Mario Party Superstars
6.8
Mario Party Superstars

Jeu de Nd Cube et Nintendo (2021Nintendo Switch)

Une compilation excellente, mais trop avare en contenu

Temps de jeu : 30 heures
Mon cinquième Mario Party
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#97]

Quand on pèse dans le game depuis des décennies, on se dit qu’il suffit d’accoler son nom sur une boîte pour en vendre des palettes entières. C’est aussi, plus malencontreusement, l’occasion de se prendre les pieds dans le tapis en tentant – ou non – d’innover et de changer une recette gagnante. Tout ça, c’est un peu l’histoire de la vie de Mario Party, la franchise qui regroupe petits et grands autour de plateaux et mini-jeux aussi funs et accessibles que particulièrement injustes. Parfois novateurs, souvent paresseux, les récents opus de la série semblent avoir bien du mal à satisfaire ses fans. Alors que Mario Party 10 était trop différent dans son essence, Mario Party : The Top 100 était quant à lui outrageusement radin en contenu et nouveautés. Super Mario Party lui, est rapidement devenu contradictoire avec le modèle Lite de la Nintendo Switch, son gameplay tournant exclusivement autour d’un Joy-Con unique. En dépit de ventes stratosphériques, le plaçant loin au-dessus des autres opus, le public et la critique étaient donc en droit de se demander quel serait l’avenir de la franchise.

Non, Super Mario Party n’aura pas eu droit à des DLC gratuits ou payants malgré l’ajout tardif du jeu en ligne sur le mode classique de la série. Non, la nouvelle itération ne s’appelle pas Super Mario Party 2, affichant glorieusement nouveaux plateaux et épreuves. Oui, vous l’aurez deviné, Nintendo et Nd Cube ont une fois de plus plongé un de leurs bébés dans le grand chaudron de la nostalgie… Place à Mario Party Superstars donc, qui aura la lourde tâche de contenter les vieux de la vieille à l’aide de plateaux tirés de l’ère Nintendo 64, mais aussi de mini-jeux venus tout droit des dix premiers épisodes consoles, tout en invitant les néophytes à découvrir le passé de la franchise. Disponible exclusivement sur Nintendo Switch depuis le 29 octobre 2021, ce nouvel opus alléchant apporte-t-il avec lui suffisamment de différences pour ne pas justement tomber dans l’indifférence ? Les vieux de la vieille seront-ils comblés, les nouveaux nés enjaillés, les fans de tout âge unifiés ? Toutes ces questions, nous y répondons dans ce test complet.

A Superstar Is Born

À l’image de ses plateaux et de ses mini-jeux, tous tirés d’anciens opus de la franchise, Mario Party Superstars accueille le joueur via un hub à l’effigie de celui visible dans le tout premier jeu de la série paru sur Nintendo 64. Le Village Champignon, c’est son nom, prend la forme d’un petit bourg où une demi-dizaine de bâtisses tiennent position, toutes encerclant un imposant tuyau vert. Ce fameux tuyau, les joueurs d’antan le connaissent bien, puisque c’est à travers lui que l’on pourra se rendre sur les divers plateaux de jeu. Si Toad n’est plus l’hôte de la fête, remplacé par ce bon vieux Koopa, rien ou presque n’a changé d’un poil, si ce n’est visuellement. Le ravalement de façade est évident, davantage quand il s’agit d’un titre sorti sous l’ère 64 : la composition générale, la direction artistique, les textures et les jeux de lumière, mais surtout les modèles bien moins polygonés qu’alors, tout fonctionne et émerveille le cœur et les yeux des habitués.

Les habitants si singuliers de Mario Party ne font pas leur retour. Il fallait s’en douter, la charte graphique de Nintendo étant bien plus restrictive qu’à l’époque, tous ou presque ont été remplacés par des Toad génériques, dont seule la couleur de leur tenue les différencie. Aux côtés du tuyau magique, on retrouve de nouveau la boutique du jeu, celle-ci permettant au joueur d’échanger ses pièces contre des autocollants, musiques, motifs de carte et fiches pour l’encyclopédie. Rien de franchement nécessaire donc, surtout en comparaison du Mario Party original, lequel permettait de débloquer un plateau caché et des modificateurs en jeu. La Maison des options, elle, est désormais occupée par un Maskass. Outre la vitesse des textes et la gestion des données de sa partie, le joueur pourra également choisir s’il préfère jouer avec les musiques originales ou leur version modernisée, et ce pour chaque plateau. Mieux encore, il pourra paramétrer la vitesse de l’ordinateur ; leur tour de jeu est accéléré, amenuisant la lourdeur et la lenteur d’une partie.

