Je ne savais pas quelle note mettre.
Je suis quand-même très partagé. Comment noter ce jeu ? Comment résumer mon avis de manière chiffrée sur une oeuvre qui me désarçonne ?
Tout d'abord le gameplay, qui est quand-même incroyablement lourd, quoi qu'on en puisse en dire. Je ne suis pas un spécialiste des jeux d'infiltration, et donc je ne sais pas si c'est propre au style, mais j'ai eu beaucoup de mal à me faire aux contrôles et à la gestion de l'équipement, hérité du premier Metal Gear Solid, Même jusqu'à l'avant-dernier boss, cette gestion imposée m'a dérangée. Mais une fois le jeu fini, je me suis souvenu de mes parties de Tomb Raider sur Playstation, qui possède une physique encore plus particulière. Heureusement que cette difficulté est contrebalancée non pas par un tutoriel complet (qui manque cruellement en début de jeu, et si la phase du Tanker est un tutoriel, je trouve qu'elle manque beaucoup de pédagogie) mais par une multitude d'action. Certes, on est loin d'un idéal vidéo-ludique, mais on a un pouvoir, celui de choisir comment on va progresser.
Ayant fini le jeu en normal et sans avoir joué à un seul Metal Gear (à part brièvement Guns of Patriots) j'en ai bavé, surtout pour le combat contre les trois Metal Gear, même si en moins d'une heure c'était quand-même plié. Toute la force du jeu réside dans sa puissance culturelle, ses références filmiques, son univers, les thèmes abordés. Et son héros, ses héros : vous. Solid Snake ou Raiden, c'est vous qui prenez les armes, pour défendre une cause, quelle qu'elle soit. On a là la définition antique du héros, il enquête, il réfléchi, il met sa vie en jeu, il défend un idéal.
Certaines personnes y verront un scénario inutilement complexe, où tout le monde trahi tout le monde, et ils auront raison. Mais n'est-ce pas là notre vie ? Encore plus actuellement, après la chute du mur, la géopolitique s'est complexifiée. Personne ne domine, personne ne gagne, car le combat est continu. C'est sans doute ça que m'a appris Metal Gear Solid 2. « Si tu veux la paix, prépare le guerre » dit la maxime, parce que la paix de construit, aussi floue soit-elle.
Je vois souvent des journalistes des médias traditionnels s'extasier devant des jeux comme Heavy Rain, parce que l'ambiance se rapproche d'un film, et là se pose une question : le jeu-vidéo doit-il s'approcher du 7ème art ? N'est-il pas déjà un art avec toute une force évocatrice ? Autre question : si Heavy Rain n'était qu'un film d'animation, aurait-il autant de critiques élogieuses ?
Grosse digression, et pourtant, j'en viens à cette date de 2002. Tout était là, de la longueur, du challenge, avec des cinématiques certes longues mais incroyablement vivantes et bien faites. Non, le jeu-vidéo ne doit pas s'approcher du cinéma, il a déjà tout pour faire de grandes choses, il a tout dans ses mains, il possède le joueur. On est forcément plus réceptif aux messages de fins après plus de 15h devant son écran, on y pense, on y réfléchi.
Hideo Kojima et toute son équipe livrent un monument du jeu vidéo, qui n'est certes pas parfait, qui n'est pas facilement accessible, mais qui apporte un grand questionnement sur l'armement nucléaire et au final sur l'extinction de l'espèce humaine. La fin du jeu met un terme à des années de manichéisme total dans les jeux-vidéo, on se rend compte que les supérieurs de Raiden sont des personnes floues, que beaucoup de personnages qui s'affrontent partagent en fait le même but. En me documentant sur l'histoire, je me suis posé une question : que veulent les Patriotes ? Sans doute la suppression de la possibilité d'une apocalypse nucléaire, ils veulent la survie de l'espèce humaine.
Sont-ils si diaboliques ? Non, c'est juste une faction très puissante. On notera aussi le courage et la liberté d'expression qu'utilise le jeu, parler de terrorisme, d'explosion, d'armes nucléaires, de complot, tout ça après le 11 Septembre, je trouve ça tellement courageux et pertinent, lorsqu'on sait que nombre de films ont été annulés à cause de leur contenu qui pouvait choquer une partie de la population sensible après les événements.
Mon argumentaire n'est pas construit correctement et je le sais, c'est plus un brouillon, mais je pense qu'il est à l'image du jeu. On y prend ce qu'on veut, on sera sensible ou non à une chose, parce que c'est ça un jeu riche et dense. Tout l'opposé des Call of Duty qu'on termine en 5h de jeu, sans se poser de question, parce qu'on ne fait que combattre, parfois on se fait trahir, mais c'est tout, et qu'on oublie ça avant d'aller s'affronter en online avec nos potes. On reconnait les grandes oeuvres (bonnes ou mauvaises) par l'influence qu'elles ont sur nous.
Voilà, je suis impatient de commencer l'épisode 3, puis le premier, puis le IV, et j'attends aussi le V. Je suis tombé amoureux de l'univers, comme de celui d'Escape From New York, comme beaucoup d'autres films, jeux ou livres.
Plus tard, j'aimerais bien être Solid Snake.