Je vais être honnête, je ne suis pas un grand fan des jeux d'aventures, et encore moins des point'n click. La raison est simple : j'ai tendance à très vite m'ennuyer et à perdre patience devant les jeux du genre. Il y a certes certains titres que j'apprécie tout de même, notamment chez LucasArts, tel qu'Indiana Jones and the Fate of Atlantis (probablement plus par nostalgie qu'autre chose), le premier Monkey Island ou encore Grim Fandango ; à cela, je pourrais citer des licences plus récentes tel que les productions Amanita Design (Botanicula et Manicharium), le trop peu connu Dropsy ou encore plus récemment la saga Rusty Lake.
Je ne suis donc pas totalement hermétique au genre. Pourtant, il me semble que pour toutes les franchises susnommées, j'ai au moins une fois consulté la solution. La raison est simple : je suis stupide et je ne suis pas patient. À chaque fois que ça coince, je n'hésite donc pas à aller consulter l'aide adéquat et pour être franc avec vous jusqu'au bout, je n'en ai absolument pas honte.
Bref, tout ça pour dire que Broken Sword, ou Les Chevaliers de Baphomet dans la langue de Jul, ne partait pas forcément gagnant et que je s'y suis un peu allé à reculons. Et pour être franc jusqu'au bout, ce qui m'a motivé à jouer à ce titre, ce sont la vidéo d'un certain vidéaste connu entre autre pour sa chemise hawaïenne, ainsi (et surtout) que l'annonce d'un futur podcast centré sur ce titre par deux vidéastes francophones que j'apprécie beaucoup.
Je vais directement vous spoiler mon avis sur l'œuvre : sans avoir trouvé l'expérience mauvaise, je n'ai pas aimé. Je n'ai ni accroché à l'histoire, ni aux personnages, ni aux énigmes proposées... en fait, je me suis beaucoup ennuyé.
Mais trêve de bavardage, commençons par le commencement.
Cette version Director's Cut incluant du contenu supplémentaire, le titre débute en nous faisant contrôler Nicole Collard (et non plus George Stobbart comme c'était le cas avec la version originale), la journaliste française, allant rendre visite à Pierre Carchon, un magnat des médias français qui va vite se faire assassiner par un (con de) mime.
Si cette introduction nous indique donc que du contenu supplémentaire est présent dans cette version, elle nous indique malheureusement aussi que ce même contenu n'a pas forcément été intégré de la meilleure des façons. Par exemple, de nouvelles lignes de dialogues ayant été incluses (et donc doublées) on se retrouve avec deux doublages distincts, clairement capturés avec du matériel différent, tout au long de l'aventure. Le pire c'est que la seule solution trouvée par l'équipe technique a été de tirer vers le bas le "mixage" des dialogues doublés en dernier. En plus de ça, cette version apporte quelques coquilles comme des lignes de dialogues qui, à plusieurs reprises, ne sont pas prononcés par le bon comédien. C'est d'autant plus dommage car le titre original est justement réputé pour la qualité de son doublage.
Côté musiques, ça s'en tire mieux. Ceci dit, je n'ai trouvé aucun thème marquant. Ça accompagne l'action sans pour autant transcender quoi que ce soit.
Autre problème de cette version Director's Cut, le relifting. Disons-le clairement : c'est moche ! Je ne suis déjà pas un fan de la direction artistique, qui m'a très souvent fait penser à la version animée des sketchs de François Pérusse, mais au niveau de la technique, les développeurs auraient tout de même pu proposer un portage de bien meilleure qualité. En l'occurrence, les trois modes graphiques proposés se contentent de modifier la taille de la fenêtre afin de s'approcher ou non de la résolution d'origine. Les réglages sont d'ailleurs extrêmement limités car, outre l'absence de paramétrages graphiques, il ne s'avère pas possible de régler la sensibilité de la souris. Je rappelle que ce portage date de 2010. Un an auparavant sortait la Special Edition du premier Monkey Island : quand on met les deux versions côté-à-côté, force est de constater que l'une se montre bien supérieure à l'autre.
Enfin, pour en terminer une bonne fois pour toutes avec les défauts de la version Director's Cut, je pourrais citer pêle-mêle un bogue récurent qui survient durant les cinématiques et les fait défiler en accéléré, des décors qui n'apparaissent plus par rapport à la version originale, ou encore (et surtout) l'impossibilité de mourir dans cette version. Pour le coup, je ne comprends vraiment pas cet auto-sabotage étant donné que la punitivité, le fait de pouvoir mourir (chose plutôt rare dans un point'n click) est un point encore systématiquement mis en avant par les fans du jeu original.
