hop ! on doit repartir mettre des marrons aux ennemis... Ce qui a un don incroyable de stresser le joueur qui doit remplir les objectifs à la chaîne, faire attention à ses vies qui peuvent très rapidement descendre...


Graphiquement parlant, le jeu n'est pas moche. Nous avons des graphismes fort sympathiques pour un rendu plus qu'acceptable.


Pour les lieux et les paysages, nous avons les décors légendaires issus des films de Peter Jackson, et c'est toujours un plaisir de les voir si parfaitement modélisés dans un jeu vidéo. Il est juste dommage que le rythme du jeu soit si pressant, ne nous laissant que très peu de temps pour s'extasier devant les divers bâtiments. De plus, nous sommes plutôt gâtés en terme de lieu "visitables" : le Gouffre de Helm, Fondcombe, Minas Tirith, Minas Morgul... qui offrent quelques ouvertures intéressantes qui, mine de rien et à sa façon, apporte de la profondeur et de la richesse (notamment en détails) quant à l'univers de Tolkien.


Pour les musiques, Seigneur des Anneaux oblige, ce sont les thèmes et les notes de Howard Shore qui nous accompagnent avec plaisir le long de cette aventure qui à tendance, décidément, à être bien courte...


Le Seigneur des Anneaux : L'Âge des conquêtes fait parti de ces jeux dont le développement fut probablement une bonne idée, avec une volonté de proposer du divertissement de qualité aux joueurs mais qui s'est retrouvé, à la sortie, tellement en deçà des attentes qu'il a plus frustré qu'autre chose. En tant que fan inconditionnel de cet univers, j'ai su - et ça n'a pas été très facile - trouver des éléments qui m'ont fait adhérer au jeu mais je ne me voile pas la face : le jeu en lui-même, si on retire tous les attraits pour la Terre du Milieu, est franchement raté et ce à cause d'éléments que l'on aurait aisément pu éviter. Son rythme et la façon dont l'IA a été gérée sont véritablement les gros défauts que l'on peut retenir de ce jeu ; d'autres soucis sont bien évidemment décelables mais ils sont en quelque sorte d'un degré moindre. Et c'est vraiment dommage de ne pas avoir pris le temps d'améliorer toutes ces coquilles quand on voit de quoi ce jeu aurait été capable. Il demeure un divertissement attrayant mais dont la re-jouabilité aura finalement raison : c'est une bonne première et dernière aventure et pour un jeu en Terre du Milieu, c'est dommage.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 25 déc. 2022

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PhenixduXib

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