Marsupilami : Le Secret du sarcophage
6.7
Marsupilami : Le Secret du sarcophage

Jeu de Ocellus Studio et Microids (2021Nintendo Switch)

C’était sympa. Mais hélas beaucoup trop court… !


Il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise : j’ai eu avec ce Marsupilami : Le Secret du Sarcophage exactement ce que je cherchais, à savoir un platformer dans la veine des Donkey Kong Country. Mais je dois tout de même bien avouer avoir été surpris à deux titres : d’abord que le jeu ressemble autant à Donkey Kong Country Returns (sorti sur Wii il y a douze ans), ensuite qu’il soit aussi court.


Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté : si je m’étonne, devant ce Marsupilami, de sa ressemblance avec Country Returns – ceci alors même que c’est justement sa vibe Donkey Kong qui m’a poussé à me l’offrir –, c’est bien parce que cette ressemblance s’avère en réalité flagrante sur absolument tous les aspects du jeu :


Sur son gameplay, naturellement : l’essentiel des règles et l’éventail des capacités (avancer, sauter, atterrir violemment, frapper, rouler, bondir avec élan) sont sensiblement les mêmes – ce qui jusque-là n’est pas choquant j’en conviens. Les pélicans remplaçant ici les tonneaux propulseurs de la franchise simienne, les perroquets assurant quant à eux les appuis statiques, en lieu et place de leurs homologues hiboux. Mais la dynamique (dont on ne se lasse pas au demeurant) est bien la même.


Même constat concernant la poignée de niveaux « à concept » : qu’il s’agisse de celui à dos de tortue marine, de celui dans le noir ou bien des trois poursuites par des grosses boules (je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais j’adore les grosses boules – une phrase que je vous remercie d’avance de ne pas sortir de son contexte), tous ont déjà été testés et approuvés chez Donkey Kong. Zéro concept inédit ici.


Tous ces niveaux abritant chacun un niveau bonus – à dénicher puis réaliser – ainsi que cinq items (ici des plumes) à récupérer. Rien de nouveau sous le soleil de Palombie, donc… A noter au passage que les niveaux bonus sont rejouables immédiatement (pas besoin de crever une fois pour retenter sa chance) et que les plumes font l’objet d’un mécanisme intéressant, à savoir qu’elles prennent quelques secondes à être pleinement validées… ce qui invalide de facto les actions désespérées voire suicidaires, telles que le traditionnel saut dans le vide où se trouve la plume, sur le mode « tant pis je meurs, mais bats les couilles frère, je l’ai attrapée ». Eh bien non ! elle ne sera pas enregistrée, et le faquin condamné à s’y reprendre un peu plus dignement.


Les ressemblances se poursuivent jusque dans le pitch (ou devrais-je dire : le fil rouge) : une divinité vaguement précolombienne déboule sans être invitée dans le paisible pré carré de notre héros poilu puis ensorcelle les animaux du coin, provoquant un zbeul pas possible dans le canton. Obligeant dès lors ledit héros poilu à lâcher sa grille de bingo et sa canette de bière pour aller botter le cul de l’archaïque désobligeant. Et prouver – une fois de plus – à toute la jungle qui est le patron…


Un pitch similaire qui débouche – vous l’aurez deviné – sur des niveaux aux décors similaires : des plages (sans burkini), des docks (à noter que les Marsus ne savent pas nager, contrairement aux gorilles – faut l’savoir, hein, c’est contre-intuitif mais vérifiable), des jungles plus ou moins luxuriantes, des temples et ruines mayas/aztèques (j’y connais rien mais tu m’as compris) et enfin un petit peu de lave en fusion à la fin du jeu, histoire de marquer le coup (c’est de bon ton). Seuls les décors/niveaux de ville côtière me semblent à peu près inédits (à confirmer).


Le tout avec une direction artistique que l’on devine très influencée par Country Returns (sans que ce Marsupilami soit plus joli, d’ailleurs). Notamment en ce qui concerne les niveaux bonus en ombres chinoises (argument, s’il en fallait encore un, que l’unique source d’inspiration de ce jeu fut bel et bien le superbe Donkey Kong sur Wii) ou bien les musiques (dont les sonorités convoquent parfois les partitions légendaires de David Wise).


(Ironiquement, le jeu ne fait rien de son seul atout vis-à-vis de Country Returns – la possibilité qu’il offre de jouer trois personnages distincts – puisque les trois sont parfaitement interchangeables… il aurait été bon de s’inspirer de Tropical Freeze sur ce coup !)


Ce constat étant posé : ce recyclage de Donkey Kong Country Returns est-il désagréable ? Non ! Loin s’en faut, même. Le jeu est plaisant. Je n’ai jamais vraiment eu l’impression de jouer à un jeu se déroulant dans l’univers du Marsupilami mais qu’importe. Le voyage était agréable.


Et j’en viens à mon second point – le second objet de ma surprise devant ce jeu : ce voyage était agréable, oui. Mais trop ! Beaucoup trop simple et beaucoup trop rapide. C’était même une promenade de santé. Plus encore que Donkey Kong Land 3 (oui monsieur, c’est possible !).