Comme dit plus haut, je n'ai pas accroché non plus au scénario, mais je n'ai pas trouvé ça mauvais non plus. En fait, c'est certainement la partie la plus réussie du titre. Je pense cependant que la profusion d'œuvres, mettant en exergue des templiers, publiées ces dernières années, doit fort probablement jouer en sa défaveur. Le sujet est moins original et sans aucun doute moins percutant qu'à l'époque de sa sortie, notamment avant qu'une célèbre saga à base d'assassins à capuche ne passe par là.
Le scénario se révèle simple et efficace, mais surtout bourré d'humour. Pour le coup, c'est très certainement la principale qualité du titre. Un truc tout con concerne les personnages secondaires et les possibles interactions avec les objets de notre inventaire : j'ai passé un temps fou à montrer tous les objets de mon inventaire aux différents personnages rencontrables juste pour entendre leur réaction. Il y a d'ailleurs pas mal de clichés, sur Paris et les Français principalement (mais pas que), on aimera ou pas. Pour le coup, le fait que tout le monde en prenne pour son grade m'a plutôt fait rire.
D'ailleurs, si je ne suis pas fan de la direction artistique, je dois tout de même reconnaître une certaine variété dans les décors parcourus ainsi que dans les pays visités : on passe de la France à l'Irlande pour finalement atterrir en Syrie après avoir voyagé en Espagne.
Pour en revenir au scénario, j'ai été clairement déçu par la fin, le titre enchaînant twists stupides et/ou prévisibles pour aboutir sur une fin bien trop vite expédiée. Le fait que Khan soit un hashashin, et donc de notre "côté" (notez les guillemets) aurait mérité d'être mieux amené. Enfin, pour en revenir encore à la Director's Cut (décidément), il est à noter que la véritable identité de l'inspecteur Rosso est spoilé directement sur la page steam ainsi que la jaquette du jeu. Quel est l'intérêt d'avoir fait ça franchement ? Surtout qu'il disparait définitivement de l'histoire seulement une minute après la révélation concernant son identité.
Côté énigme, pour le coup, j'ai beaucoup moins apprécié cette partie-là. C'est très classique et globalement facile. Les rares fois où j'ai été bloqué c'étaient parce que je faisais les choses dans le mauvais ordre ou que la solution me semblait incohérente ; par exemple, au début du jeu il faut introduire un objet dans un orifice, mais la taille dudit objet ne semblait pas correspondre avec la taille de ce même orifice car beaucoup trop petit (si vous décelez quelconque connotation dans cette phrase c'est de votre faute). Il y a d'ailleurs des puzzles qui, bien que trop facile là encore, apportent tout de même un peu de variété à l'ensemble. En fait, le seul puzzle sur lequel j'ai réellement bloqué est celui où il faut marquer des psaumes sur un tombeau. Non pas parce que c'était beaucoup trop compliqué... malheureusement. Mais car j'avais beau surligner les chapitres et versets correspondants, vu que je n'employais pas LA méthode voulut par les développeurs, le jeu ne me les comptabilisait pas.
Enfin, cette version Director's Cut apporte tout de même deux points positifs comme une interview documentée de Charles Cecil, le créateur de la licence, ou un comics digital de quelques pages (malheureusement non traduit).
C'est maigre, mais au point où j'en suis je vais me contenter de ce qu'il y a... je dis ça parce qu'au fur et à mesure de l'écriture de cette critique, je me suis encore plus rendu compte qu'une grande partie des problèmes que j'ai rencontrés proviennent de la fameuse Director's Cut.
J'ai vraiment du mal à croire que la version originale avait déjà ce côté "crado" dans ses dessins... surtout quand on sait que les deux principaux dessinateurs viennent des studios Don Bluth (d'ailleurs, l'un des deux s'appelle Neil Breen, ce qui devrait vous faire rire si vous êtes aussi cultivés que moi). J'ai aussi du mal à croire que le rendu de la DC soit aussi désastreux quand on sait qu'un certain Dave Gibbons a dessiné les expressions faciales.
Franchement, pour le coup je ne peux que vous déconseiller de découvrir Broken Sword avec cette version. Pour ma part, ce n'est en tout cas pas cette édition qui me donnera envie de découvrir les autres épisodes de la série, et c'est encore moins cette édition qui me fera tomber amoureux des point'n click.
Après, si une nouvelle édition avec un minimum d'ambition vient pointer le bout de son nez d'ici quelques années, alors peut-être que je serais prêt à me replonger dans la licence.
En tout cas, pour le moment c'est mort !