Au final, la grande question qui m'aura retenu pendant un petit moment, ça aura été "Peut-on jouer à Mass Effect 2 sans avoir parcouru le premier opus" à l'époque exclusivité de la X360. Mass Effect, c'était pour moi un univers de jeu à la StarWars qui avait été reconnu par la critique comme un bon Action-RPG doté d'un univers de jeu solide et cohérent, et dont l'environnement évoluait au fil de nos décisions. Fort de son succès et du charisme du Capitaine Shepard, le héros de la série, Electronic Arts a décidé pour le deuxième opus de nous sortir l'artillerie lourde du blockbuster multi-plate-formes. La série y laisserait-elle une part de son âme ?
Difficile de qualifier avec précision le genre de jeu qu'est Mass Effect 2 ... Le premier épisode était résolument un Action-RPG doté d'une part importante d'exploration. L'épisode 2 est véritablement à la croisée entre le RPG dont il emprunte différents codes d'évolution de personnage et de choix personnels influant de façon importante la quête que vous allez mener, et le FPS, qui fournit la base de gameplay à la grande majorité des moments de jeu, que ce soit au niveau de la maniabilité qui ressemble vraiment à un épisode de FPS classique, ou encore au niveau du scriptage des différentes missions qui vous seront assignées.
Vous êtes donc le Capitaine Shepard ! Héros des contrées galactiques et beau gosse de ce coin-ci de l'univers, dont les aventures et la résistance à l'ennemi lors du premier Mass Effect a fait le tour des systèmes et des planètes. Vous êtes le tombeur d'un Moissonneur (Reaper en anglais, moissonneur ça fait un peu bizarre comme nom mais ça attirera peut-être un public rural ..........), forme de vie ancestrale mécanique et organique capable, plus ou moins, de détruire des espèces entières. Homme à succès, vous démarrez votre aventure peu après les évènements du premier épisode pour vous retrouver face à face avec de nouveaux ennemis galactiques : les Récolteurs. Et croyez moi, malgré le nom de vos opposants, il ne sera pas ici question de cueillette de pommes ou de ramassage de fraises, mais bien de sauver ... la Galaxie !
Je vais répondre dès à présent à l'une des questions posées dans l'introduction de cet article, à savoir l'opportunité de jouer à Mass Effect 2 en ayant sauté le n°1. De nombreux forums sur Internet le déconseille car cela nuirait, selon eux, à l'expérience de jeu et au ressenti du scénario. Pour ma part, je vous dirais "il n'en est rien !!!". Certes, si vous avez l'occasion de jouer avant au premier épisode, ce sera bien mieux, mais avec un peu d'effort et d'imagination, il est tout à fait possible, comme pour moi, de passer un très bon moment et d'être en totale immersion dans Mass Effect 2 sans avoir vécu les premières aventures du Cpt. Shepard.
A ce titre, Bioware a eu la bonne idée, pour cette version PS3, de mettre à disposition du joueur qui n'a pas joué à Mass Effect une espèce de petite BD interactive qui vous relatera - certes de façon synthétique - le passé de Shepard. Vous aurez d'ailleurs l'occasion, pendant le déroulement de cette BD, de procéder aux grands choix cornéliens du premier épisode qui auront un premier impact sur le déroulement de vos aventures dans le 2ème épisode, puis dans le 3ème. Il faut saluer ici une initiative fort sympathique, qui ne remplacera certes pas l'immersion que l'on peut ressentir en jouant complètement au premier opus de la saga, mais qui permet de se familiariser avec l'univers de Mass Effect. Et cet univers est vaste ...
Dans sa construction, l'univers de Mass Effect me fait au final plus pensé à Star Trek qu'à StarWars : multiples espèces d'aliens, codec instructif sur les différentes civilisations, frictions et tensions entre différentes races. Tout y est, pour notre plus grand bonheur. Car c'est l'une des grandes forces de Mass Effect 2 que de disposer de cet univers particulièrement cohérent et bien construit, propice au déroulement de nombreuses aventures et intrigues.
Depuis Mass Effect 1, la série a néanmoins légèrement perdu son volet "exploration". Certes, il reste toujours la possibilité de se balader dans les différents système, de découvrir de nouvelles planètes qui viendront enrichir votre codec (super ...), voire même de découvrir des missions cachée sur certaines d'entre elles, mais ne vous attendez pas à un monde trop ouvert à l'instar des W-RPG en vogue de nos jours.
