La série Metal Gear Solid est aujourd'hui une saga entourée d'un halo de renommée, liée aux nombreux opus aujourd'hui légendaires et d'une qualité certaine sortis sur PSOne, puis sur les consoles de générations suivantes. J'ai été très attaché à cette saga que j'ai découvert avec le mythique épisode sur PlayStation première du nom. Après, je n'en suis pas non plus un connaisseur exhaustif.
Tout ça pour dire que, dans mon esprit, l'épisode 4, Guns of the Patriots, marquait la fin de l'arc narratif initié avec l'épisode Metal Gear Solid sur PSOne. L'épisode 4 constituait, notamment sur la fin, une avalanche de réponses, pas toujours hyper clair mais au moins présentes, à un grand nombre de questions, de problématiques, voire de thématiques philosophiques, générés sur les 3 épisodes précédents. Je ne sais plus exactement quels termes j'avais utilisés, mais j'avais abordé dans ma critique de l'époque sur Guns of the Patriots la notion de "conclusion orgasmique".
J'étais donc un peu surpris - voire dubitatif - lors de l'annonce de la sortie prochaine d'un épisode 5 ... Et ce sentiment s'est un peu renforcé lorsqu'on nous a fait le coup du "pré-épisode / démo / prologue / on ne sait pas trop quoi" qui allait sortir préalablement au vrai épisode. Certes, MGS, comme tout jeu vidéo, doit répondre à un modèle économique. Mais pour une série qui avait conquis les joueurs grâce à une approche idéologique et philosophique du jeu vidéo, ça dégradait un peu l'image de la saga ...
En tout cas, j'étais bien entendu curieux, mais perplexe. Et c'est sous cette optique que j'ai acquis (en promotion, ça m'aurais fait chier de débourser le prix complet) puis lancé Ground Zeroes. Cela explique sans doute une appréhension un peu négative que j'ai eu du titre.
Bon ! Premier point ! Les p'tits gars de chez Kojima Productions ont gardé le sens de la mise en scène. Et leur travail est rendu plus facile par le charisme naturel dégagé par notre héros. Au premier abord, ça nous boost bien pour aborder l'aventure avec un certain entrain. Ca compense un peu avec le manque assez flagrant de background donné à l'opération qui sera la notre dans ce prologue. Pour un joueur comme moi n'ayant pas joué à l'épisode Peace Walker, la transition est un peu dur. En effet, je ne connais les aventures de Big Boss qu'à travers l'épisode 3 et on est lâché en pleine Guerre Froide comme un chien dans un jeu de quilles. Un point un peu désagréable ...
Sur le fond, ça reste du MGS dans le texte. Peut-être n'étais-je pas totalement dedans, mais j'y ai retrouvé un gameplay certes pas désagréable, mais finalement très convenu au regard de ce qui avait été développé dans les précédents épisodes. Pis, les choix de maniabilité faits pour cet épisode m'ont semblé moins pertinents que ceux des épisodes précédents.
L'aventure principale est relativement courte, et surtout peine - à l'inverse de tous les épisodes précédents - à nous mobiliser à travers son arc narratif. C'est encore une fois sans doute lié au fait que je n'ai pas joué à Peace Walker, mais j'ai été assez insensible aux différents personnages croisés.
Dans les faits, Metal Gear Solid - Ground Zeroes n'est pas un mauvais jeu. Il bénéficie du savoir faire développé par la série depuis quelques années maintenant et donc un gameplay travaillé quoique peu innovant en apparence. Le problème de ce jeu est plus celui du contenant. J'étais sceptique sur le format et parcourir l'aventure ne m'a pas fait ouvrir mes chakras. On s'attend à du court, donc on ne s'investit pas autant que pour un épisode classique. En fait, j'en avais pas grand chose à faire de voir mon personnage mourir une quinzaine de fois parce que j'avais eu une appréhension un peu paresseuse de la situation dans laquelle j'étais. L'arc narratif n'étant pas évident - en tout cas pour moi - j'ai survolé l'aventure sans grand investissement, sans attachement spécifique aux personnages et aux situations, sans grand souvenir et sans grand climax ...
Je suis peut-être un peu sévère dans la notation, mais Ground Zeroes constitue pour moi une déception. Une déception que je suis content d'avoir eu car j'aurais encore plus pesté si j'avais raté ce prologue, mais ce dernier a dégradé l'image d'une série qui m'est cher.
Il ne restera donc plus qu'à The Phantom Pain de rattraper ce petit accroc ...