Putains de castors !

Rétrospecfrite : 4/12

Cette rétrospective est l'occasion de régler plusieurs comptes avec des jeux de mon enfance, et ce Lucky Luke ne fait pas exception. J'y jouais sur la cartouche de mon cousin et n'arrivais jamais à passer le cinquième niveau. Pourtant j'adorais mon expérience, je trouvais le jeu beaucoup plus plaisant qu'un Tintin par exemple, et chaque Noël je retentais ma chance jusqu'à bloquer irrémédiablement sur ce maudit niveau. Mais allez, j'ai plus de 10 ans d'expériences supplémentaires, on retente le coup cette fois-ci !

Encore une fois, on va tester la version Color, bien que je sois plus familier de la version GameBoy originale.

Ce Lucky Luke 8-bits est une adaptation du jeu SNES (que j'ai fait sur GBA il y a quelques années et qui ne m'a pas laissé un grand souvenir). On y retrouve notre cow-boy solitaire à la recherche de 7 bandits qui se sont évadés : Jesse James, Pat Poker, Billy the Kid et les Dalton. Luke parcourt donc les Etats-Unis pour retrouver les malandrins, au fur et à mesure que des informations lui parviennent par télégramme.

Infogrames édite toujours le jeu, en revanche le développement n'est plus assuré par BitManagers mais Velez & Dubail, un duo franco-espagnol qui signe sa première collaboration et qui se fera remarquer sur GBA pour leur impressionnant moteur 3D qui fera tourner des jeux comme Stuntman ou Astérix XXL. On n'en est pas encore là, le jeu est très classique dans sa présentation et ne se permet même pas des petites séquences en 3D comme dans Le Temple du Soleil, mais ça m'a fait plaisir de voir leurs noms dans les crédits de fin.

L'OST est en revanche toujours composée par Alberto José Gonzalez, qui nous offre sa meilleure performance à mon sens. C'est sûrement la nostalgie qui parle, mais j'adore toutes les pistes du début de jeu, le thème de la diligence est gravée quelque part dans mon ADN je crois, c'est un pur trip à chaque fois que je l'entends (en plus le rythme de la musique est parfaitement synchronisé à l'action, c'est fou pour un jeu GB). Et je pense que c'est en bonne partie à cause de cette musique que je revenais chaque année sur le jeu.

Allez, on a parlé humain, parlons gameplay maintenant. Première chose qui choque : les boutons A et B sont inversés, le premier sert à tirer tandis que le second sert à sauter. Disons-le tout net : c'est de la grosse merde, la version GB est sortie 11 ans après Super Mario Bros et la réédition GBC date de 1999, à quel moment tu laisses ce genre d'erreurs ? Vous allez forcément vous foirer à certains moments et inverser les commandes dans la panique. Le jeu est globalement simple, mais juste… Pourquoi ?

A part ça, notre cow-boy répond au doigt et à l'oeil. Je trouve cependant le jeu un peu moins beau que les productions BitManagers, Luke pourrait avoir un sprite plus détaillé au niveau de la tête je pense, et les décors sont parfois un peu trop encombrés, ce qui gène la lisibilité dans le niveau du train par exemple.

Si le jeu ressemble à première vue à un plateformer classique, il incorpore une légère notion d'exploration puisque la plupart des niveaux demandent à trouver un objet-clé pour accéder à la fin, objet qui est généralement caché et qui demande un peu de recherche pour être déniché. C'est plutôt sympa, ça permet de se rendre compte que les niveaux sont plus vastes qu'à première vue. On peut même gagner deux coeurs de vie supplémentaires en fouinant partout.

Toutefois, c'est à cause de cette décision que j'étais bloqué au niveau 5 depuis toutes ces années. Ce niveau se passe dans un saloon et demande à abaisser des lustres pour que Luke puisse s'y agripper et sauter plus loin. Cela se fait en activant des interrupteurs… Sauf pour UN lustre, qui demande à ce que vous trouviez une carte à jouer dans les sous-sols du saloon, sous-sols dont il faut deviner qu'il faut poser de la dynamite à un endroit précis, sans que rien n'indique qu'il y ait quelque chose derrière… Non seulement c'est contre-intuitif (c'est vraiment le seul lustre qui ne soit pas relié à un interrupteur), mais en plus la solution est vraiment trop bien cachée, je ne l'ai passée qu'en allant regarder un guide sur YouTube puisque j'étais de nouveau bloqué à cet endroit. J'aurais pu y rester encore longtemps, tiens.

Fort heureusement, la plupart des niveaux sont bien construits et ce problème ne s'est reposé à moi qu'une seule autre fois (dans le niveau du canyon, il faut deviner qu'il faut se laisser tomber dans un trou alors que tous les autres à proximité contiennent des pics qui tuent en un coup).

Dans à peu près un niveau sur trois, on a le droit à une variation de gameplay intéressante. Parfois on devra voyager sur une diligence sans tomber, parfois on rattrapera un train en chevauchant Jolly Jumper, parfois on fuira un troupeau de bisons… C'est plutôt chouette, les niveaux ont un bon rythme. Par contre, le niveau où on doit sauter d'un bout de bois à l'autre sur une rivière et où des castors viennent parfois grignoter le rondin sur lequel vous venez juste d'atterrir, c'est assez abusé, c'est un coup à commettre un castoricide !

On peut aussi accéder à un mini-jeu bonus à la fin de chaque niveau si on a ramassé 5 étoiles (une raison de plus de bien explorer) où Luke doit tirer sur des bouteilles pour gagner une vie, c'est agréable et pas trop dur.

Du coup, le jeu est globalement simple, même si quelques idées de design piégeuses peuvent vous surprendre (il y a pas mal d'éléments qui tuent en un coup dans la deuxième moitié de l'aventure, et tous ne sont pas évidents à anticiper à cause du petit écran de la GB). Je l'ai fini en une soirée avec un seul crédit.

Notons quand même les combats de boss qui pourraient vous bouffer une vie lors de votre premier essai (auquel cas vous serez renvoyés au tout début du niveau, eh oui il n'y a pas de checkpoint chez Infogrames !)... Et surtout l'ultime affrontement contre les 4 Dalton à la suite qui est un vrai test d'endurance. Jack et Joe se battent facilement grâce à leur pattern prévisible, mais Averell et William sont beaucoup moins exploitables et vous attaquent un peu n'importe quand, vous n'aurez pas trop de vos 6 points de vie pour vous en tirer… Et bonne chance si vous n'avez pas récupéré les deux coeurs bonus.

Du coup, c'est un jeu assez sympa, plus dynamique que Le Temple du Soleil mais avec aussi un peu plus d'erreurs de design. Je pense que les deux jeux se valent, même s'ils explorent chacun une direction un peu différente du style plateformer. Allez, on va dire que les compositions d'un Gonzalez un peu plus inspiré donnent un court avantage au cow-boy solitaire !