Découvertal Gear : 7/11


Portable Ops est un opus à part dans la série Metal Gear. Il s'agit d'un des deux jeux canoniques qui n'aient pas été dirigés par Kojima et du premier à être sorti sur une console portable (comme le révèle subtilement le titre). Ma PSP ayant rendu l'âme depuis plusieurs années, j'ai carrément été en racheter une rien que pour y jouer ! Et reprofiter au passage de la ludothèque surprenante de cette console.


Dans MPO (abréviation officielle du titre, allez savoir pourquoi ils ont viré le GS) on incarne donc Naked Snake aka Big Boss, quelques années après les événements de MGS3. Notre héros est fait prisonnier en Amérique du Sud par une faction délictueuse de l'armée américaine, alliée à des Soviétiques, qui compte balancer un missile nucléaire sur le Pentagone. Enfin, ça c'est les grandes lignes, il y a tellement d'agents doubles ou triples dans cette organisation que j'ai fini par perdre le fil et oublier qui visait quel pays. Snake va prendre les choses en main et finira par faire exploser le tout premier Metal Gear de l'Histoire.

Si j'y ai joué après MGS4, notez bien que le jeu est en réalité sorti deux ans plus tôt et tourne sous le même moteur que MGS3. Ca en fait un jeu vraiment propre sur PSP, mais cette console est aussi son plus gros défaut.


On va donc commencer par là : le jeu est ignoble à prendre en main. Depuis le temps, j'avais oublié que la PSP n'avait pas de second joystick (et les jeux que j'avais faits jusque-là étaient surtout des jeux de course ou des plateformers 2D, pas des genres qui nécessitent un deuxième bâton de joie donc) et dans un jeu d'action où l'observation des ennemis est essentielle, ça rend la tâche abrupte. On peut contrôler la caméra (et même straffer) avec la croix directionnelle, mais ce n'est absolument pas pratique vu qu'elle est du même côté que le stick. Même après 15h de jeu, je me faisais régulièrement repérer par des ennemis qui m'arrivaient dans le dos ou une caméra placée un peu trop en hauteur. Vu que jusqu'à MGS2 la série a toujours été vue du dessus, le jeu aurait vraiment gagné à réutiliser cet angle. Mais ç'aurait été moins impressionnant graphiquement et j'imagine que Konami préférait épater les foules, dommage de ne pas l'avoir au moins proposé en option…

C'est vraiment frustrant parce que le reste du jeu se manie plutôt bien. Toutes les actions de la série sont de retour, et en termes de contenu il est vraiment généreux. Bon, la visée à la première personne pourrait être meilleure, mais j'impute ça au petit écran de la console qui fait que je tirais souvent à côté de ma cible. Il y a eu tellement de balles perdues dans ma partie que je vais finir par croire que c'est moi qui ai blessé Kendji Girac.

Ah, et aussi, les commandes dans les menus sont à la japonaise, c'est-à-dire que X ne sert pas à confirmer mais à revenir en arrière. Très déroutant (surtout que la gestion de menus a une place assez importante), et à moins que mes souvenirs ne me fassent défaut, c'est le premier jeu PSP que je fais qui suive cette convention.


Le gros gimmick du jeu, c'est que Snake peut assommer les gardes et les forcer (oh pardon, convaincre après plusieurs jours de prison) à travailler pour lui, ces soldats peuvent ensuite être affectés à différentes unités, comme la R&D de nouvelles armes, l'espionnage de bases ennemies ou même se battre à vos côtés sur le terrain. Sur le papier, c'est marrant de pouvoir contrôler des unités ennemies, elles peuvent même s'infiltrer aux yeux de leurs ex-collègues sans se faire repérer, mais il y a un gros problème : elles puent la merde.

Chaque soldat a des statistiques (que j'imagine randomisées) dans plusieurs compétences : précision, corps-à-corps, santé, recherche, etc. Mais en général, ces statistiques sont extrêmement basses, même en fin de jeu il n'est pas rare de recruter un soldat qui n'a que des B et des C dans ses statistiques. Résultat : vos nouvelles recrues sont lentes, peu utiles en combat, ne savent pas toujours étourdir un ennemi à mains nues et sont rapidement épuisées. Puisqu'il n'y a même pas moyen d'améliorer les statistiques, au bout d'un moment je n'utilisais plus que Snake et je laissais les troufions ramasser les soldats étourdis que le serpent laissait derrière lui.


