Jeu de Insomniac Games et Sony Interactive Entertainment (2023 • PlayStation 5)
En 2018, le Marvel's Spider-Man était clairement une consécration pour ce brave tisseur qui pouvait enfin cesser de jaunir face aux références absolues que sont les Batman Arkham. (Étant giga fan de ces jeux, je vais beaucoup comparer, je préviens). Insomniac avait su trouver le filon ultime pour nous mettre dans la peau de Spider-Man. Beaucoup ont trouvé que le système de combat ressemblait énormément aux Arkham, mais en soi il n'y avait PAS de contre, ce qui en fait une différence importante, seul le freeflow était chipé ainsi que les exécutions. D'ailleurs, je m'étais pas exprimé là-dessus mais ceux qui ont joué à d'autres jeux Spider-Man avant celui-là (comme les The Amazing, qui sont le plus proches) ont pu constater que ce n'était pas le jour et la nuit non plus. Sans m'étendre là-dessus, beaucoup de mécaniques ont été reprises (l'infiltration, les course-poursuites en voiture, et j'en passe). Certes ça reste un aboutissement mais on est loin d'une révolution. Après les The Amazing sont un peu nazes hein...
3 ans plus tard, Insomniac a profité de la hype pour sortir Marvel's Spider-Man: Miles Morales, un spin-off très solide centré du coup sur Miles. Il faisait le pont entre la PS4 et la PS5. L'histoire se passait après les événements du premier jeu.
3 ans encore plus tard, nous y sommes, Marvel's Spider-Man 2 sort.
C'est de la merde.
Bien évidemment je rigole, mais j'avoue honnêtement que j'étais pas loin de mettre un 6.
Après je voulais pas mettre un nième "bof" sur un gros jeu PS5, un Spider-Man qui plus est, moi-même étant un bon gros suceur.
Bref, assez tortillé.
Je vais rentrer dans un des pires défauts de ce jeu, c'est super COURT.
La trame principale se plie légèrement plus vite que le premier opus (en une quinzaine d'heures). Mais le contenu annexe est vite très maigre. Alors j'avoue que si on peut éviter de se manger une branlée de collectables à dénicher, d'accord, mais là on se fait rogner 10h de moins, d'après Howlongtobeat.
Là où on s'attend à avoir deux fois plus de Spider-Man, on se retrouve finalement avec deux fois moins. C'est pas normal...
Je vais parler des plots donc je balise spoiler au cas où. (Par contre, je pars du principe que les gens savent que Venom apparaît et qu'ils ont joué aux deux précédent jeux).
Le jeu commence en fanfare avec un combat contre L'Homme-sable. Très spectaculaire, on comprend vite le potentiel d'avoir deux tisseurs dans la ville. Une fois la ville nettoyée de ce sable grossier, agressif, irritant et qui s'insinue partout comme le dit si bien Anakin, Peter reconnecte avec son vieil ami Harry, le laissé pour compte dans le premier (on savait juste qu'il était malade en Europe). Ensemble ils fondent l'Institut Emily et May en souvenir de leurs défuntes figures maternelles dont le but est de "sauver la ville". Harry qui semble totalement remis, tout va super. Non loin de là un chasseur jusqu'au-boutiste, Kraven, débarque au calme avec une putain d'armée pour traquer et tuer toutes les pointures notoires de la ville. On se met donc à neutraliser ce dernier, dans la foulée on recroise le Lézard et Scorpion qui eux-mêmes se font traquer. Et même Tombstone, qui travaille dans une foire, pépère. En parallèle de ça, Harry dévoile doucement à Peter que son rétablissement est dû à une entité extra-terrestre qui vit en symbiose avec lui. Peter est tout à fait ok avec ça visiblement, posé j'ai envie de dire... Harry découvre rapidement que Peter est Spider-Man et trouve ça marrant... euuuh ? Et ils combattent ensemble les méchants. Plus tard Harry devient de plus en plus dark Sasuke à cause du symbiote et Peter absorbe sans le vouloir ce dernier, laissant Harry redevenir une sale merde. S'en suit une petite phase attendue où Peter endosse la tenue noire et sombre peu à peu. Pendant ce temps Miles sauve Mister Negative, l'ancien principal antagoniste (avec Octopus), de Kraven. (Donc Martin Li devient gentil). Ensuite Peter parvient à se défaire du symbiote car il partait un peu en roue libre tah Bully Maguire. Le symbiote retourne sur Harry, ce qui le change progressivement en Venom (Eddie Brock n'existe pas ici). Ce dernier tue Kraven (assez sauvagement), change Mary Jane en Scream (je crois que c'est ce que j'ai préféré de tout le jeu, je m'y attendais pas du tout) et fout le bordel en ville. Et pour finir en gros Peter (qui a pu dompter le reste de symbiote en lui pour devenir Anti-Venom) et Miles pourchassent Venom, le neutralisent et sauvent New York Cityyyyy yeeehaaaw ! FIN. Ah et Harry a quand même survécu au cas où. Le troisième sera à priori le dernier, avec un retour sur Octopus, et une apparition du Bouffon Vert, d'après ce que j'ai compris.