Mais rassurez vous, on ne se trouve pas quand même dans le RPG le plus cloisonné de l'histoire du jeu vidéo. Autant vous disposerez de très peu de marge de manoeuvre dans le déroulement des différentes missions du titre (fonctionnement un peu FPS, avec un découpage en missions et debriefing à la fin), avec des déroulements très scriptés et une route généralement toute tracée, autant le jeu vous laissera quelques libertés dans l'ordre des missions et votre implication. De nombreuses missions sont à ce titre optionnelles et pourront être joyeusement évitées pour les plus pressés d'entre vous.
Mais le sentiment de liberté qui se dégage de Mass Effect 2 - et c'est la marque de fabrique de la série - c'est l'influence de vos décisions sur le déroulement global de l'aventure. Les dialogues du jeu et les différentes décisions que vous prendrez s'articulent autour d'une roue de décision, qui vous mermettra d'orienter les échanges avec les différents personnages rencontrés, mais également de prendre les grandes décisions cornéliennes auquel tout héros qui se respecte est confronté. Les différents "petits" choix que vous allez faire augmenteront deux capacités distinctes de votre personnage : son pragmastisme (sa capacité à prendre des décisions couillues, genre "j'me la raconte et j'emmerde le monde", un peu à la Chuck Norris) et sa conciliation (son orientation à la diplomatie et à faire passer en louzdé la pilule parfois amère à d'autres personnages, avec délicatesse et séduction).
Vos évolutions dans ces deux catégories vous donneront parfois accès à de nouvelles options durant les dialogues qui vous permettront de vous sortir au mieux de certaines situations périlleuses, ou encore de provoquer par un appui opportun sur certaines touches de la manettes certaines réactions augmentant votre charisme ou votre popularité auprès de vos compagnons ou des habitants des différents système.
C'est l'autre grande force de Mass Effect 2, celle de vous donner l'impression (certes artificielle mais bien présente), d'influer sur le cour des évènements et de faire dévier la ligne du jeu en fonction de vos arbitrages. Et les choix que vous ferez auront bien une importance au cours du titre, de même que votre implication dans l'aventure. Sans faire de spoil, la fin du jeu sera très dépendante de vos réussite durant diverses missions, principalement optionnelles, que vous aurez remplie, ou non, dans Mass Effect 2.
Côté RPG, on retrouve également une gestion assez simpliste de l'évolution de votre personnage principal et de vos compagnons, avec quelques capacités spéciales qui se battent en duel et que vous pourrez faire monter en expérience et en intensité, et également une pseudo gestion de vos équipements, principalement basé sur la découverte d'objet durant vos missions qui permettront de faire monter vos stats (santé, dommages, ...). Pas grand chose à se mettre sous la dent de ce côté (les vrais fans de RPG crieront sans doute au scandale !), mais l'essentiel n'est pas là.
Durant les phases de missions, le déroulement, comme j'ai pu le dire plus haut, sera très calé sur celui des FPS, avec une vue à la première personne mettant en avant, en premier lieu, le maniement de vos armes et capacités spéciales. Les commandes, sans être exceptionnelles, sont de bonne facture et permettent de se mouvoir et de traverser les lignes ennemies et les nombreux combats avec une certaine aisance. Pas de révolution - loin de là - de ce côté : on passe pas mal de temps à trouver des couverts pour pouvoir mieux canarder la chair à canon qui se présente devant nos canons.
Techniquement, le jeu présente des environnements globalement réussis quoique parfois un peu pauvre et répétitifs. Les différents types de monde sont bien retranscrits, surtout ceux de désolation ou de vide, avec certains vaisseaux que vous allez devoir traverser sans forcément croiser d'équipage qui aura subi les foudres de certains ennemis. A ce titre, l'ambiance générale du jeu est selon moi particulièrement réussie, notamment grâce à une très bonne bande son qui sait se faire discrète quand cela est nécessaire, stressante en de nombreuse occasion, et qui colle parfaitement à l'action que vous êtes en train de vivre. Un grand bravo à Bioware de ce côté, car la technique du jeu incite véritablement à une immersion profonde du joueur.
Certaines missions, notamment, retranscrivent particulièrement bien le principe dit "Alien", à savoir "Dans l'espace, personne ne vous entend crier". Nombre de missions du titre s'avèrent particulièrement intéressantes à vivre et vous fourniront de nomnreuses informations et éléments de contexte sur les relations entre races et espèces ou encore sur le passé de vos compagnons et leurs motivations pour rejoindre votre équipe.
