Marvel Rivals
6.6
Marvel Rivals

Jeu de NetEase Games et Marvel (2024PlayStation 5)

Dans un monde où Overwatch 2 aurait été la digne suite de son prédécesseur, Marvel Rivals ne représenterait guère d’intérêt à mes yeux.


Seulement voilà, nous vivons déjà dans un Multivers improbable où Trump et Macron sont toujours présidents et où Blizzard a décidé de saborder purement et simplement sa propre création, laissant ainsi le champ libre à un concurrent tout désigné pour raviver la hype des Play of the Game et autres entraides super-héroiques ; une punition digne d’un karma revanchard à l’heure où les chara-designers inspirés et les développeurs investis ont clairement quitté le navire de Tracer et ses comparses (Jeff à jamais dans nos cœurs ; non je ne parle pas du requin).


Marvel Rivals est-il pour autant le plagiat éhonté évoqué par certains Blizzardiens visiblement plus enclins à conspuer la concurrence opportuniste qu’à admettre leur propre connerie ayant semée la désertion dans leurs rangs et au sein des joueurs ? A dire vrai, au bout d’une trentaine d’heures de jeu sur ce Rivals et avec une bonne centaine d’heures de souvenirs sur le premier Overwatch (vous aurez sans doute déjà deviné que le 2 ne m’aura pas tenu en haleine pendant trente heures ^^), je ne serais pas surpris que la question se règle un jour auprès des tribunaux si Blizzard en venait à imiter la logique « touche pas à mon pognon » de Nintendo car il y a effectivement sacrément matière à lever un sourcil ; c’est bien simple : à quelques exceptions près, chaque compétence emblématique d’Overwatch se retrouve avec son équivalent Marvelien dans Rivals, parfois même plus dans une logique de mimétisme face au Roi détrôné des Shooters héroïques qu’une réelle logique d’adaptation des comics originels (et je gage que le Rewind de Tracer n’est pas encore présent car il est déjà réservé pour l’une des nombreuses recrues à venir dans Rivals). Et cela sans même parler des archétypes évidents réitérés dans Rivals à tel point que Youtube pullule déjà de vidéos forts utiles (c’est ironique) pour trouver votre Main Marvelien correspondant à votre Main d’Overwatch, au cas où la similitude ne serait pas déjà évidente au bout de cinq minutes de jeu ou des fois juste en regardant la tronche du protagoniste en question. Et pour le reste, oui, nous naviguons bien en terrain connu qu’il s’agisse des modes de jeu proposés, des dialogues qui meublent la minute d’attente avant les affrontements, de la lenteur évidente imposée aux personnages jusqu’à la célébration du meilleur joueur de la partie (hé oui, j’étais content d’en faire parti :p) et la débilité universelle de gueuler bien fort son Ultimate pour que tout le camp adverse soit informé de l’attaque à venir (la politesse prévaut sur la stratégie chez les super-héros).


Mais au-delà des guéguerres entre joueurs qui ne m’intéressent pas, je mets surtout l’accent sur cette similitude pour expliquer sa principale incidence : celle d’un sentiment de redite et de redondance qui a forcément fini par distiller mes parties de Rivals à force de ces échos trop répétés envers le modèle Blizzardien. Un écueil un peu regrettable et qui constituera le principal levier d’évolution de Marvel Rivals dans les années à venir (si son succès fulgurant perdure, ce que je lui souhaite) : celui de proposer progressivement des protagonistes aux capacités plus innovatrices, d’autant que ce n’est pas l’inspiration qui devrait manquer avec le catalogue foisonnant de Marvel à disposition. Mais en l’état actuel des choses, j’ai plus envie de prendre la parole pour cibler la réussite de ce Rivals au-delà de cette copie contestable d’Overwatch et pas simplement par le fait qu’il s’inspire davantage de la formule d’Overwatch premier du nom (6v6 et pas de limitation dans le choix des classes pour l’heure) et qu’il fait ainsi ravaler sa fierté à un Blizzard qui s’est évertué en vain à réparer ce qui n’était déjà pas cassé à l’origine.


Non, Rivals dispose bien d’une qualité propre et elle réside dans un choix qui lui a été quasiment reproché d’entrée de vue : la perspective TPS au lieu des combats en vue subjective. Au-delà du simple effet marketing de se dissocier au premier coup d’œil d’Overwatch et d’apprécier le physique avantageux de nos protagonistes (un sujet ô combien important à en croire les débats « passionnants » de la communauté Gaming durant cette année 2024), cette vue TPS permet également de mettre en évidence la manière dont Rivals se détache d’Overwatch par son emphase sur le corps à corps. Les connaisseurs pourraient pourtant juger que c’était là un exercice périlleux puisque l’une des nombreuses scissions d’Overwatch s’est notamment située dans cette évolution de la franchise (avec notamment l’arrivée d’un certain Doomfist) où la dimension shooter commencerait à être négligée pour un ressenti parfois plus proche d’un Moba mais Rivals tire davantage son épingle du jeu par la mobilité accrue de ses protagonistes grâce à quelques capacités savamment utilisées ; le jeu se permet même une pirouette inattendue en ce sens : Spider-Man, le protagoniste le plus connu du casting de lancement, est désigné comme le personnage le plus difficile à maitriser et il est certain que les premières dérouillées subies à ses côtés en disent déjà long sur l’apprentissage qui sera nécessaire pour exceller dans Rivals, surtout compte tenu de la tétrachiée de DPS fournis à la sortie. Et alors que je me cantonnais par habitude à des personnages tireurs d’élite, j’ai vraiment pris conscience du potentiel offensif du jeu sur ma première HighLight avec Magik (oui cette même Magik que je détestais dans Midnight Suns) ; ça frappe, ça esquive, ça sème le chaos dans les rangs ennemis et j’ai commencé à comprendre ce que les joueurs bien plus doués que moi sur Genji devaient ressentir dans leurs moments de gloire : toujours est-il que Marvel dispose ici d’une valeur sûre face à son grand rival (hohoho) et il n’y a qu’à voir la courbe de progression importante sur un personnage aussi populaire que Wolverine pour comprendre que le pari de Rivals était aussi audacieux qu’il s’est révélé payant.