Donc l'histoire principale est simplette (il y a peu de divergences avec le lore vanilla) mais elle est surtout très bourrine. J'ai franchement eu l'impression que c'était écrit par une IA tant les choses sont envoyées à la figure sans contexte. Je ressentais très peu d'enjeux. Les personnages sont aussi bien cons hein. Peter et Miles qui s'en branlent de leur anonymat à enlever leur masque à tout va (entre eux ils s'appellent quand même "Spider-Man")... Et que font les Avengers ? Leur tour est là... Pourquoi personne ne s'interroge sur ce putain de symbiote comme si tout allait bien ??? Partout ailleurs les gens ont peur quand ils voient des tentacules noires sortir de quelqu'un, mais ici c'est "hoho c'est rigolo !".
Genre Peter voit Harry défoncer sa mère un jeu de force lors d'une fête foraine, mais non tranquille "t'es en forme toi haha". Allez sérieux quoi... Ça n'a aucun sens.
Les relations sont pas très creusées non plus. Après avec un rythme comme ça, on ne laisse rien respirer donc c'est pas étonnant. Ce qui fait que parfois je regarde Peter ou Miles et je me dis "mais je m'en bats les couilles de sa vie quoi", il ne m'est pas attachant. Je m'attends pas à une dinguerie non plus mais pour le coup dans les films de Sam Raimi tout était beaucoup mieux construit, émouvant, dramatique. Ou même le premier opus était mieux écrit. Là tout va trop vite. Après on connaît les histoires par cœur mais c'est pas une raison pour bâcler ça.
J'me rappelle quand Norman Osborn parle à Peter, lui dit qu'il le considère comme son fils (ah ?) alors qu'Harry est juste derrière, on voit sa putain de tête dépasser honteusement, il est là quoi, merde. En plus c'est ultra cliché comme pas possible. Et c'est le seul pseudo-background qu'on a lorsque Pete affronte Venom. Alors qu'on nous envoie la grosse musique dramatique. Et la voix de Reignoux sonne un peu faux pour ce qui est d'émouvoir je trouve.
Y avait quelques moments plus intéressants entre Miles et Martin Li, puisque ce dernier a tué le père de Miles. On sous tendait une quête de vengeance. Bon au final ça finit un peu en eau de boudin vu que Mister Negative devient gentil. Mais ça m'a moins gêné.
Tout est très lisse. On a pas trop de coup de poing du style la mort de Tante May dans le premier, qui était quand même une belle scène ou elle avoue qu'elle a toujours su que Pete était Spider-Man. D'où ce que je disais plus haut sur l'anonymat, thématique pour moi intéressante dès lors qu'un héros est masqué. J'aurais aimé que ce soit plus sombre.
Pour ce qui est du contenu annexe, comme je le disais, il s'est amoindri. On reste toutefois un peu dans les mêmes filons que précédemment.