Welcome Home

Cette bonne idée, elle est sublimée par la suppression des mini-jeux solo et des duels entre deux ordinateurs lorsque la partie se déroule seul ou avec un ami. En local ou désormais en ligne (à l’aide de la Maison des amis), avec des proches ou des inconnus, la série profite de toute l’expérience online acquise sur Super Mario Party pour proposer à son public un bond dans le « futur ». Désormais, chaque tour de jeu est sauvegardé, rendant possible la mise en suspend d’une partie tirant un peu trop en longueur. Mieux encore, la déconnexion sauvage d’un des participants n’est ni punitif pour lui, ni pour ses adversaires ; un ordinateur prend la place du malheureux le temps qu’il revienne, ne lui rendant le contrôle de son personnage qu’au début du tour suivant sa reconnexion. Un ajout plus que louable, lequel paraissait presque impensable il y a encore deux ans ! Attention toutefois, il est logiquement possible que la qualité des parties soient entachée de potentiels lags si l’un des joueurs dispose d’un débit internet faible ou médiocre, quand bien même aucun ralentissement n’ait été observé au cours de nos parties.

Retour au Village Champignon pour annoncer la disparition de la Banque, remplacée sans vergogne par la Maison des données. Entretenue par Kamek, cette dernière vous permettra d’admirer vos Exploits accomplis, lesquels prennent la forme de soixante simili-succès qu’il faudra accomplir en remplissant certaines tâches bien précises (en local ou en ligne). Les récompenses sont là aussi purement cosmétiques, puisqu’il s’agit de titres pour votre carte de profil, laquelle est paramétrable dans cette même maison. Si les Musiques, les Crédits et les Records du jeu évoquent amplement leurs fonctions, l’Encyclopédie elle, vous en apprendra plus sur les différents personnages de la série, les divers opus et les plateaux de la franchise ; des informations et astuces sur le jeu y sont également disséminées. Finissons enfin avec la Montagne aux mini-jeux, une zone résolument centrée sur la centaine d’épreuves qui composent Mario Party Superstars. Jeu libre, matchs à deux équipes, défis à trois, etc. Les amateurs de compétition pourront également se la donner en survie et dans des défis quotidiens, lesquels sont réservés à une expérience solitaire et en ligne. Rien de bien passionnant en toute franchise, mais qui occupera le temps de valider quelques Exploits.

Servis sur un plateau rageant

Le gros du morceau ne réside toutefois pas dans ces bonus résolument annexes, fort heureusement. Non, le véritable mode de jeu reste bel et bien celui intelligemment nommé « Mario Party ». Comme à l’époque, ou hier dans Super Mario Party, ce nouvel opus permet de configurer plus ou moins sa session de jeu. S’il n’est pas possible de monter jusqu’à cinquante tours de jeu comme sur Nintendo 64, on notera la présence de trente tours, là où le précédent opus Switch nous limitait à vingt. Comptez environ une demi-heure de jeu tous les dix tours à quatre joueurs, en testant un petit peu les mini-jeux avant de s’y lancer réellement et en observant minutieusement les plateaux traversés. Au nombre de cinq, ces derniers piochent donc dans les trois Mario Party de l’ère 64. Comme à l’époque, Toad y explique les règles, Koopa donne des pièces à chaque tour de plateau effectué, les Boos volent les pièces et Étoiles des adversaires, tandis que Bowser joue des mauvais tours.

