Ayant fait et grandement apprécié la plupart des opus de cette série culte qu'est Metal Gear Solid, cet épisode s'annonçant comme le dernier épisode ambitieux de la série par Kojima suite à ses déboires avec Konami, présentée comme la conclusion de la partie de la saga nous plaçant aux commandes de Big Boss, la première expérience MGS en monde ouvert sur la nouvelle génération de consoles... c'est avec une grande impatience que j'ai guetté l'arrivée de ce MGS V Phantom Pain, avant de vous donnez mon avis une petite mise au point sur le choix de son support parmi les 5 proposés à sa sortie.
Je me suis offert une PS4 en bundle avec ce MGS V, j'aurais aussi pu y jouer sur PC dans des conditions relativement similaires voire légèrement supérieures mais ça faisait un moment que je voulais une PS4 et le bundle était économiquement intéressant, j'avais fait Ground Zeroes sur PC à la souris et à la manette et le gameplay à la manette m'allait très bien et puis j'ai une tendance, certes un peu stupide, à associer la licence MGS à Sony donc voilà pourquoi la version à laquelle j'ai joué, et dont je vais vous parlez par extension, est celle-ci.
Dernière petite précision cette critique ne contient pas trop de spoilers (beaucoup moins que dans les trailers officiels) et je vous propose cette superbe musique tirée de l'OST du jeu pendant la lecture si ça vous tente :
https://www.youtube.com/watch?v=RiS1xQoQvKE
RÉALISATION : 8/10
La série a toujours profité d'une mise en scène exceptionnelle inspirée du cinéma, c'est encore vrai ici : les plans de caméra lors des cinématiques sont superbement choisis : utilisation des reflets, du hors-champ, de la vue subjective... et on peut à tout moment ou presque avoir une légère influence sur eux en zoomant sur un point précis pour se rendre compte de la finesse des textures, c'est assez phénoménal une telle maîtrise pour quasiment toutes, j'aimerais tellement que plus de jeux en soient dotées, Kojima est clairement au summum de sa forme dans ce domaine tout particulièrement, un nouveau cas d'école pour cette génération.
Les décors sont esthétiquement très inspirés, on voit peut-être un peu trop souvent les mêmes malheureusement mais ils sont réussis donc c'est acceptable, MGS 4 était par exemple plus varié mais tous ces environnements n'étaient pas systématiquement impressionnants. Le chara-design a été soigné pour la plupart des personnages impliqués dans le scénario, pas mal de blessures de guerres sont au menu pour renforcer le côté sombre de l'histoire contrastant avec les décors quasi-paradisiaques que l'on peut être amené à parcourir, ça marche plutôt bien, mention spéciale au design de Skull Face déjà entrevu dans Ground Zeroes.
Le moteur du jeu permet une tenue personnalisable prise en compte continuellement, y compris durant les cinématiques et même sur l'écran titre, c'est très respectable d'autant que beaucoup ont la classe et un vrai impact sur le gameplay puisque plus ou moins camouflée selon l'environnement et les meilleures offrent le choix de la furtivité ou de la résistance. Cette personnalisation se retrouve aussi dans la mother base dont on peut changer la couleur, un emblème que l'on retrouve ici et là à élaborer grâce à plein d'options à débloquer, des tenues différentes pour nos coéquipiers... Je fais partie des joueurs qui aiment bien quand il y a tout ça pour s'amuser un peu et constater que les développeurs étaient consciencieux jusqu'au bout.
Parmi les défauts techniques faisant un peu tâche sur ce beau tableau j'en retiendrais surtout 2 : le clipping avec un effet de flou assez prononcé avant que ça ne devienne net quand on pose son regard un peu loin et des textures s'affichant tout simplement en retard mais la distance d'affichage nette est très acceptable pas de soucis majeur, également les effets d'ombre sont très alliasés mais comme c'est ce qui bouffe le plus de ressources en général pour pas grand chose je comprend sans problème ce défaut et j'aurais eu très certainement le même avec mon PC. MGS V est donc un très beau jeu qui souffre de quelques soucis techniques pas si graves que ça et d'un manque de variété dans les décors même si au moins ça permet à ceux qui existent d'être très réussis, donc j'en suis plutôt satisfait, sans non plus avoir été superbement impressionné.