On peut toutefois recruter des boss et même des personnages de MGS3 (Ocelot, Paramedic…) et ceux-ci ont de très bonnes statistiques, mais la méthode pour les débloquer est souvent tarabiscotée ou requiert de finir plusieurs fois le jeu, ce qui rend cette possibilité moins excitante que prévu.

Autre problème du recrutement : il faut forcément traîner les soldats étourdis jusqu'à un camion ou jusqu'à la planque d'un de vos alliés, et c'est souvent lent et chiant. Sans exagérer, je pense que la moitié de mon temps de jeu a consisté à déplacer des corps.


Comme je le disais, le contenu annexe est assez important puisqu'on reçoit régulièrement des rapports de nos espions signalant qu'une arme rare est disponible dans un certain lieu, et même parfois l'accès à une nouvelle zone de jeu. Ca peut paraître répétitif (et à forte dose, ça l'est), mais je ne me suis pas lassé de retourner dans de vieilles zones pour renforcer mon équipement et mes troupes.

Du coup, il est dommage qu'une fois le jeu complété, ma sauvegarde ait été effacée afin de préparer un New Game+, qui fait reprendre du début (mais avec toutes les armes conservées). C'est chiant, j'avais laissé des quêtes en suspens, j'aurais bien voulu les faire.

Mentionnons tout de même le très émouvant thème de fin, Calling to the Night. Pas aussi culte que Snake Eater, c'est tout de même une belle musique qui reste dans la tête, et son leitmotiv est repris dans plusieurs pistes de l'OST.


Si j'ai annoncé en préambule que le jeu était canon, sachez que c'est un petit mensonge. Le jeu a bel et bien été inclus dans la timeline principale pendant un temps (une de ses cinématiques est même montrée dans MGS4) et son scénario a été écrit par Kojima, mais de ce que j'ai lu, les jeux suivants n'y font plus référence et le contredisent parfois. Mais honnêtement, vu qu'il se passe peu de choses dans le scénario, je ne vois pas ce qu'ils ont pu supprimer.

Les points principaux sont Big Boss qui rencontre les futurs Gray Fox et Colonel Campbell (qui est victime de malaria ici, et qu'il n'arrive pas à soigner avec de la chloroquine, n'est pas Raoult qui veut), la révélation que le tir de missile de Volgin dans MGS3 avaient été commandité par quelqu'un au Pentagone (on ne sait pas qui, peut-être Zero si j'en crois MGS4) et surtout, Snake devient un meneur de troupe, une vingtaine d'années avant les événements du premier Metal Gear où il créera sa nation de soldats. C'est un élément très important dans le lore de la saga, même si j'imaginais quelque chose de plus épique comme backstory que de le voir traîner des corps pendant 5 heures.


Le scénario est globalement léger comparé au reste de la saga, aucune cinématique à part la dernière n'excède les 5 minutes (elles sont d'ailleurs très jolies, avec leur style comic-book). Snake se fait souvent sucer la teub par tous les ennemis qu'il croise (c'est devenu un soldat légendaire depuis MGS3), ce qui est assez marrant vu que potentiellement toutes les missions du jeu peuvent être faites par quelqu'un d'autre que lui. J'ai battu le prétendu "Soldat parfait" avec un noname total, c'est ça la beauté du jeu vidéo.

Notons que l'histoire fait souvent des parallèles avec MGS1, en particulier avec son antagoniste blond, présenté comme un frère spirituel de Big Boss et qui s'appelle Gene, mot qui était répété à peu près toutes les 1,5 secondes dans le titre PS1.

Tant qu'on est dans la thématique des noms, l'antagoniste secondaire et traître à sa patrie s'appelle CUNNINGham. La subtilité n'est pas la qualité première de cette saga.


MPO n'est pas un opus très important dans la série, bien qu'il soit très ambitieux et assez long grâce à sa structure en missions, et que son contenu annexe le rende assez addictif. J'y ai clairement passé plus de temps que sur MGS2.

Il gagnerait toutefois à être réédité sur une console avec un deuxième stick et un plus grand écran. Espérons que la deuxième compilation MGS réparera cette erreur et nous permettra d'admirer le juste-au-corps noir et jaune de notre Boss préféré en haute définition !

Sonicvic
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le 29 avr. 2024

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