Les cases bleues sont positives et rapportent de l’argent, les rouges sont négatives et en retirent au joueur, tandis que les cases vertes sont neutres et peuvent offrir des objets (via un mini-jeu ou non), des pièces ou encore un évènement unique sur le plateau. À la fin du tour, les cases neutres deviennent aléatoirement rouges ou bleues pour chaque joueur concerné. Il faudra également faire attention aux cases Bowser, particulièrement vicieuses pour le malheureux qui tomberait dessus et dont on ne ressort jamais vraiment gagnant. Les cases VS réuniront les participants qui, après avoir formé une cagnotte commune prédéterminée, les fera s’affronter et récompensera grassement le vainqueur. Les Banques Koopa taxeront les passants et donneront le jackpot à ceux qui auraient la chance de s’arrêter pile face à elles. Enfin, la case Destin fait son retour, échangeant Pièces et Étoiles entre deux joueurs renversant ainsi possiblement le cours d’une partie. Le but reste évidemment de collecter le plus d’Étoiles, cette fois-ci détenues par Toadette, lesquelles sont acquérables contre des pièces.

Partysan du moindre effort

Au début de chaque partie, après avoir choisi un des dix personnages disponibles (un casting loin d’être aussi massif et éclectique que celui de Super Mario Party), il faudra lancer un dé pour déterminer l’ordre de passage. Premier ou dernier, chaque place a ses (dés)avantages. La progression se fait à coup de dé à dix faces, avec ou sans objets altérant la distance parcourue ; les champignons et les dés multiples font aller plus loin, les dés hantés ralentissent sévèrement les malheureuses victimes, tandis que les tuyaux d’or, les dés sur mesure et les dés de téléportation n’hésitent pas à se défaire des règles de base en déplaçant le joueur aléatoirement ou non. À la fin de chaque tour de jeu, un mini-jeu est tiré au sort selon la configuration de chaque joueur. Si tous les joueurs finissent sur une case de même couleur, alors un mini-jeu à quatre est tiré au sort. Si l’un d’entre eux finit sur une couleur différente, il devra lutter seul contre un trio d’adversaires. Enfin, si deux participants se trouvent sur une case rouge et les autres sur une case bleue, un mini-jeu par équipe est désigné d’office. Gagner le mini-jeu rapportera des pièces, le perdre non (ou peu). Certaines épreuves rapportent toutefois des pièces à tout le monde, sans aucune forme de compétition.

Comme souvent avec la série, il s’agit des mini-jeux les moins mémorables de la sélection disponible. Au sujet de ladite sélection, sachez que l’on parle ici d’un total de cent cinq épreuves, soit un peu plus que les quatre-vingt habituellement apportées avec un nouvel opus. Si ça vous parait beaucoup, dans les faits on en aurait aimé un peu plus, les mini-jeux en question étant des reprises d’anciens opus. Et s’ils paraitront nouveaux pour les nouveaux joueurs, les anciens eux, auront vite fait le tour de la proposition. Toujours est-il qu’une option très agréable est disponible avant de lancer une partie, laquelle se résume à une sélection d’épreuves selon un critère particulier : action, réflexion, ère Nintendo 64 ou GameCube, sports, etc. De quoi régler sur mesure sa petite session de Mario Party. Comme dans Super Mario Party, les joueurs pourront s’essayer dans une phase de test des mini-jeux avant de s’y lancer réellement, sur l’écran même qui explique les règles de l’épreuve (explications que l’on peut également désactiver dans les réglages de la partie).

On connait le chemin

Vis-à-vis des plateaux et de l’économie générale du jeu, si les différences restent toujours subtiles, elles ont tout de même le mérite d’exister. Par exemple, de nombreuses cases bleues sont devenues des cases chance, tandis que certaines cartes comme le Gâteau d’anniversaire de Peach voient leur level design légèrement modifié, rendant leur progression moins punitive (et donc plus amusante ?). L’argent y est plus facile à obtenir qu’à l’époque et de fait, les Étoiles aussi. À la manière des mini-jeux, on peste fortement sur la faible sélection des plateaux. Au nombre de cinq, tous tirés des opus Nintendo 64, on aurait aimé en avoir – beaucoup – plus. Qu’il s’agisse de toutes les cartes de Mario Party 1, 2 et 3 ou d’une sélection élargie aux épisodes GameCube, on se retrouve une fois de plus avec un nombre total moins important que d’anciens épisodes où tous étaient inédits.

