Metal Gear Solid
8.5
Metal Gear Solid

Jeu de Konami (1998PlayStation)

Epopée Metal Gear - Partie 3: Je reviendrai...

Y'a des fois où c'est vachement bon de prendre sa revanche sur les échecs du passé... Si, si, ne dites pas le contraire. Ce type qui vous humiliait quand vous étiez gamin, ou cette fille qui refusait de sortir avec vous au lycée... Vous les retrouvez des années plus tard, et vous les faites finalement hurler tous les deux, chacun d'une manière différente...


Oui bon, sinon il y a aussi les jeux, hein ? Comment oublier cette honte, ces dix premières minutes de Metal Gear Solid ? Je venais d'acheter une Playstation, et on me demandait de me faufiler entre des soldats à l'oeil brillant qui gardaient un ascenseur. Alors... touche carré pour les étrangler. Mais surtout ne pas déplacer Snake en même temps. Pourquoi ? Ha ben oui, je ne les étrangle pas du tout, je les projette sur le sol. Et je me fais généralement repérer tout de suite.


Je pensais être vraiment très mauvais à l'époque, mais en fait pas tant que ça. 16 ans plus tard, je suis revenu. Cette maudite première salle avec ses gardes. Le jeu est identique, bien sûr, mais le monde a changé. J'ai changé. J'ai mûri. Mes muscles se sont douloureusement endurcis. Mon intelligence s'est affinée dans des proportions peu communes et mes réflexes sont devenus presque infaill...MAIS PUTAIN DE MERDE JE L'AI ENCORE PROJETE SUR LE SOL CE CON DE GARDE !


Avoir torché Sons of Liberty et Snake Eater pour se faire ramasser par le premier opus "Solid". Ha, je peux être fier ! Rassurez-vous, j'ai quand même réussi au bout de trois tentatives cette fois. Le truc, c'est que le gameplay était quand même encore bourré d'imperfections à l'époque. Ce dont on ne peut se rendre compte que rétrospectivement bien sûr, quoique... Alors oui, j'étais mauvais, mais pas que... Etrangler les gardes peut se passer très bien une fois et la fois suivante vous gratifie d'une fantastique alarme qui rameute une armée rien que pour vous. En effet, si Snake se trouve un-demi pas trop proche du garde au moment où on appuie sur carré, il le bouscule juste avant de le chopper. Quelle importance me direz-vous puisque Snake se met aussitôt à jouer avec la trachée et la carotide du garde ? Ben il faut croire que toute la base ennemie réagit par vibration psychique ou un truc du genre...


Ce n'est évidemment pas le seul problème. Se coller le dos aux murs et se déplacer ainsi est parfois un cauchemar, par exemple lorsque l'on tente d'éviter les caméras. Impossible également de tirer vers le haut ou le bas. En fait, l'absence d'une vue FPS pour les tirs rend les affrontements assez dégueulasses puisque le tir à la troisième personne est d'une imprécision démoniaque. Et il se trouve que, sous ses dehors d'infiltration, MGS vous confronte la moitié du temps de jeu à des boss que l'on se doit de dézinguer. Et bizarrement c'est par cette spécificité que le jeu finit par se démarquer positivement dans la saga.


Les gardes impersonnels, les caméras et tout le reste, ça n'a finalement que peu d'importance. Ce qui compte, c'est d'être confronté à des êtres à la personnalité marquante. Des personnages qui vivent et construisent une histoire qui mêle militarisme réaliste, soap-opéra larmoyant, philosophie alarmiste et situations geeks so fucking cool. Ce grand mélange convient parfaitement au média, méta-analysé par les trouvailles de gameplay dont 5000 personnes ont parlé avant moi. Metal Gear Solid est grave, drôle, fun, ridicule, intelligent. Surtout, il repose sur les bases de ses deux ancêtres qui le nourrissent et lui donnent une cohérence certaine dans sa volonté de ne rien vouloir oublier. Parfois, ça va trop loin, jusque dans la repompe pure et simple d'une dizaine de situations vues dans Metal Gear 2: Solid Snake. Il m'a fallu du temps pour l'accepter, mais ce dernier n'étant pas censé sortir du Japon, Kojima eut l'idée de faire de MGS, destiné au marché international, à la fois un remake et une suite du précédent opus. Pourquoi pas, après tout ?


Tout l'univers de MGS se nourrit de cette boucle intra et extradiégétique qui offre peu à peu à son auteur la catharsis de ses obsessions. Et au joueur, s'il se prend dans les différents niveaux de lecture du jeu... Alors certes, cet épisode Playstation me semble perfectible dans ses mécaniques, avec le recul de ces 16 années. Mais ce premier MGS est une oeuvre sincère et pleine qui participe à quelque chose de plus grand qu'elle-même. Son souci du détail qui confine à la névrose et son souffle épique en font l'un des piliers d'une des plus grandes sagas de tous les temps.

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le 8 juil. 2015

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Amrit

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