GAMEPLAY : 10/10
Si le début du jeu m'a fait terriblement peur avec une avalanche de scripts à n'en plus finir dans un couloir large de deux mètres au mieux, dès notre arrivée en Afghanistan, soit au bout de même pas une heure de non-jeu, être confronté à ce qui sera le vrai gameplay du jeu tout du long m'aura fait l'effet inverse. La palette de mouvements est dans la continuité de Ground Zeroes, à la fois très riche et très souple, le maniement de Snake marche très bien, la visée TPS / FPS marche très bien, le CQC marche très bien, la navigation dans les items en temps réel marche très bien, la récupération par ballon marche très bien... vous l'aurez compris tout marche très bien et le jeu compte une quantité phénoménale de petites subtilités à découvrir venant constamment surprendre, j'y ai retrouvé la richesse des anciens épisodes parfaitement remis au goût du jour des jeux modernes. Est-ce qu'on a atteint la perfection ? Franchement j'en ai l’impression.
Le cycle jour / nuit en continu apporte vraiment quelque chose avec l'impact sur la visibilité bien sûr mais aussi des tours de garde, des soldats endormis... pour une immersion plus grande et plusieurs façons de jouer. La difficulté est très bien dosée avec plein de petites aides facultatives auxquelles il faudra renoncer pour finir le jeu à 100 % : le mode réflexe, le soutien par hélico, l'interaction avec le coéquipier... sont autant de mécaniques très pertinentes et bien intégrées qui procurent un vrai plaisir de jeu sans empiéter sur les puristes voulant jouer à l'ancienne qui seront récompensés au scoring, une gestion de la difficulté qui me va parfaitement d'autant qu'elle est réellement progressive au fur et à mesure de l’avancée du jeu.
L'une des particularités de ce MGS V c'est le monde ouvert qui n'en est pas vraiment un mais qui tranche net avec le game-design des anciens MGS qui étaient très sectionné en petites zones de jeu avec rarement une grande zone. Bah là c'est très exactement l'inverse et si la construction de ce monde ouvert est très perfectible avec les retours à l'hélico qui cassent un peu l'immersion, devoir revenir à un lieu parce que l'événement n'était pas encore déclenché lors de ta première visite... j'en suis ressorti convaincu car même si en tant que monde ouvert c'est pas le top ça déroule le tapis rouge à un level-design vaste permettant pas mal d'approches différentes, devoir trouver un point d'observation élevé à côté de la base à infiltrer, réfléchir par où rentrer, par où atteindre l'objectif, quels ennemis contourner ou affronter, quel équipement saboter ou retourner à l'envoyeur... c'est un point fort qu'on retrouvait un peu moins dans les anciens opus sauf à certaines phases comme le combat mythique contre The End dans MGS 3 par exemple.
J'ai d'ailleurs souvent vu les combats de boss cités comme point faible, je ne suis pas d'accord, ils sont frustrants c'est sûr pour la plupart mais ils ne sont pas mal fait, faut juste comprendre la logique et ça passera, ce ne sont clairement pas les meilleurs boss de la série à affronter on est d'accord, encore moins les plus charismatiques très certainement, mais ils ne sont pas foirés. La répétitivité des objectifs est très grande mais ce n'est pas un problème pour moi puisque le gameplay est génial donc même si il y a beaucoup de recyclage ça ne me dérange pas le moins du monde mais c'est clairement pas l'avis de tous, faisant partie des 3.6 % des joueurs à avoir eu la patience de faire tous les objectifs annexes.
