"You touch the sandwich. Your family dies."

Cette histoire est la mienne. Le rapport avec McPixel n'est pas évident aux premiers abords, mais se fera de plus en plus présent au fil de la lecture.

Donc.

Quand j'étais gosse, à force de jouer à des jeux sur mes vieilles consoles, un désir brûlant s'est doucement implanté dans mon crâne : le désir de créer moi-même du jeu vidéo. Je n'avais qu'un seul désir : challenger le joueur. Lui poser des énigmes amusantes, poser quelques obstacles sur lesquels il fallait être inventif, ou cacher ça et là des petits secrets à débloquer... C'est là que ce plaisir prenait toute son envergure !

Peut-être que, quand vous étiez môme, vous aviez ces inspirations aussi. Et peut-être que vous aussi, vous aviez réussi à mettre la main sur de quoi créer vos oeuvres de génie. Et peut-être que vous aussi, parce que vous étiez gosse, tes énigmes amusantes n'étaient juste que des énigmes de merde où il fallait cliquer sur un pixel à la con caché dans ton décor, que tes obstacles de demeurés nécessitaient de faire un combo débile sorti de ton cul, et que tes secrets à débloquer, personne ne les aurait débloqués de toutes façons, vu que ton idée de dégénéré consistait à taper sur la 4ème brique en partant du haut en regardant vers le nord en moonwalkant entre la 13ème et la 14ème seconde du jeu. Le jeu moyen, en sommes.

La bonne nouvelle, c'est que ton concept de jeu n'était finalement pas si mauvais. La mauvaise, c'est que quelqu'un d'autre se fait de la thune avec.

Parce que McPixel, c'est exactement ton jeu. Du trial & error dans ce qu'il a de plus absurde, des animations dégueulasses, une musique répétitive et moisie, des blagues à base de prout et de pipi. Dans chaque niveau, un truc qui explose, et plein de gens et d'objets pour la désamorcer. Généralement, il faudra prendre un objet, et s'en servir sur un autre objet. Si une mauvaise combinaison est réalisée, tout pète, perdu, passage au niveau suivant.

Pour réussir, une seule solution : taper comme un gros abruti sur ton écran jusqu'à ce que tu trouves la bonne combinaison imaginée par cet esprit malade, qui généralement est la plus incohérente possible hein, sinon ça serait trop facile. Et si tu arrives à réussir 3 niveaux d'affilée sans te tromper de combinaison (Ca n'arrive jamais), tu peux même intégrer un niveau bonus. Que j'ai pas compris. Je sais pas ce qu'il faut faire. Ni si on gagne des trucs. Je sais pas.

De fait, McPixel est peut-être l'un des jeux les plus débiles qui puisse exister. Et c'est pourtant ce qui le rend aussi grandiose : comme un musicien talentueux qui décide de faire de la daube, cet espèce de gros gâchis cache une initiative magique. L'humour d'ado profondément attardé fonctionne (Beaucoup trop) bien, le jeu donne envie de matter tous les gags présents, et une fois sa dignité mise de côté, on prend plaisir à se demander quelles blagues au goût douteux le jeu va nous pondre au prochain niveau, en pouffant par le nez.

McPixel est un mauvais jeu. Genre, profondément mauvais. Mais parce qu'il a été développé dans ce but, parce qu'il l'assume jusqu'au bout, et parce que l'on finit par s'habituer à l'abjection qu'est cette horrible daube, on finit par voir en McPixel ce vieux poto un peu lourd, mais dont les blagues nous feront toujours marrer.