Spider-Man 2 est enfin passé entre mes mains, après un premier opus que j’avais apprécié sur PS4, l’Add-on Miles Morales que j’avais testé sur PS5 et qui était sympathique, voici le jeu qui espère mettre tout le monde d’accord, en proposant une relecture nouvelle de l’arc du symbiote dans un monde où deux spider-men veillent au grain.
Se faisant, le jeu hérite du gameplay de Miles introduit dans l’Add-on, récupère le gameplay de Peter du premier opus, on lisse le jeu, on améliore la technique, on rajoute de nouveaux mouvements (des pouvoirs électriques plus puissants pour Miles et le symbiote pour Peter) de combats et surtout on met les delta-toiles, qui permettent de planer dans la ville et vous avez un spider-man qui se rapproche plus d’un 1,5 que d’un véritable second opus. Est-ce gênant en soi ? Non.
Autant le dire tout de suite, vous avez probablement devant vous la meilleure itération d’un jeu spider-man depuis des années en termes de feeling, c’est le meilleur système de déplacement jamais éprouvé, il y a le souci du détail, les sensations de la dualsense, j’ai vu l’évolution des jeux spider-man en presque 20 ans, je pense qu’on est au maximum de ce qu’on peut faire à ce stade.
La forme du jeu étant évacué rapidement, car elle est très bonne, comme sa technique et la mise en scène de manière générale, parlons maintenant du point faible du jeu, qui selon moi fait que à choisir entre Spider-man 1 et le 2, j’aurai tendance à donner un avantage au premier. Son scénario et son écriture.
1) Trop de spider-men tue le spider-man ?
Avoir deux spider-men c’est bien. Cependant en avoir deux, c’est implicitement se dire que probablement il n’y aura peut-être pas assez de place pour développer les deux en même temps. C’est un peu le cas. L’acte 1 du jeu est probablement celui qui fait l’effort d’apporter le plus à chacun des personnages. Miles est au lycée, il jongle entre son rôle récent de spider-man et ses études. Peter Parker, qui perd son job en début d’aventure, commence à se rendre compte que les grands pouvoirs, grandes responsabilités font de sa vie personnelle un enfer permanent. Fauché, encore traumatisé par le décès de May Parker dans le précédent opus, des frictions dans son couple avec Mary-Jane Watson.
Harry Osborn va être introduit rapidement dans l’histoire pour brièvement redonner de l’espoir à Parker que sa vie n’est décidément pas si nulle que ça. Des flashbacks développant la relation entre les deux meilleurs potes sont montrés, il y a la scène de la fête foraine qui est très bien écrite aussi. Et puis les éléments perturbateurs arrivent : Kraven le chasseur, qui est venu à NY pour chasser les super-vilains, et Harry Osborn porte le costume de Venom (Exit Eddie Brock, et spoilers, c’est un problème à mon sens car ce Venom n'a pas vraiment de raisons de détester Peter Parker) afin de guérir une maladie incurable.
l’Acte 2, qui grâce à un tour de passe passe, voit Peter Parker être doté du costume noir , est en demi-teinte. Comme je le disais précédemment, trop de personnages = pas assez de temps de développer tout le monde, et l’évolution/ le traitement du symbiote je l’ai trouvé caricatural. Sous l’influence du costume, Parker devient littéralement une bête sauvage, et c’est pas totalement l’image que j’ai de Venom. Evidemment tout le monde lui tourne le dos, sa copine, son meilleur pote, Miles Morales, et même la ville qui « oh mon dieu », spider-man est devenu très violent, alors que dans le détail il cause pas plus, pas moins de dégâts que quand il avait le costume rouge.
Tout cet arc là, sert une chose dans l’écriture. Montrer que Peter Parker est un has-been, un type complètement dépassé par son rôle de Spidey, et que finalement, le mec qui garde la tête sur les épaules et qui sauver la situation, et lui faire reprendre ses esprits, c’est Miles Morales. Vous l’avez compris, cet opus est un opus de passation. Le traitement dans le jeu c’est 60 % Peter et 40 % Miles, à terme, on sent que Peter va être mis plus de côté.