Jugez plutôt : le jeu compte en tout et pour tout 16 niveaux « normaux » (répartis sur trois mondes), 3 boss (un par monde) et 5 ou 6 niveaux bonus complémentaires. Voilà. C’est tout ? C’est tout.


« Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! » comme dirait l’autre. Si encore ces niveaux étaient complexes, que le jeu démarrait immédiatement et à fond les ballons sur la difficulté… pourquoi pas. Mais non, à l’exception du dernier niveau puis du dernier boss (j’y reviens au paragraphe suivant), ces trois mondes présentent une difficulté comparable aux trois premiers mondes de Donkey Kong Country Returns. Autrement dit : j’ai juste eu l’impression de jouer à un simili-Country Returns resté inachevé… OK, ces trois premiers mondes étaient sympas, mais où sont les autres ? Où est la suite du jeu ?


Et là où c’est encore plus étrange, c’est qu’alors que ces trois mondes sont relativement simples, à un niveau du boss final, la difficulté est brusquement réhaussée de quinze crans (pour devenir, pour le coup, assez difficile). Comme si, à deux étapes de la fin, les gars s’étaient brusquement rappelés que le jeu ne pouvait décemment pas s’arrêter là-dessus et que, si les casus constituaient effectivement leur cœur de cible, il ne s’agirait pas non plus de se faire démolir par l’intégralité des quelques vrais joueurs qui mettraient le nez dedans.


Sauf que bon, si j’en ai effectivement raisonnablement chié sur ces deux ultimes épreuves, la totale (89/89 plumes et 22/22 pierres bonus comprises) ne m’a guère occupé plus de 7-8h (à la louche). Enfin je dis « la totale », mais elle n’amène en réalité la barre de progression qu’à 75%, les 25% restants tenant au mode Contre-la-montre – que je ne ferai pas ce coup-ci, pour cause de flemme intense. Mais 7-8h de jeu pour boucler l’intrigue, tout en récupérant l’intégralité des items et bonus. Ceci alors que j’ai en outre la motricité d’une betterave en matière de jeux vidéo… Comprendre ici qu’un joueur expérimenté pliera le jeu en 3-4 heures… ce qui fait cher l’heure de jeu (même si je l’ai, pour ma part, obtenu au prix MALIN de 27€).


A noter que le jeu propose 3 niveaux de difficulté : Facile, Normal et Difficile. Je l’ai pour ma part réalisé en mode Normal – celui activé par défaut – mais précisons tout de même que le Facile est une vaste farce (« Vous êtes insensible aux dégâts des ennemis et des pièges » : heu OK, lancez directement le jeu en pilotage automatique, sinon) et que le seul espoir de se pimenter un peu la tâche est donc d’activer le Difficile, hélas assez limité lui aussi, puisqu’il consiste concrètement en la même chose que le Normal, mais avec 2 cœurs plutôt que 3. Mouarf. Bon, si je me refais le jeu dans quelques années, je le fais sur ce mode, clairement, mais enfin ça ne va pas être beaucoup plus long.


Mais du coup, je conseille tout de même à mes rares lecteurs de se faire le jeu en mode Difficile s’ils tentent l’aventure. Histoire de rallonger (un tout petit peu) l’expérience…


Bref : vous l’aurez compris, ce Marsupilami : Le Secret du Sarcophage est loin d’être désagréable mais s’avère en revanche bien trop court et simple pour être pleinement satisfaisant. Un « Donkey Kong Country pour les nuls », en somme : plaisant mais insuffisant.


Je salue évidemment la dimension inclusive du projet, qui permettra à tous les casus qui chialaient sur la difficulté aberrante (sic) de Tropical Freeze (lui-même beaucoup plus simple que Country Returns) de s’offrir les frissons d’un plateformer (et peut-être même d’en arriver au bout, pour une fois) et de se sentir GAMER ; mais je reste pour ma part sur un sentiment mitigé.


Mais bon… disons qu’à défaut d’un nouveau Donkey Kong Country (huit ans déjà depuis le dernier bordel, mais faisons comme si tout était normal), ce Marsupilami aura tout de même eu le mérite de me dérouiller un petit coup (ce qui n’était pas du luxe). Je l’en remercie.


Puis, mine de rien, comme j’ai acheté le jeu dans son édition Tropicale, j’ai désormais un accroche-porte Marsupilami sur la poignée de mes chiottes et ÇA, ça a VRAIMENT de la gueule. Ma déco est tellement sublimée que mon proprio me supplie même de le lui laisser lorsque je rendrai l’appart (ce fou, il peut se brosser). Les femmes non plus ne s’y trompent pas : j’en ramène aujourd’hui trois fois plus qu’avant (et curieusement, elles ont toutes un besoin pressant). Que voulez-vous… Seul inconvénient, les cars de touristes japonais qui s’arrêtent désormais plusieurs fois par jour sous mes fenêtres pour tenter de prendre en photo la porte de mes chiottes… mais je n’exclus pas d’organiser à terme des visites payantes… pourquoi pas pour financer un futur voyage en Palombie…

ServalReturns
6
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le 3 juil. 2022

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ServalReturns

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