Le Marsu pille Donkey !

Rétrospective DK après Rare : Bonus/8

Alors que je planifiais tranquillou la deuxième partie de ce marathon l'an dernier, nos amis de chez Microïds (connus pour l'excellent remake de XIII ou le cultissime Garfield Kart) ont annoncé la sortie de ce jeu Marsupilami, le premier depuis l'époque 16-bits. La première bande-annonce avait de grosses vibes Tropical Freeze et j'avoue que j'étais un peu en manque de jeux inspirés de BD franco-belges (à quand un Smash Bros-like avec Kid Paddle, Blueberry et Le Chat, avec le château de Moulinsart comme map ?), c'est donc logiquement que j'ai acheté le jeu à sa sortie en automne. Et c'est désormais l'heure du test !

Premier constat : on ne suit pas le Marsupilami des BD ou des séries animées mais trois nouveaux marsupiaux (?), qui sont d'ailleurs les mascottes de l'attraction 4D du Parc Spirou. Je ne sais pas pourquoi ces petits bonhommes deviennent récurrents dans des produits dérivés mais soit, ça permet de jouer avec un casting inclusif composé d'un noir, d'une fille et d'un débile mental qui a relâché un démon sur la Palombie. L'objectif est donc de l'arrêter (le démon, pas le débile) au fil des… 3 mondes du jeu ?

Premier problème, assez évident, le jeu est court. 3 mondes pour une trentaine de niveaux, sachant que certains sont juste des mini-missions où il faut passer dans un maximum d'anneaux dans le temps imparti. Vous me direz que sur ce coup-là j'ai été con, le nombre de mondes est clairement indiqué au dos de la boîte.
Et il n'y a qu'un seul boss dans tout le jeu ! Et encore, "boss" c'est vite dit, il s'agit surtout de stages ressemblant aux niveaux des Dents de la Mort dans Rayman Origins, où il faut suivre le grand méchant tout le long d'un parcours d'obstacles. Bref, j'ai littéralement bouclé l'aventure en une grosse après-midi.
Second problème : le jeu est assez simple. En fait, les trois mondes qu'on parcourt ont peu ou prou la même difficulté que les trois premiers mondes de Tropical Freeze ou Returns, mais sans les Temples K. On sent le jeu calibré pour les enfants ce qui, avouons-le, est toujours moins cruel que les Tintin d'Infogrames. En attendant, j'ai surtout eu l'impression de jouer à la démo d'un jeu qui est censé sortir un an plus tard, seuls le dernier niveau et le dernier "boss" sont des pics de difficulté bienvenus.

Le jeu essaye de compenser sa durée de vie en proposant un mode contre-la-montre (je n'ai déjà pas fait ceux de Donkey Kong Land 3, Returns et TF, je ne vais donc pas commencer aujourd'hui) et un mode difficile, qui consiste à faire les niveaux avec 2 coeurs au lieu de 3. Pourquoi pas, mais la plupart de mes morts sont dues à des sauts dans le vide, donc je ne pense pas que ça augmente significativement la difficulté. Notez par ailleurs l'existence d'un mode facile, où les coeurs sont illimités, qui pourrait plaire à nos jeunes têtes blondes (si tant est que lesdites têtes blondes apprécient cet assistanat). On peut d'ailleurs changer la difficulté à tout moment, un avantage par rapport à la version Switch de TF ou la version 3DS de Returns, où la difficulté est permanente dés qu'on crée un fichier de sauvegarde.
Il y a aussi la chasse aux plumes, l'équivalent des lettres KONG dans les derniers DKC. Ca débloque quelques bonus dans la galerie et certaines sont même assez tordues à obtenir, donc c'est plutôt intéressant. Mais c'est quand même trop peu, j'aurais volontiers troqué ces plumes contre un ou deux mondes supplémentaires (c'est pas la même charge de travail, je sais).

C'est dommage que ce manque de contenu soit aussi sévère, parce que le reste du jeu est plutôt réussi. Les graphismes sont chatoyants (par contre le jeu tourne à 30 FPS sur Switch, loin de la fluidité de Tropical Freeze), les musiques sont vraiment sympas et me font penser à la bande-son de Rayman Origins, le gameplay est tout à fait satisfaisant (on retrouve d'ailleurs la possibilité de faire une roulade dans le vide pour sauter un peu plus tard, comme dans DK), l'environnement du premier monde (une favela, les mondes suivant sont moins originaux) est sympa à parcourir…
Alors oui, on retrouve l'influence de Donkey Kong un peu partout dans le jeu. Comment ne pas évoquer les toucans qui servent de canons ou les fins de niveaux où il faut appuyer le plus possible sur un bouton pour gagner des fruits supplémentaires ? Mais le jeu arrive ici et là à distiller de nouvelles mécaniques, comme le wall-jump (un jeu de plateforme avec du wall-jump est automatiquement excellent, c'est vérifiable hein) ou la queue des Marsus qui sert de grappin.
Après, quitte à s'inspirer de Tropical Freeze, j'aurais bien aimé qu'on puisse faire un pogo jump, comme Cranky peut le faire, en mettant la queue en mode "ressort". C'est une capacité récurrente du Marsu après tout, donc j'étais surpris de ne pas la voir, d'autant que c'est un coup très satisfaisant à sortir dans TF.

Un mot sur le sound-design, je n'en parle jamais mais là j'y suis obligé. On le sait tous, les Marsus n'ont pas de poils sur les paumes de la main, comme la plupart des singes ils ont juste de la peau. Donc quand ils courent à quatre pattes, il faut un bruit qui ressemble à de la peau qui tape contre le sol. Je ne sais pas comment le directeur sonore a enregistré son bruitage, mais je vous jure qu'on dirait le bruit d'une main qui claque un cul. Dés que vous remarquerez ça, c'est fini, vous ne pourrez plus entendre autre chose. C'est puéril mais ça m'aura bien fait rire, donc merci Microïds.

Bref, un jeu sympathique dans son esthétique et qui utilise une licence qui est parfaite pour un jeu vidéo, mais qui pèche par manque de contenu. C'est vraiment dommage parce que les bases pour un très bon jeu sont là, mais en l'état je ne peux le qualifier que d'apéritif en attendant la sortie d'un nouveau Donkey Kong Country. Ou d'un Marsupilami 2, qui sait ? S'il pouvait être un peu plus proche de l'esprit de la BD, ce serait le top !

Edit : le jeu a connu une MàJ fin 2022 ajoutant 10 nouveaux niveaux + les 10 mêmes niveaux en mode difficile (plus d'obstacles et le sol devient de la lave). Celle-ci se laisse jouer sans déplaisir, même si la difficulté reste modérée. Surtout, cela donne un peu de durée de vie supplémentaire (comptez 3h pour faire les -techniquement- 20 niveaux avec tous les bonus), ce qui n'est pas superflu