Une ambiance unique.
Ah il a pris une claque en vieillissant ce jeu! Il en a des défauts ! Les graphismes sont moyens mais surtout très vide. Les "donjons" se résument souvent a tirer des blocs pour sortir d'une...
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le 21 nov. 2010
8 j'aime
5
Jeu de Crystal Dynamics, Nixxes Software, Amy Hennig et Eidos Interactive (1999 • PlayStation)
(Critique du jeu dans sa version Remaster)
Suite de Blood Omen, on se situe des siècles après que Kain ait vaincu Mortanius et refusé de se sacrifier pour rétablir l’équilibre des Neuf Piliers de Nosgoth (la mauvaise fin est ainsi rendue canon). Kain a transformé les ruines des piliers en trône où il réunit ses lieutenants vampires. Parmi eux : Raziel, qui a eu l’honneur d’évoluer pour avoir des ailes. Cela semble déplaire à Kain, qui après des siècles de règne et malgré sa force et sa possession de la Soul Reaver (une arme pouvant détruire le corps et rendre l’âme vulnérable).
C’est pourquoi il déchire les ailes de Raziel et le condamne à brûler éternellement dans le Lac des Morts (les vampires ne supportent pas l’eau). C’est ainsi que d’autres siècles après cette dégradation et cette damnation, Raziel se réveille le corps écorché et violet, sans mâchoire inférieure mais toujours doté de parole intelligible. Il est guidé par une entité appelée l’Ancien, une créature tentaculesque digne de Lovecraft comme l’ambiance globale de Nosgoth après une longue agonie décadente. C’est ainsi que débute la quête de vengeance de Raziel contre son père spirituel Kain, de la même manière que ce dernier s’était retourné contre Mortanius bien des années auparavant.
(Je parodie Samouraï Pizza Cats pour ceux qui ont pas compris)
Cela fait des années que j’attends de pouvoir rejouer ou un portage ou un remaster des Soul Reaver, n’y ayant joué que de peu quand j’étais plus jeune mais subjugué par son atmosphère gothique et "chtonienne", plus le fait d’incarner un vampire atypique (c’était la mode à l’époque d’avoir un héros au look loin d’être beau et d’avoir une ambiance goth, macabre ou dystopique, comme avec Sir Daniel Fortesque de MediEvil, Abe des jeux Oddword ou même Shadowman et Akuji The Heartless pendant qu’on y est). Et autant le jeu est plus facile que dans mon souvenir niveau plateformes et combat, autant faut commencer par les mauvais points car le remaster est plus amélioré niveau graphique que niveau gameplay et restera un peu en deçà du volet précédent pour certains.
Déjà au début, on ne peut pas trop se permettre d’explorer ni de perdre, vu qu’on perd sa vie assez rapidement et facilement dans le monde matériel. Pas si simple d’esquiver les coups ou d’en porter au début du jeu et on va tomber vite dans le monde spirituel. Déjà que Nosgoth était décadent et que le lambda pouvait s’y croire en Enfer en manquant de vivres et de sécurité, voilà qu’on s’aperçoit qu’il existe un au-delà ou un entredeux digne d’un Purgatoire encore plus déprimant et où tu peux te faire absorber ton âme par les fantômes qui y vivent (les couleurs virent au bleu-vert froid et terne, à l’exception d’un peu de violet par-ci par-là). Heureusement qu’il est facile de se régénérer là-dedans mais ça va aussi demander parfois des aller-retours dispensables à cause d’un saut raté, d’un coup manqué ou d’une grille à passer.
À cela s’ajoutent aussi des énigmes qui consistent pour la plupart à tourner des manivelles ou à placer des gros cubes dans les bons trous (comme les bébés quand on veut mesurer leur intelligence avec les petits cubes). Du coup, on se sent un peu con à pas trouver la solution (y a pas toujours des indices) ou à devoir faire ce genre d’énigmes plutôt qu’à combattre les ennemis et absorber leur force vitale. Déjà que certains combats de boss ne sont pas non plus évidents, mais il y aura aussi des fois où des vampires viennent vous gêner pendant que vous bougez vos cubes géants. Sauf au niveau thématiques, cela peut manquer un peu de variété niveau gameplay contrairement à Blood Omen.
Certains combats de boss sont aussi un peu trop faciles, presque anti-climatiques, et d’autres seraient justes impossibles à faire sans une solution derrière. Exemple : entre Melchiah le vampire passe-muraille dont il suffit juste de baisser des manivelles pour le vaincre, et Dumah qu’il faut amener à un endroit spécifique mais sans que ce soit dit explicitement, y a un gros fossé (et je ne parle pas de trous entre les mondes). On pourra aussi reprocher un manque de boss à ce stade-là. Nosgoth ayant neuf piliers, on se serait attendu à neuf boss d’autant qu’il y avait de quoi faire. La carte aussi paraîtra petite niveau distances en comparaison de Blood Omen. Mais bon, ça doit être dû aux limitations de la machine à l’époque.