Mass Effect 2, c'est un peu l'épisode "L'Empire contre-attaque" dans StarWars. On peut lui reprocher un scénario en apparence un peu pauvre et schématique. Grosso modo, votre tâche principale sera de combattre les Récolteurs en composant une équipe "Benetton" représentative de la diversité de la galaxie autour de vous. Rien de bien extra-ordinaire de ce côté et il ne faudra pas vous attendre à moult rebondissements qui vous laisseront complètement accro à l'histoire de cet épisode n°2. Ici, toute la subtilité et l'intérêt du titre se trouve dans l'alchimie du groupe, dans la personnalité, souvent riche, de vos compagnons. Dans leurs relations, dans leur motivation. Ainsi, une majorité de missions de ME2 sera de recruter les différents membres de votre commandos. Ensuite, pour chaque personnage, vous disposerez d'une mission facultative permettant, la plupart du temps, d'aider votre compagnon dans une quête un peu personnelle. Plus important, le succès de cette mission entraînera pour chaque personnage le déblocage d'une faculté spéciale complémentaire et un plus forte implication dans le déroulement global de la mission (important pour la fin ...).
Certaines de ces missions optionnelles sont par ailleurs particulièrement bien construites dans leur histoire et leur narration, même si elles s'avèrent au final n'avoir aucun rapport avec la trame principale du jeu : mission sur le site d'un crash où les survivant ont pété les plomb genre "Sa Majesté des Mouches", mission de revanche visant à tuer un ancien traître, interception d'un renégat alien capable de "dévorer sexuellement" ses proies. Rien ne vous sera épargné !
ME2 dispose donc d'une narration réussie et immersive, très bénéfique à l'expérience de jeu, tranchant un peu avec la simplicité et la linéarité de la trame principale de l'histoire qui s'avère ne pas être l'élément central du jeu. En d'autres termes, il sera plus stratégique de se focaliser sur la relation entre vos compagnons et la construction de votre commando que sur la tentative d'éradication de l'humanité et des haricots verts par les Récolteurs.
Bien sur, ME2 comporte également une part un peu plus négative et certaines critiques sont légitimes. Tout d'abord, comme tout bon jeu inspiré du monde PC, vous rencontrerez pas mal de petits bugs durant le jeu. Rien de majeur et de particulièrement méchant, mais surtout des soucis dans l'affichage de certains personnages sur certaines scènes. Autre élément particulièrement pénible : les temps de chargement ! Alors là on est bon ! Déjà le jeu s'installe confortablement sur le disque dur de votre console et vous prendra ses 5 Go de surface minimale de plancher, mais cela ne suffit pas. Dans la majorité du jeu, les loadings sont longs mais pas trop trop nombreux, principalement au début de chaque mission puis dans les changements de lieu ... La où ça devient particulièrement pénible, c'est sur votre vaisseau. En effet, les concepteurs du vaisseau ont eu l'idée brillante de le diviser en 4 étages (dont un qui servira peu ...) où sont dispersés les membres de votre commande, avec lesquels ils faudra pas mal converser pour obtenir des informations, des bonus et des missions. Et entre chaque étage, il y a certes un bon paquet de métal pour l'intégrité du vaisseau, mais il y a surtout un bon temps de chargement qui prend bien, sans exagérer, une bonne minute. Et franchement, se taper une minute de pause à chaque fois qu'on prend l'ascenseur, c'est LOURD !
Mais ces quelques errements ne sauraient nous faire dévier de la bienveillance que l'on ressent à l'égard de ce titre. Certes ME2 reste une production blockbuster qui rentre parfois dans le lard du joueur sans grande subtilité, mais le produit est bien construit, disposant d'un univers cohérent et assez motivant pour qui se met un minimum dedans. Disposant d'une narration particulièrement réussi, il pêche seulement dans son déroulement par le minimalisme de certains éléments de gestion et une relative faiblesse de la trame principale. Mass Effect 2 est néanmoins un titre de grande qualité au sein d'une saga qui promet.
Plus que la nécessité d'avoir jouer à Mass Effect pour apprécier l'opus n°2, la vraie question que je me pose aujourd'hui est "Peut-on avoir joué à Mass Effect 2 sans avoir une terrible envie de jouer à Mass Effect 3 ?"