Quand les sirènes ne chantent plus

Je ne finirais jamais de faire l'éloge d'Uri et de ses jeux.
Mermaid Swamp fait partie des premiers qu'elle a développé, et sans être aussi abouti que la trilogie The Strange Man, il est déjà un bon indicateur de son travail.
Quatre adolescents, un scénario digne de n'importe quel film d'horreur américain moyen : ils se retrouvent perdus, en panne dans la forêt, accueillis dans la maison d'un homme mystérieux. Une fois hébergés, des événements pour le moins bizarres vont commencer à se succéder...L'une tombera "malade", l'autre deviendra inexplicablement agressif : au joueur de démêler tout ça pour comprendre ce qui se cache derrière le Marécage aux Sirènes.
Comme d'habitude chez Uri, le jeu est un Horror RPG - sur RPG Maker - basique où on se promène dans divers lieux pour essayer de percer les secrets d'une histoire. On explore, on collecte des objets, on décide de les utiliser...Ou pas. L'arme principale du joueur ici, c'est le choix. Selon les décisions prises, la fin du jeu évolue - il y en a quatre, au total. En alternant entre deux personnages différents, le joueur pourra à loisir fouiller dans la maison, derrière, dans le marais ou dans d'autres lieux encore...Sans savoir s'il sera surpris par une apparition, une séquence de fuite obligatoire ou juste par une lumière qui s'éteint. Tout le talent d'Uri pour perturber son joueur est déjà là : parfois, on en vient presque à souhaiter que quelque chose d'effrayant ait lieu afin que la tension se relâche enfin. Mais pourtant, il va s'avérer que non. Le joueur aura été convaincu à tort : rien ne va se produire. De temps en temps au contraire, il sera vraiment surpris. Et bondira de son siège.
Les indices parsemés dans les divers endroits le feront grincer des dents : plus l'histoire avance, plus la vérité devient gênante, voire carrément horrible. Ils sont égrenés sans que tout ne soit dévoilé trop vite, les articuler ensemble se fait progressivement. Débloquer les quatre fins sera peut-être même bien nécessaire pour avoir la version complète du mystère du marécage - et de la supposée malédiction qui plane sur lui. Le dénouement risque fortement d'en dégoûter certains : Uri n'a pas peur de donner dans le dérangeant. De plus, sur les quatre fins, seulement une pourrait être considérée comme "joyeuse", quant aux trois autres, elles ne font vraiment pas semblant d'être tristes.
Ajoutez-y les "cinématiques-dessin" caractéristiques des Horror RPG Maker joliment réalisées, une ambiance sonore taillée sur mesure et des personnages relativement étoffés pour un jeu aussi court : vous avez la recette parfaite pour passer une délicieuse soirée d'horreur dans une ambiance rétro ! Et en prime, vous pourrez même vous payer une petite balade au musée en observant les tableaux de la maison-mystère - qui sont tous de vrais tableaux...Représentant le même sujet.

Vous dire quoi, ça serait vous donner un gros indice sur le jeu...Sans hésitation : allez-y. Il est disponible traduit en anglais gratuitement, et ne manquera pas de vous abonner au style Uri.