Et puis, il est juste super fun ce con de jeu. Je sais bien que ça reprend tous les codes d’Overwatch mais le feeling des coups, l’impact des pouvoirs, l’animation des protagonistes, ses couleurs qui explosent de partout ; tout le jeu transpire une adrénaline super-héroïque qui lorgne fort heureusement vers le dynamisme débridé des SpiderVerse et se révèle tellement enthousiasmante après des décennies d’imaginaire aride du MCU. Le chara-design est immédiatement accrocheur et la personnalité des protagonistes transparaît dès l’écran de sélection ; quant aux Maps, elles ne sont pas en reste avec une démesure épique véritablement dignes des comics books : un Wakanda Galactique (écoutez moi ce thème musical, sérieux ! ), une planète symbiotique, le repaire d’Hydra envahi par les forces occultes, un Spider-Weeb plongé dans le multivers et un Royaume d’Asgard où les décors se reconstituent sous nos yeux. Car oui, les décors sont également destructibles et même s’il ne s’agit pas d’un atout aussi majeur dans le gameplay qu’on pourrait le croire, il renforce néanmoins ce sentiment de puissance omniprésent et de défouloir exacerbé.


Comme au bon vieux temps d’Overwatch où on songeait à un avenir meilleur pour le jeu. Mais les fans de Marvel, eux, espéraient peut-être bien un jeu de cet acabit pour leurs péripéties en ligne.


Pour finir, il peut être un peu décontenançant de choisir ses protagonistes de départ pour se familiariser avec le système de jeu avec la diversité très conséquente des personnages Marveliens à notre disposition (hormis l’écrasante majorité des DPS à l’heure actuelle). Voici mon humble opinion en la matière avec quelques recommandations personnelles :


Star-Lord me semble un personnage très approprié pour une première partie : une mécanique de tir simple, une certaine mobilité de déplacement sans être trop rapide et une Ultimate dévastatrice. Moins risqué de comprendre la dynamique de Rivals à ses côtés que de se risquer à manier Logan ou Spidey d’entrée de jeu.


• Si vous voulez commencer à offrir une aide plus conséquente à votre équipe au lieu d’enchainer les frags dans votre coin, Storm est un bon personnage pour trouver un équilibre entre DPS et support : elle insuffle en effet une puissance d’attaque supérieure aux alliés aux alentours (esprit de Lucio, es-tu là ?) et s’avère également plaisante à manier depuis les airs (vous apprendrez bien vite en compétition que les personnages volants sont des cibles de choix pour l’équipe adverse mais vous n’êtes pas encore concernés dans vos premières parties).


Marvel Rivals souffre d’un déséquilibre évident avec la multitude de DPS disponibles à son lancement et des joueurs qui jouent également Tanks ou Healers comme s’ils jouaient des DPS. Un vrai problème qui affecte les parties en compétition et auquel le jeu devra remédier sur le long terme d’autant que la catégorisation des héros par classes est pourtant sujette à interrogation (Wolverine notamment) ; bref, la victoire est toujours possible sans Healer mais c’est une sacrée épine dans le pied de l’équipe, mieux vaut vous familiariser avec un Heal, même s’il ne devait s’agir que d’une situation de secours. Si Jeff et Loki sont légion dans les parties, je conseillerais davantage Mantis (ma Main à l’heure actuelle), très simple à utiliser et disposant également d’un potentiel offensif non négligeable puisqu’elle est calquée à l’évidence sur le modèle de Zanyatta d’Overwatch (un autre de mes Mains à l’époque ; oui, il n’y a pas de hasard).


• Venom est un Tank extrêmement utilisé mais j’avoue être un peu lassé de le voir bondir dans tous les sens comme un DPS (le but c’est de capturer la zone, vous vous rappelez ? :p). Vous pouvez également privilégier des Tanks plus ancrés sur la terre ferme comme Groot ou Thor (mon choix de prédilection); Peni Parker est également un Tank dévastateur mais nécessite d’avantage de réflexion stratégique. A la surprise générale, Hulk semble être de l’avis commun le pire Tank du jeu.


• Vous privilégiez quand même le tir à distance ? Le dévastateur Hawkeye devrait faire votre bonheur d’autant qu’il dispose tout de même d’une riposte conséquente au corps à corps qui devrait surprendre vos adversaires ravis de vous avoir débusquer.



Voilà, voilà. Quant à la note, elle est susceptible d’évoluer selon la capacité de Rivals à sublimer son potentiel pour qu’un jour vienne où on se souviendra peut être davantage du jeu pour ses qualités intrinsèques que la copie harmonieuse qu’il aura formulée au nez de son Super-Vilain attitré. C’est là toute la réussite que je lui souhaite.


Et s’il vous plait, davantage d’X-Mens au casting, merci. :p

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il y a 4 jours

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