Vous aimez faire des fiches de personnages ? Dans les parties de RPG que vous faites avec vos potes, votre moment préféré, c'est quand on remplit des kilomètres de tableaux et de grilles de points de caractéristiques ? En premier lieu, félicitations, vous êtes sans doute un psychopathe. En second lieu, vous avez de la chance, voici un jeu dont le seul gameplay est de remplir des tableaux de caractéristiques, tout le temps. Tout le temps.
Vous jouez Emilie, charmante princesse de 14 ans, et le moins que l'on puisse dire c'est que ça ne va pas fort. Sa mère, la reine, est morte, et c'est à Emilie de reprendre le flambeau à sa majorité, soit dans précisément un an. Pendant ces quarante-deux semaines, votre mission va être de survivre aux multiples révolutions, guerres, tentatives d'empoisonnements et autres chevaliers fous qui pourraient vous menacer. Niveau gameplay c'est simple, vous choisissez des cours (qui vont de la décoration intérieure à la logistique militaire en passant par le maniement de la masse d'arme), vous étudiez pendant une semaine, puis, le week-end, vous choisissez un loisir auquel vous adonner, qui influera sur votre humeur. Les cours vous donnent des points de caractéristiques dans la compétence concernée, et l'humeur influe sur votre concentration dans ces cours : si vous êtes en Colère, vous aurez un bonus à l'apprentissage du maniement d'armes, mais un malus dans les cours d'Histoire du pays, par exemple.
De temps à autres un évènement survient (je prends par exemple -dans l'impartialité la plus totale bien sûr- une boîte de chocolats qui vous est envoyée par un admirateur secret) et le jeu fait un jet de dés dans la ou les compétences qui pourraient vous servir. En fonction des résultats, vous subissez des conséquences agréables... ou déplaisantes. Vous vous en doutez, le truc est donc de monter ses caractéristiques de façon à survivre les quarante-deux semaines.
Là où Long Live the Queen se montre quelque peu sournois, c'est que les compétences à monter sont loin d'être évidentes, même s'il existe un mode "facile" où le jeu explicite quelle compétence est testée à tel moment, ce qui permet de se faire une idée des caractéristiques à monter au prochain essai. Et c'est parfois très drôle. Je reprends l'exemple des chocolats : à un moment fixe, vous recevez une boîte de délicieux chocolats, et ces chocolats sont empoisonnés. Les développeurs savent que c'est évident, il y a même un passage dans le trailer qui parle de la mort d'Emilie "empoisonnée par de délicieux chocolats". Bref, piece of cake me direz-vous, je vais monter ma compétence "détection de poison" et basta. Sauf que pour réussir à détecter le poison, il vous faut un nombre hallucinant de points en "poison", alors que quelques points bien placés dans une autre compétence n'ayant apparemment rien à voir peuvent suffire... sournois. De même, ne sous-estimez pas le pouvoir de la décoration intérieure, c'est sans doute la compétence la plus utile du jeu.
Là où Long Live the Queen est également très bon, c'est au niveau de l'empathie avec le personnage. J'ai été assez touché de voir que si Emilie oscille entre sentiment de solitude, de colère ou de soumission, sa vie est globalement extrêmement solitaire. On apprend vite à ne faire confiance à personne, ses loisirs sont expédiés à l'écran, et cette charmante petite devient assez vite entre nos mains une machine à survivre presque déconnectée de toute réalité normale d'une gosse de quatorze ans. Par exemple, j'ai choisi de la marier à un bonhomme de dix ans plus âgé qu'elle pour le bien du royaume, et j'ai fait assassiner ma tante quand j'ai appris qu'elle complotait contre moi. Heureusement les dialogues sont assez bons pour maintenir l'intérêt, et l'arbre de choix est prodigieux, suffisamment pour justifier de rejouer, même après avoir gagné.
Ah, et si vous n'êtes pas convaincus, sachez que vous pouvez habiller Emilie de différentes façons, entre sa robe de cérémonie, son uniforme d'écolière ou une superbe tenue d'infirmière des années 40 (!!!!!!!!! mais je m'égare). Ou, plus simplement, en magical girl trop cool qui demande avec le sourire à ses gardes de décapiter le paysan qui vient de vous supplier de baisser les impôts. Dans le fond, c'est cool la vie de princesse.