S'il y a quelque chose qui m'agace dans le jeu vidéo, ce sont bien les collectibles et assimilés, qui sont trop souvent utilisés par les développeurs fainéants comme du contenu secondaire rapide et facile à produire. Si certains prennent le contrepied en prenant la peine d'écrire de vraies quêtes secondaires extrêmement bien scénarisées (TW3 ou RDR2 pour ne citer qu'eux), ce Spiderman a choisi de faire l'apologie de ce contenu inintéressant et répétitif.
Non, il n'est pas fun de faire le tour de la ville pour ramasser les 55 sacs de Spiderman. Non, il n'est pas fun de refaire le tour de cette même ville pour prendre en photo 30 monuments. Non, il n'est pas fun de re-refaire le tour de la ville pour prendre en photo 12 peluches de Black Cat. Et je ne parlerai même pas des nombreuses bases à vider pour lesquelles tout ce qui change, c'est le skin des ennemis. Le pire, c'est que ces objectifs secondaires ne sont pas tous dévoilés dès le début mais par vagues, vous forçant a refaire régulièrement les trajets et brisant complètement le rythme d'une aventure principale pas vraiment folichonne. Et vu que ce contenu est, en temps passé, supérieur à celui de l'histoire, on comprend aisément le sentiment de répétitivité qui peut envahir le joueur.
Même si ça s'améliore dans les 20 derniers pourcents du scénario, le reste est peu reluisant, notre bon Spidey va passer 80% du temps à taper sur des loubards de seconde zone dont seule la skin et les techniques changeront au fil de l'avancée du jeu. Les phases d'infiltration avec des personnages secondaires sont déjà vues cent fois et ne présentent aucune espèce d'intérêt, mais elles devaient être obligatoires dans le cahier des charges d'un jeu de ce type je suppose. Leur seul effet chez moi a été la frustration de quitter Spidey et de passer sur des personnages faiblards, notamment Miles dont on pouvait se demander pourquoi autant de temps lui était consacré. Maintenant on le sait : il fallait commencer à marketer son opus qui va sortir avec la PS5.
Le jeu est bien trop facile, même dans le niveau de difficulté le plus élevé. Certains combats de boss se résument à des QTE améliorés, et les autres ne demandent que très peu de stratégie et aucun effort particulier, leur difficulté étant une insulte même au joueur moyen. Il n'y a aucune learning curve : en effet, dès que vous aurez compris qu'il vous suffit de presser rond quand un cercle blanc entoure votre tête (et que bleu, c'est encore mieux) et qu'il faut entoiler certains ennemis pour pouvoir les frapper, vous serez en mesure de battre n'importe qui. Il y a de nombreux gadgets, mais le jeu ne pousse que trop rarement à en faire une utilisation stratégique pour passer les combats qui se présentent. Pour couronner le tout, le pouvoir de tenue le plus puissant (celui qui permet de régénérer une grosse portion de sa concentration pour se soigner et porter des coups fatals) est donnée d'entrée de jeu, ce qui n'a aucun sens et réduit tous les autres pouvoirs à des gimmicks qu'on utilise une fois pour voir leurs effets graphiques avant de les oublier aussi sec.
Tout n'est pas noir : les animations sont superbes, respectueuses des comics, et il est fun, les premières heures en tout cas, de se balancer de building en building. Mais le jeu est bien trop répétitif, fade et facile pour que j'ai pu réellement m'y amuser ou ressentir un sentiment d'accomplissement. J'aurais été curieux de voir les accueils critiques si un tel jeu était sorti sans être estampillé Spiderman. Cela dit, je ne suis pas trop étonné qu'il ait trouvé son public (et je dis ça sans jugement de valeur) : à l'image d'un film Marvel il est pop, coloré, rempli de bons sentiments et facile d'accès. Je comprends que cela puisse suffire à certains pour s'éclater, même si, vu le prix des jeux, ça n'est pas mon cas.