Marvel vs. Capcom: Infinite
5.6
Marvel vs. Capcom: Infinite

Jeu de Capcom (2017PlayStation 4)

La série des Marvel vs Capcom, c'est un petit peu la Foire du Trône du jeu de baston. Ou une discothèque ultra flashy de la mandale, au choix. Sauf qu'à chaque épisode, le fun, assez énorme, se manifeste sans coup férir. Les puristes retiendront certainement une moue de dégoût. Mais Ultimate Marvel vs Capcom 3, c'était quand même très bien, surtout si l'on met de côté la politique Capcom qui fait toujours hurler les Front de Gauche friendly. Marvel vs Capcom 2, quant à lui, c'était une sorte de nirvana. Un véritable best of.


Marvel vs Capcom Infinite, en déterrant le principe des gemmes de l'infini déjà à l'oeuvre dans l'antique Marvel Super Heroes, promettait beaucoup. Voire même plus. Un peu de stratégie supplémentaire, peut être, dans le choix de la pierre, qui aurait pu donner des pouvoirs alternatifs à certains combattants qui en auraient fait un très bon usage. Sauf que cette idée, qui aurait pu être ultra séduisante, ne cadre pas avec la volonté manifeste affichée par les gars de Capcom sur ce titre. Malheureusement parfois.


Pourtant, les premières heures passées sur le titre donnent la banane, car Marvel vs Capcom Infinite a conservé intact le gameplay nerveux et le pied intégral qui caractérise la série. Celui de balancer des gnons dans la simplicité la plus évidente, des coups qui remplissent l'écran de flashs lumineux et autres effets spéciaux des plus chatoyants. Dans une esthétique la plupart du temps assez jolie qui abandonne son cell shading, qui apportait un aspect BD marquée, au profit d'une approche plus réaliste collant aux films les plus récents du Marvel Cinematic Universe. Le temps passe, et une fois essorée la galerie de personnages disponibles, dont certains ont été un peu retravaillés, on peut légitimement se dire que "whoua, MvCI est à la hauteur de ses aînés, cool !", et que le jeu donne envie de creuser l'ensemble des mécaniques affichées, ainsi que les particularités de chaque fighter.


Or, dans cette démarche, ce qui fera tiquer en premier sera certainement la quantité dans le cast disponible : 30 personnages au départ, ce qui apparaîtra limité au vu de celui affiché par UMvC 3 et, pire encore, de Marvel vs Capcom 2. Mais en cette matière, c'est peut être un peu vite oublier que MvC 3 ne proposait, à l'époque de sa sortie, que 6 persos de plus que ce Infinite. Les critiques, sur ce point, seront donc peut être à relativiser.


Ce que l'on pardonnera moins, c'est certainement la sélection des personnages, qui sera parfois discutable. Car si Jedah fait son apparition, pour la première fois dans la franchise, exit Felicia ou encore Hsien Ko, alors qu'ils auraient pu parfaitement s'intégrer dans le story mode... Les X-Men, quant à eux, sont carrément passés à la trappe. Un retour de Rogue, Gambit, Cable ou de Cyclops ne sera donc vraisemblablement pas à l'ordre du jour. Quant à certains personnages inédits, même s'ils sont assez sympas à jouer, ces derniers demeurent des travestissements,. Comme Captain Marvel, qui n'est qu'une resucée de Jean Grey, sauf pour sa barre de vie, qui ne fond plus comme neige au soleil.


Si les fighters du dimanche et autres sacs sur le net seront en joie, les pros de la baston, eux, tireront ensuite la gueule à coup sûr en constatant amèrement que Capcom a décidé de rendre Infinite encore plus accessible que les titres précédents. Autocombos et easy ultra seront donc de la partie afin de contenter les débutants et ceux qui ne veulent pas se prendre la tête, tandis que certaines subtilités, comme pouvoir virer un perso du ring pour faire revenir celui dont on était en train d'éclater la barre de vie, ont été supprimées. Pas cool pour les vieux cons rompus à cette technique de fourbe comme le masqué, qui devra trouver une autre tactique pour gagner... Dans le même ordre d'idées, les coups normaux ne sont distribués que sur quatre boutons, au lieu de six, tandis que l'équipe ne sera plus composée que de deux héros. Si le choix des persos devient moins tactique et les combinaisons de coups plus limitées, Infinite ne voit cependant pas le plaisir qu'il procure entamé, ouf.


Le système de gemmes, lui, s'il apporte un peu de variété, ne va cependant pas jusqu'au bout de son concept, se contentant d'exposer les six effets différents des pierres, sans pour autant, par exemple, apporter à certains personnages, des capacités supplémentaires ou se voir améliorés par un type particulier de gemmes. Capcom aurait pu imaginer, par exemple, un Uber Doctor Strange dont la magie aurait été dopée par la pierre de réalité, ou un Hulk en mode rage sous l'effet de la Power Stone...


On a ainsi l'impression que, dans Marvel versus Capcom Infinite, les gars de chez Capcom avaient de très bonnes intentions, qu'ils ont cependant été dans l'incapacité de creuser. A l'instar du mode story, qui fait son apparition dans la série. Si celui-ci est bien sympa, il se révèle un poil court, tout en mettant en scène des ennemis énormes dans des cinématiques assez classes et léchées... Que l'on n'affrontera finalement jamais. Dommage, alors que la série des Versus, chez Capcom, nous avait régalé à plusieurs reprises des boss tout aussi énormes que peu mobiles, dans un style similaire. Comme Onslaught, Apocalypse (X-Men vs Street Fighter) ou encore le Abyss de MvC 2. Capcom semble à nouveau passer un peu à côté de son sujet, alors même que son mode story est plutôt pas mal troussé... Damned. Et d'autant plus qu'il fera râler vu qu'il fait intervenir la première bordée de persos qui seront bientôt dispo en DLC. De quoi hurler encore une fois sur la politique de jeux bridés chère à la compagnie.


Mais Marvel vs Capcom Infinite reste un soft honnête et très attachant, qui ne trahira pas le plaisir de jeu initié par ses illustres aînés. Même si Capcom simplifie, peut être trop, même si Capcom se montre un peu radin sur certains points, même si les bonnes idées ne sont pas exploitées dans toutes les possibilités qu'elles laissaient entrevoir.


Quant au modèle économique de la société, depuis le temps qu'elle le pratique, les mécontents sont un petit peu au parfum, aujourd'hui, non ?


Qu'ils ne viennent donc pas se plaindre.


Behind_the_Mask, pour qui Gamora relève le plat et Cap com' d'habitude.

Behind_the_Mask
7
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le 28 sept. 2017

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Behind_the_Mask

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