L’acte 3 remonte un peu le niveau, en montrant enfin la coopération entre les deux spider-men ( et MJ Watson, dont les phases de jeu sont peu intéressantes) afin de triompher du méchant Venom ( qui est visuellement impressionant, et dont le gameplay est très prometteur) qui, « surprise », veut propager le symbiote partout dans la ville. J’ai déjà vu ça quelque part, « le règne des ombres » peut-être. Après une scène de bagarre grand guignolesque ( je veux dire, « Venom » avec des ailes sérieusement les gars ? ), la ville est sauvée, Harry tombe dans le coma, Norman Osborn est énervé (coucou Green Goblin) Doc Ock fait une apparition, Peter fait une pause officiel dans son rôle de Spider-man pour s’occuper de sa vie personnelle, Miles devient le spidey officiel et oh surprise, une spider-girl serait probablement de la partie dans l’opus 3.
Si je trouve que l’idée d’offrir enfin un happy end à Peter Parker est une bonne chose, globalement j’ai trouvé que Spider-man 2 sonnait déjà comme une fin de saga. Je veux dire je n’ai aucune hype à voir la suite. Cette fin là me convient tout à fait en temps que fin définitive.
2) L’écriture orientée
Si l’écriture du scénario est déjà plus faiblarde que le premier, la volonté de faire passer des messages sous jacent ideologiques est encore plus présente que les deux précédents opus. On va appeler ça ici « le syndrome Last of Us 2 ». Ce qui m’a dérangé, c’est de se servir de cette écriture pour « charger » le personnage de Peter Parker.
J’ai trouvé que d’une manière générale, le jeu chargeait à fond Peter en le présentant comme un type égoïste, qui doit se confondre en excuses à la fin du jeu en disant à quel point MJ et Miles sont géniaux alors que lui est problématique. Je veux dire Peter Parker c’est le mec le plus gentil du MCU. Il a des pouvoirs qui pourraient lui permettre d’avoir littéralement tout ce qu’il veut, et ce mec sacrifie sa vie en permanence pour sauver la ville de New York. Cela lui coûte sa vie professionnelle, sa vie amoureuse, parfois la vie de ses proches.
Pour moi le combat contre Scream est le moment est le plus revelateur de cette écriture qui cible Peter Parker, avec MJ sous l’influence du symbiote, qui dit à Peter combien elle en a marre d’être de la revue dans la vie de Peter, qu’il est égoiste, que c’est elle qui fait bouillir la marmite. Et un Peter qui s’excuse en disant que non, MJ est une femme forte encore plus forte que lui, qu’il est désolé.
Bon c’est pas non plus visible à chaque instant, mais néanmoins j’ai trouvé que y avait un parti pris à désacraliser Peter dans cet opus, alors que dans le fond Peter fait pas grand-chose de mal dans cet opus.
Conclusion
Spider-man 2 est un très bon jeu. Probablement le meilleur jeu spider-man jamais sorti au monde si on se concentre sur sa partie Gameplay. Le jeu fait aussi le choix de ne pas noyer son joueur avec du contenu annexe inutile, et ça j’ai trouvé ça bien. 22 heures suffisent à finir l’histoire et faire une bonne partie des quêtes secondaires.
Techniquement c’est excellent, de très bonnes scènes en perspective (l’évasion du bateau, l’apparition de Venom), le jeu pêche finalement sur son scénario qui, en voulant inclure pleins de personnages, se perd dans le spectaculaire au risque de délaisser le développement de ses personnages et oriente son écriture pour faire passer des messages subliminaux quitte à montrer très favorablement des personnages au détriment du personnage « principal » du premier jeu.
CNe boudez pas votre plaisir, ce jeu est réussi et Insomniac Games rentrera dans l’histoire du panthéon des meilleurs jeux réalisés sur les hommes araignées. Mais en termes de scénario et d'écriture, le premier est définitivement plus marquant.