Enfin, j’ai aussi un reproche qui irait plutôt à certaines textures prévues pour le pouvoir de grimper : même si le remaster te donne l’option de pouvoir jongler entre HD plus jolie et pixels rétros (même si y a peu de différences sauf en matière de character design), bah les murs à grimper peuvent se fondre dans le décor, te privant d’accès à des améliorations. Un autre reproche serait pour ma part pour le système de sauvegarde : disons que j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi le jeu peut garder en mémoire la dernière position que j’ai donné à un cube ou une porte pendant une énigme, mon nombre d’items et tout ça, mais n’est pas capable de garder ma dernière position en mémoire ? Quoi qu’on fasse, quitter la partie puis revenir nous ramène toujours au fond du Lac des Morts, prêts à repartir affronter Kain et ses sbires.
Pour autant, le jeu en vaut le coup surtout grâce à son ambiance principalement et le gameplay reste assez abordable et varié. Si on a surtout des griffes à courte portée au début, on dispose également pour combler nos lacunes de pierres, de torches et de lances pour vaincre les suceurs de sang assez vite et prendre leurs âmes. Mais c’est une fois obtenue la Soul Reaver spirituelle (surtout la version de feu) que le jeu sera plus facile, idem avec la Poussée kinétique pour assommer ses ennemis et les défaire plus vite. Des sortilèges appelés Glyphes permettent également de faire le travail quand on n’a pas assez d’énergie pour la Soul Reaver.
Les Glyphes contribuent d’ailleurs à l’ambiance du jeu, ajoutent aussi un poil de lore avec leurs idoles de pierre, et donnent un peu de musique gaie dans ce monde de mort et de fatalité. La musique globalement reste dans la tête et varie entre atmosphère oppressive, glauque et parfois chants en latins. Les thèmes du jeu sont assez variés avec chaque lieutenant de Kain et les alentours de leurs demeures. L’ironie est aussi que les protégés ont en fait évolué comme Raziel pour surmonter des faiblesses de vampires mais Kain ne les a pas puni en toute hypocrisie (à moins que cela ne cache autre chose). Melchiah le passe-muraille vit dans un monde grillagé, Zephon est un homme-insecte, Rahab est devenu un homme-poisson et ne brûle pas dans l’eau, et Dumah peut survivre à un pieu dans le cœur.
Chacun apporte sa pierre au monde du Nosgoth décadent ainsi qu’un pouvoir à Raziel : passer les grilles dans le monde spirituel, tirer des balles kinétiques, nager dans l’eau tranquillement. Y a que Dumah qui donne un pouvoir moins fun mais c’est très utile pour avancer dans l’histoire et accéder à des améliorations de vie et de magie (son pouvoir consiste surtout à faire tourner des mécanismes spéciaux). On rajoute les Glyphes classées par ordre de puissance qui ont tous un effet contre les vampires allant du simple étourdissement à la mort par le feu solaire (Force, Pierre, Musique, Eau, Feu et Soleil).
Cela fait ainsi de nous le Vampire parfait des Deux mondes matériels et spirituels, ne craignant ni l’eau ni le feu ni la mort. De la souffrance, nous avons transcendé la faiblesse vampirique pour nous élever à nouveau et aller réclamer vengeance contre Kain. Toutefois, il faudra faire un passage avant par un Tombeau des Séraféens qui fait écho à Blood Omen et faire affaire à un plot twist des plus ironiques :
Des tombeaux sur place révèlent que Raziel et les lieutenants de Kain sont en fait tous des Séraféens transformés en vampires par Kain. Il y a même un emplacement pour Malek, l’homme devenu armure vivante qui avait juré de défendre l’ancien Cercle des Piliers de Nosgoth et avait lamentablement échoué par deux fois face à Vorador le comte vampire.
C’est effectivement surtout vers la fin qu’on fait des références au premier jeu de la licence (sauf si on rajoute Ariel, ex-gardienne du Pilier de l’Équilibre qui revient pour hanter encore les lieux). On aura aussi la Caverne de l’Oracle transformée en machine à remonter le temps géante, faisant ainsi un renvoi à Moebius, un des responsables de la chute de Nosgoth. Et bien que ce soit dommage que le jeu termine sur un « À suivre », cassant un peu tout le côté vengeance inéluctable de Raziel, le combat contre Kain n’est pas fini et rien n’empêche d’en savoir plus dans l’épisode 2 (merci aux Remasters).
Malgré un gameplay plus simple mais pas forcément plus évident que dans Blood Omen, ainsi qu’une assez grosse partie énigmes à gros cubes pas toujours bienvenue (bien qu’elle rende le joueur plus acteur et constructeur dans l’univers de Nosgoth), et une carte plus réduite mais emprunte d’Histoires fictives millénaires, Soul Reaver fait émerger le joueur des tréfonds d’un monde décadent et moribond pour faire transcender le personnage de Raziel à travers différents temples et niveaux.
De la souffrance, Raziel la transforme en arme pour sa vengeance et traquer Kain et ses sbires pour corriger leurs erreurs d’avoir dénaturé le monde à leur simple caprice. Ces êtres prétendument supérieurs ne s’avèrent que des pantins de grand-guignol tragique, bons pour voir leurs âmes absorbées par Raziel ou voir le temps finir sa besogne. Le jeu n’étant pas trop difficile, suivez toutefois une soluce pour éviter de passer à côté d’améliorations et c’est emballé en moins de 15h de jeu. Assez toutefois pour contempler l’émergence de Kain et Raziel et figure de la fatalité shakespearienne ou à la Elric de Melniboé, nos deux vampires absorbant les âmes de par leurs épées surnaturelles dans un monde voué à la perdition.
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