Lumines Electronic Symphony
6.9
Lumines Electronic Symphony

Jeu de Q Entertainment et Ubisoft (2012PS Vita)

Il est des habitudes, bonnes ou mauvaises d'ailleurs, qui ne se perdent pas dans la culture vidéoludique et dans sa façon d'aborder un lancement de console. Namco Bandai nous pond généralement un Ridge Racer aux qualités qui se réduisent comme peau de chagrin au fil des ans et Ubisoft mise de son côté sur des acquis, souvent solides dans le coeur des joueurs. Outre Rayman Origins et son aventure époustouflante de beauté, c'est Lumines : Electronic Symphony qui place de son côté la PS Vita au coeur du casse-tête musical. Terriblement accrocheur sur PSP, le principe s'exporte sur le tactile et espère convaincre, si ce n'est plus, au moins tout autant. Est-ce que la partition mérite qu'on se mue en chef d'orchestre ou bien est-ce que le jeu ne casse vraiment pas des briques ? Que la symphonie de ce nouveau monde tactile commence...

Une approche lumineuse

Personne n'oubliera jamais le lancement de la Game Boy et surtout la toute première cartouche qu'on avait insérée avec émoi dans la fente prévue à cette effet. Un souffle de principe sur les connecteurs, la main tremblante mais le coeur léger, voilà la rencontre que pas mal de joueurs ont eue avec Tetris, le jeu de réflexion par excellence et qui a prouvé, prouve et prouvera encore qu'avec une idée archi-simple, on peut faire défiler des heures de plaisir. Le casse-tête d'Ubisoft s'appuie totalement sur ce constat et son concept puise également dans l'addiction causée par l'accessibilité et l'émulation que l'on a à chaque partie.

Comme dans Tetris, il faut dans Lumines empiler judicieusement des blocs qui s'écoulent dans la zone de jeu. A la différence près que ces blocs sont tous carrés – composés de quatre cases colorées au maximum avec deux tons différents - et que l'on ne cherche pas à former des lignes mais des structures carrées de 4 blocs. Ensuite, pour que la ligne qui défile verticalement selon le tempo de la mélodie valide vos enchevêtrements et les fasse disparaître, il faut accorder les couleurs, sachant que les tons varient selon le thème musical et visuel du niveau. Bien entendu, ce qui paraît aisé sur le papier l'est beaucoup moins une fois mis en pratique, la chute et la disparition des blocs étant dépendantes de la rythmique. D'ailleurs, la forte tendance acid jazz, jungle et electro de la trentaine de morceaux de la tracklist (Chemical Brothers, Pet Shop Boys, Art of Noise, etc.) donne rapidement le ton et on apprécie grandement voir les notes naître sous nos doigts, même si le tactile n'est pas indispensable, loin de là. En effet, exception faite de la face arrière qui permet comme on le verra plus tard de charger plus rapidement le pouvoir de notre avatar, la prise en charge du tactile n'a pour vocation que d'être une fonctionnalité gadget dont on ne se servira que pour la tester brièvement avant de revenir vers une traditionnelle utilisation des boutons et de la croix directionnelle, bien plus efficiente et agréable de toute façon. Certes, il est tout à fait possible d'accélérer la chute d'une pièce, de la tourner dans un sens ou dans un autre avec un geste sur l'écran frontal, mais dans le feu de l'action, c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, n'en déplaise aux férus du tout tactile. Un adage qui convient également au système de jeu qui n'évolue que très peu par rapport à ce que l'on peut trouver sur PSP...

Lumines : Electronic Symphony instaure un système d'expérience qui influera grandement sur votre expérience de jeu grâce à ce que vous débloquerez une fois le niveau supérieur atteint. Pour faire grimper votre jauge d'assiduité, il faut combiner plusieurs facteurs comme la faculté de faire disparaitre un maximum de blocs ou encore réussir des combos offrant des multiplicateurs ponctuels. Pour ce faire, il est nécessaire de réaliser ce qui correspond au "Tetris" local, c'est-à-dire cumuler un maximum de carrés à faire nettoyer par la ligne musicale afin de déclencher des bonus Chaîne comme le Super Combo ou l'Ultra Combo qui, outre la récolte accrue de points, permettent de ralentir l'action et offrent un moment de répit souvent salvateur. De quoi faire retomber la pression sans avoir recours à votre Ventoline virtuelle. Mais il faut composer avec les blocs virus qui, une fois tombés, parasitent vos plans de domination car ils ont la fâcheuse tendance à altérer les couleurs des pièces adjacentes. Fort heureusement, vous disposez d'un seul et unique pouvoir lié à votre avatar de jeu sélectionnable en amont de vos parties. Il permet ainsi de lancer un bloc de couleur unie ou un retardement de la ligne mélodique, voire une attente plus longue avant la descente du prochain bloc et bien d'autres choses également destinées au mode Duel sur lequel on reviendra par la suite. L'avatar est à choisir parmi les 39 que vous débloquerez grâce à votre gain d'expérience et chacun propose un petit bonus qui peut être déclenché une fois la charge à 100 % effective. Pour arriver à ce but, on peut ou bien ne se baser que sur les points glanés au cours du jeu ou alors tapoter l'écran tactile arrière afin d'accélérer le processus... au prix des muscles de ses mains : la manoeuvre provoque bien souvent des rictus de douleur lors de moments un peu tendus.