La Flamme est la quête annexe la plus dense. On était à un chouilla de rajouter un Carnage dans l'affaire (ce qui aurait été plus que couillu et vraiment cool), puisqu'on rencontre donc le gourou d'une secte de pyromane qui possède lui aussi un symbiote rouge et lance carrément le mot "carnage"... On ne peut être plus clair que ça. Mais malheureusement il s'enfuit et nada. On a juste une série d'enquêtes à résoudre aux côtés de Spectre (l'agent spécial Yuri dans le premier, qui devient ici une sorte d'anti-héros) et quelques combats honnêtes mais sans plus. En fait j'aurais tellement kiffé qu'ils poussent le délire symbiote à fond, ils étaient bien partis avec Scream. On aurait pu avoir un Knull de derrière les fagots ou même des variantes Venomisées de méchants connus. Ç'aurait été peut-être compliqué mais tellement stylé. Enfin soit. DLC hein...
On a aussi droit à un caméo du Caméléon. Sa quête est d'ailleurs vachement inspirée de celle de Hush dans Batman Arkham City. Même série d'enquêtes sur des victimes non identifiables menant à un repaire. Apparition et disparition.
Miles étant de la partie, il y a évidemment des planques du Rôdeur. Par grand chose de spécial à dire. En vrai c'est cool de revoir Aaron, donc ok.
On laisse aussi comprendre que le Multivers existe... oui oui le même que dans les dessins animés avec Miles. Une fois tous les Spider-bots ramassés, on trouve une coordonnée, on s'y rend et là pouf un portail inter-dimensionnel apparaît, on y voit un personnage bizarre nommé Delilah dans le même style graphique que les films mais en mode PS1 (son nom est Delilah), elle prend tous nos Spider-bots car apparemment ils peuvent mettre en péril le continuum. Et elle lâche "Si Miguel vient les chercher, dis-lui d'aller se faire foutre". On ne peut être plus explicite.
À part ça, on se rebouffe les missions écolos, les mini-jeux (y en a moins heureusement), les repaires de bandits et on remplace les sac à dos de Peter par des Spider-bots. Je pense qu'ils n'ont pas trop compris la hantise des gens par rapport à ces collectables. Même si Miles une fois lâche un petit "Comment je fais pour les oublier dans ce genre d'endroit" en parlant d'un sac pour se changer dans l'histoire. Petite pique rigolote.
Y a des petites quêtes un peu plus originales comme celle où on revoit Howard, le sans-abri qui aime ses pigeons, pour une quête d'adieu. Je m'y attendais pas, petite musique sympa, comme l'ascenseur émotionnel.
Jonah Jameson m'aura décroché pas mal de sourires. Il carry tellement l'humour du jeu. Toujours autant la niaque, j'adore cet enculé.
Par contre, j'ai rarement vu autant de wokisme dans un triple A...
La quête pour aider un étudiant à faire son coming out et inviter son copain au bal. Le niveau où on vit dans la peau de Hailey, qui est sourde, et où tous les sons sont étouffés, original hein mais dès le début j'ai soupiré profondément. La Chatte Noire qui apparemment serait lesbienne. Le musée de la culture afro-américaine, fin allez très franchement ok mais pourquoi ? Ça reste discriminant dans tous les cas. Miles pourrait très bien aimer une autre culture que la culture noire, c'est pour moi une forme de racisme. Enfin je veux pas créer un débat sur le wokisme. En fait c'est vrai que foncièrement on s'en fout de tous ces trucs mais tout est amené et mis en scène pour qu'on soit confronté à ce genre de chose, c'est bourrin.
D'ailleurs le Spider-Man raciste, Peter, se fait cancel puisque Miles reprend plus ou moins le flambeau en tant que protecteur de la ville. En soi toute la thématique de "l'héritage Spider-Man" aurait pu être plus approfondie...
I miss the good old days when a good story was more important than a stupid agenda.
Je lis ça partout et bordel qu'est-ce que c'est vrai. C'est réellement désolant.
Parfois j'oubliais carrément que je jouais à un jeu Spider-Man...
Bref.
Pour ce qui est du gameplay, ils ont perfectionné ce qui existait.
On a désormais une wingsuit qui s'implémente parfaitement avec le balancement classique. Pour moi le plus grand point fort du jeu est l'exploration de la ville. Régulièrement avant de devoir se rendre à un point on tourne autour juste pour le plaisir de se balader, c'est un régal. On a même plus trop envie d'user des voyages rapides.
Il y a aussi une parade qu'on peut faire avant de se prendre un coup, bien vu. Avant on passait son temps à faire du saute-mouton.
Les capacités et gadgets sont par contre très similaires aux précédents. Pas de grande surprise de ce côté.