On a beau chercher une excuse, on ne trouve définitivement pas. Comme souvent avec les formules maxi best-of, une fois la dégustation sympathique effectuée, la digestion y est particulièrement écœurante. Alors soyons honnêtes : oui, dans ce Mario Party Superstars, on s’amuse comme des petits fous et c’est bien là le plus important. Il n’empêche, on s’avoue déçu de voir aussi peu de contenu dans la globalité du titre, plus encore quand celui-ci ne propose rien de neuf dans son gameplay, ses mini-jeux, ses personnages, sa bande-son ou ses plateaux. Il y a bien évidemment un travail de modernisation sur tous ces aspects, mais rien qui ne soit aussi complexe et long à créer que quelque chose de neuf, un produit qu’il faut inventer de zéro. Nd Cube la joue petits bras et c’est bien dommage, Mario Party Superstars étant l’occasion de balayer tous les mécontentements passés. Cumulé à Super Mario Party, cet opus propose tout de même une alternative intéressante pour cette série – semble-t-il – intouchable.

Conclusion

Mario Party Superstars est un excellent épisode, fort d'un gameplay plus classique que Super Mario Party. Véritable revisite de l'époque Nintendo 64, on se plait à (re)découvrir ce qui a fait le charme et l'unicité de la série, en dépit de changements inévitables pour ne pas laisser le jeu aussi punitif qu'à l'époque. La bande-son et les graphismes y sont sublimes, les plateaux plus intéressants que ceux du dernier épisode et la sélection de mini-jeux, certes un poil redondante, comprend parmi les meilleures épreuves de la série. Toutefois, impossible de ne pas penser que Nd Cube aurait pu aller plus loin dans sa proposition de muséification de sa série. Sans rien de neuf ou presque à proposer, puisqu'il s'agit d'une compilation, on s'étonne du faible nombre de plateaux et mini-jeux à disposition, là où le titre aurait pu être l'épisode ultime à la manière des derniers Mario Kart et Super Smash Bros. ; l'apport du jeu en ligne gomme légèrement cette terrible déception. Avec le temps, on n'imagine pas une seule seconde l'arrivée d'un DLC gratuit ou payant ajoutant davantage de contenu, Nd Cube étant certainement affairé au prochain épisode, encore. On a beau être ennuyés en tant que vétérans de la série, mais force est de reconnaître que Mario Party Superstars est objectivement le meilleur opus de la série depuis des années, laquelle n'a jamais été aussi fidèle à ses racines qu'aujourd'hui.

Kalimari

Écrit par

Critique lue 35 fois

D'autres avis sur Mario Party Superstars

Mario Party Superstars
SweetHarmonie
8

Mario party the top 100 2

D'accord j'avoue que ce jeu est totalement du fan service oui et qu'il joue avec les sentiments des nostalgiques aussi oui mais il a des qualités. Les minis jeux sont bien remixes les plateaux aussi...

le 12 mai 2023

1 j'aime

Mario Party Superstars
Rustine_
7

Un retour au source

Ça fait tellement plaisir de rejouer aux minis jeux légendaires de cette opus des aventures de Mario, les cartes sont assez diversifiées mais malheureusement ça manque cruellement de contenus...

le 19 avr. 2022

1 j'aime

Mario Party Superstars
Maxdami
2

Le pire Mario Party

Comment peut-on affirmer d’un Mario Party qu’il est le pire ? Pour cela, il faudrait déjà tous les avoir essayer. Et figurez-vous que depuis 22 ans maintenant, j’ai joué à absolument tous les...

le 17 nov. 2021

1 j'aime

Du même critique

The Legend of Zelda: Breath of the Wild
Kalimari
9

Le souffle épique d'une Légende

Temps de jeu : 160 heuresMon septième The Legend of ZeldaMon premier jeu Nintendo SwitchLe souffle de la vieDès ses premiers instants, Breath of the Wild diffère radicalement de ses aînés. Ici, pas...

le 24 avr. 2023

5 j'aime

Last Day Of June
Kalimari
5

Carl’glass répare, Carl’glass trépasse

Temps de jeu : 10 heures Reçu dans le Humble Monthly Bundle de Mars 2018 Test rédigé pour Nintendo-Difference [#9]Déjà paru sur PC et PS4 le 31 août 2017, Last Day of June n’attendra pas le...

le 3 juil. 2022

4 j'aime