A bloc(s)

Chronophage, Lumines sur PS Vita l'est indubitablement. Le temps passe tellement vite quand on joue qu'il est parfois difficile de lâcher une partie en cours et la gestion de la mise en pause via la zone LiveArea ouvre des perspectives plus qu'intéressantes en termes de durée de vie, de plaisir et d'élagage de toute frustration. Prendre son pied avec ses mains et ses oreilles, voilà qui prend tout son sens (et les vôtres donc). Bien évidemment, il ne faut pas être hermétique à la bande-son qui fera une sélection naturelle dès le départ, mais être indirectement la clé de voûte d'une portée musicale est un luxe qui nous sied particulièrement. On apprécie d'autant plus que la richesse des divers modes en solo titille le fana de scoring qui sommeille en nous, même si l'absence du multijoueur en ligne contraste avec la bonne impression que l'on peut avoir du jeu après plusieurs heures de route.

En effet, Ubisoft a jugé bon de nous priver d'un réel mode multi en ligne comme la possibilité d'effectuer des duels entre amis ou "Luministes" du monde et seul le local en connexion Ad Hoc nous fait coucou. C'est faiblard pour le genre, surtout qu'il était possible de parfaire le tableau en s'appuyant sur la communauté déjà très nombreuse, à en juger par les classements nationaux et mondiaux que l'on peut consulter et le Bloc Monde qui s'égrène au gré des performances mondiales. Seule une pauvre fonctionnalité Near qui permet de partager avatars et skins se pacse avec la Vita...

Mais le solo réussit à nous captiver, heureusement pour Q Entertainment qui, après Rez ou encore Child of Eden, nous prouve une fois de plus sa maîtrise du métissage de la musique avec le visuel vidéoludique. Le mode Voyage nous embarque de son côté pour de longues sessions où la seule limite que l'on a est celle de notre analyse des chutes de bloc. Le contre-la-montre ou le mode expert où il faut réaliser le maximum d'effets en un temps imparti ou avec une vitesse d'exécution accrue mettent au défi les plus coriaces du pouce et les heureux joueurs qui pourront tâter le Duel en local s'éclateront à deux grâce au pouvoir supplémentaire dépendant de votre avatar et actif uniquement dans ce mode. On peut par exemple arrêter temporairement le rayon de validation, changer un bloc ennemi en une construction transparente et bien d'autres comme la possibilité d'inverser le sens de rotation des cubes. Ensuite, il est également possible de se caler quelques listes de lecture selon les morceaux préférés afin de se détendre les oreilles selon nos goûts.
Notons enfin que malgré la simplicité graphique que requiert le genre, la production met assez bien en avant les saisissants contraste et luminosité que peut nous offrir l'écran OLED de la PS Vita. C'est toujours ça de pris, n'est-ce pas ?

Note finale
8 / 10

Aucune révolution majeure n'est à signaler dans cet opus PS Vita mené tambour battant par Q Entertainment et c'est peut-être mieux ainsi. Diaboliquement accrocheur, angéliquement facile à prendre en mains, Lumines : Electronic Symphony a pour principal argument de nous faire prendre notre pied avec nos mains et nos oreilles. On aurait plus qu'aimé voir un multijoueur en ligne afin de frôler la composition presque parfaite, mais on ne peut que se réjouir de constater l'addiction que le casse-tête déclenche dès la première partie. L'essayer, c'est l'adopter, c'est évident. Maintenant, est-ce que cela doit se faire au prix fort comparé à d'autres titres du lancement ? Tout dépend de votre propension à être à bloc(s) et de vos affinités avec votre banquier.
Angel
8
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Créée

le 5 mars 2012

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