Découvertal Gear : 10/11
Teasé depuis MGS4, le cinquième épisode numéroté de la série était attendu comme le messie par les fans, mais aussi par Konami qui commençait à voir les coûts de production du jeu exploser depuis 6 ans, et qui avait bien envie de se faire un petit billet en attendant la sortie.
La solution est toute trouvée : vendre le prologue séparément du jeu de base. Cela permet de rentabiliser un peu la production et d'habituer les fans à la nouvelle formule de la série. Ca fera 40€ messieurs-dames ! Le scénario de ce "jeu" durant à peine une heure, c'est comme si MGS3 avait divisé la Mission Vertueuse et l'Opération Snake Eater en deux jeux. Pour l'éthique, on repassera. Notons tout de même que le jeu est aujourd'hui souvent vendu en bundle avec sa suite.
Dans Ground Zeroes, on incarne Big Boss (qui d'autre ?) partant délivrer Paz et Chico d'un camp d'internement cubain en 1975. Ca ne fait pas spécialement plaisir de retrouver ces deux personnages/boulets de Peace Walker, mais bon. Vu la fin du jeu, je doute qu'on reverra Paz de sitôt.
La narration se fait en partie grâce à des pavés de texte (en particulier le contexte de la mission), ce qui est loin d'être une façon de conter incroyable. La cinématique finale d'une dizaine de minutes alliant gore et action tire son épingle du jeu en termes de mise en scène, mais c'est bien le seul moment qui brille, dans une série qui s'est pourtant attachée à exploiter les capacités du médium au maximum.
Signalons également que David Hayter a été viré comme un malpropre de la série et a été remplacé par Kiefer Sutherland, acteur dont je viens de vous rappeler l'existence, mais qui à l'époque était auréolé du succès de 24 Heures Chrono. Il incarne un Snake franchement peu charismatique, parlant avec l'intensité du PNJ qui vous remet une quête secondaire dans un MMO. Bref, choix plus que discutable selon moi, on verra comment il s'en sort dans The Phantom Pain. Bizarrement, aucun personnage secondaire (Miller, Huey…) n'a changé d'acteur.
Allez, parlons du positif. Le jeu se prend très bien en main, on repart sur les bases de MGS4, ça fait plaisir après les jeux PSP qui étaient perfectibles sur ce point. De nouvelles options de mouvement ont été ajoutées, comme la roulade en étant allongé, ou même un bullet time permettant de tuer un garde juste avant qu'il ne donne l'alerte. Des additions bienvenues et qui se prêtent bien aux missions du jeu, plus orientées infiltration que la plupart des précédents épisodes de la série et laissant une bonne part d'improvisation au joueur.
La zone de jeu est en effet relativement grande et on peut généralement accomplir les objectifs demandés dans l'ordre que l'on veut. L'IA des gardes est bonne, même si je les trouve un peu trop agressifs à la moindre contrariété (déployer l'armée dès qu'une caméra tombe en panne, pétez un coup les gars).
Elle manque tout de même un peu d'options pour se cacher, en-dehors de quelques conduits dans la zone fortifiée. On n'a même pas droit à l'iconique carton pour se planquer, ça rend chaque alerte assez frustrante vu que les meilleures zones de repli sont très éloignées des lieux centraux, et ça prolonge assez artificiellement la durée de vie.
S'il n'y a qu'une seule mission scénarisée, le jeu contient aussi 6 missions annexes pouvant être faites dans deux niveaux de difficulté. Cela dit, à moins de vouloir absolument atteindre le 100% (ce qui inclut de tout finir en rang S, de trouver tous les collectibles à peine visibles, etc), le jeu ne vous occupera qu'une demi-douzaine d'heures à tout casser. C'est vraiment une simple démo, avec un scénario principal qui s'arrête lorsque ça devient intéressant et 6 autres à la canonicité plus qu'ambiguë (coucou Raiden).
J'aime bien la mission qui recrée certains passages de MGS1 cela dit, même si c'est de la nostalgie un peu facile, ça fait au moins plaisir d'entendre des remixes des musiques. Et débloquer un skin 32-bits de Snake, ça titille mon fétichisme des gros polygones.
Au moins, le jeu tourne impeccablement sur mon PC, ce qui est vraiment plaisant vu le niveau de détail des graphismes. Pas un drop de framerate, des temps de chargement tout à fait raisonnables (la transition cinématique/temps réel se fait d'ailleurs de façon très fluide dans la scène d'intro)... Ca augure du bon pour TPP.
Vous noterez au passage que la numérotation de la série abandonne les chiffres arabes pour un V romain. Je ne sais pas si ça aura une symbolique dans TPP, mais ça ne m'empêchera pas d'utiliser l'abréviation MGS5. Je suis un rebelle, que voulez-vous.
Ground Zeroes a beau n'être qu'un apéritif assumé, il a parfaitement rempli son contrat : allécher le chaland (que je suis) pour le jeu principal. Il faut transformer l'essai désormais, et heureusement je n'aurai pas à attendre un an et demi pour ça.