Le bestiaire est aussi très classique. Toujours les battes, les boucliers, les brutes. Avec leurs variants en fonction de leur faction.
Les combats gagnent un peu en lisibilité mais sont toujours un peu brouillon et répétitif, après ça reste fun.
Sauf les séquences avec Mary Jane. Déjà dans le premier c'était chiant, mais ici on s'en mange plein et surtout what elle vient du S.H.I.E.L.D ou quoi ??? J'comprends l'intention mais quitte à mettre un personnage féminin jouable dans un jeu Spider-Man autant faire venir Ghost Spider, Silk ou encore Spider-Woman, ce serait autrement plus passionnant.
Les séquences à vélo sont marrantes mais heureusement plus rares car elles sont un peu buguées.
Il est vrai qu'une routine s'installe rapidement, on finit une mission, boum, niveau supérieur, boum, point de compétence, boum, tenue, gadgets, mods de tenue et ça ne s'arrête pas (il y a une chiée de tenues, pour les puristes). C'est un peu bateau mais le pire c'est quand tu commences une quête annexe et qu'un message apparaît "Si tu finis toutes ces missions, tu auras une tenue exclusive !"... Ah bah super merci pour la surprise... On se sent fort assisté.
Y a un passage sympa où on s'attend à faire un truc sur un établi et en fait des truands surgissent derrière et nous bastonnent. Petit clin d'œil à The Last Of Us Part II.
Je m'attendais pas non plus à jouer réellement Venom dans une séquence bien défouloir et pète-dans-le-tas. Ça fait du bien. Merci. Par contre dosez avec les DLC, je vous vois venir...
Enfin concrètement ça se joue super bien, d'ailleurs les retours haptiques sur les gâchettes de la DualSense sont vraiment intéressants. Par exemple quand on doit casser des cristaux à la main, on doit presser L2 et R2. On ressent une résistance et on doit forcer pour les briser. C'est cool. Mais même quand on se balade au campus universitaire de Miles, la musique jouée dans des stands émet des vibration sur la manette. Un peu anecdotique mais ils se sont donné la peine de le faire et c'est remarquable.
Graphiquement, c'est très solide.
Y a du ray-tracing à gogo sur les buildings. Les effets de particules sont bien foutus, franchement ça en met plein la vue. Surtout Venom en fait, avec sa grosse langue, ils l'ont respecté. La tenue sombre de Pete par contre est bofibof.
Les expressions faciales sont très bonnes dans l'ensemble, y a des moments où je peux ressentir le moindre tracas, un mouvement de lèvre ou un sourcil.
Les temps de chargement sont pratiquement inexistants. On pointe un endroit sur la carte et hop la vue zoome et Spidey apparaît (pour autant qu'on ait débloqué cette option dans la zone).
Les musiques sont dans la même trempe que pour les autres. Le thème est repris. Il y a quelques variantes quand on est symbioté qui sont cools. On ressent aussi quelques influences de Naughty Dog pour les thèmes sombres de Kraven (je parle plutôt des vrombissements).
La VF fait clairement le taf. Dans la continuité. La VO sonne plus juste quand même, pour les passages dramatiques.
J'ai eu droit à pas mal de bugs, la plupart des trucs classiques mais aussi deux trois crashes qui m'ont fermé le jeu, ça c'est moins drôle.
Marvel's Spider-Man 2 se cantonne à ce qu'il sait faire et s'arrête là. Au top en terme de production et de gameplay mais avec une narration un peu expédiée. Pour 80 putains d'euros, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit plus court et moins généreux que le premier sorti en 2018. En comparaison, Batman Arkham Knight (sorti en 2015, soit 8 ans plus tôt et 3 ans avant le premier) proposait le double en terme de contenu. Et qu'on vienne pas me dire que c'était naze.
Quand bien même, Venom est le plus gros intérêt du titre et il parvient à me faire passer outre ses défauts. J'adore ce perso, je suis tout un vendu.
Un bon jeu à faire une fois le prix baissé et pas le pantalon.
Les PLUS
Les MOINS
Ceci clôt ma critique, merci de m'avoir lu et prenez soin de vous ! ;-)
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Créée
le 10 nov. 2023
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