En somme, je ne sais pas vraiment si on peut parler de perfection pour un gameplay, ça paraît impossible mais là vraiment ça va être dur à battre dans ce genre là donc moi je dis 10/10 à ce sujet et j'assume, Phantom Pain vaut le coup ne serait-ce que pour son gameplay et c'est pas rien.
SCENARIO : 6/10
Le scénario était bien sûr l'un des points sur lequel j'attendais le plus le jeu compte-tenu de la saga à laquelle ce jeu appartient et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne m'attendais pas à ça. Le fameux ratio phases de jeu / cinématiques des MGS est complètement déglingué pour un nombre assez faible de cinématiques dans lesquels il ne se passe grand chose pour certaines, la narration se fait essentiellement par cassette audio que l'on écoute en jeu à loisir. C'est bien par ce moyen que l'on apprend plein d'informations quasi-essentielles à la compréhension du scénario et si certains aiment ça moi je trouve ça très facile, certes c'était déjà le cas dans Peace Walker mais on était sur Portable, là non ! C'est comme les maudits à suivre d'une mission à une autre qui n'ont juste rien, mais rien à faire là !
J'ai trouvé Snake également trop souvent en retrait dans les dialogues, s'effaçant au profit d'autres personnages comme Kaz ou Ocelot qui gagne en consistance du coup mais cela devait-il se faire au prix du charisme de Snake ? Alors que paradoxalement c'est ce charisme qui explique une grande partie du scénario. Je n'ai pas compris ce choix, la vraie fin m'a donné un semblant d'explication mais c'est venu trop tard et c'est tellement sous-exploité, l'idée de base est géniale mais rien n'en est fait à part un twist final pour les tous derniers moments du jeu, que c'est dommage, enfin dommage c'est pas comme si Snake était doublé par le bon doubleur.
Si vous avez vu la "vraie fin" (entre la première fin, la seconde, celle de quiet, la version qui n'a pas été retenu finalement et la fin alternative de Grond Zeroes dur de s'y retrouver) je vous conseille ce post qui regroupe les 3 interprétations possibles de la fin : http://www.jeuxvideo.com/hitokiri_manji/forums/message/741171719
Skull Face fut un ennemi assez charismatique mais finalement aux motivations que j'ai trouvé peu brillantes, limites un peu nanards. Quiet est géniale mais sa fin est trop compliquée à déclencher et encore une fois arrive trop tard, le personnage est très sous-exploité. En fait, quand j’écris ces lignes je me dit que le mot pour ce scénario c'est sous-exploitation pour résumer mon avis, plein de fois je me suis dit ça aurait été génial si... mais la cinématique s'est déjà coupé, le jeu est passé à autre chose. Une profonde déception quand je repense à l'ultra-efficacité de certaines scènes, pour mon cas c'était notamment les missions 29, 30 et 31 où je me suis demandé ce qui se passait tellement je trouvais ça mille fois mieux que tout depuis lors, mais ce fut trop éphémère dans la durée de vie globale du titre.
Comme attendu il y a beaucoup de références jusqu'à certains épisodes méconnus du grand public comme Portable Ops mais ça reste des références, le jeu est globalement compréhensible sans bien connaître toute la série j'ai l'impression, peut-être est-ce cette orientation grand public qui m'a déçu, peut-être est-ce parce que Kojima n'eut pas le temps de faire le jeu qu'il voulait, peut-être s'est-il perdu dans un monde ouvert qui l'a dérouté dans sa narration, peut-être en attendais-je trop à la vue des trailers, peut-être suis-je passé à côté de ce parti pris, peut-être n'ai-je pas saisi toutes les subtilités que je prend pour incohérences... je ne saurais expliquer clairement pourquoi seulement 6/10 au scénario mais je ne m'attendais pas à ça.
CONCLUSION : 8/10
MGS V est pour le meilleur comme pour le pire l'adieu à la série, son apogée à mon avis du point de vue de son gameplay à la fois riche, souple et équilibré qui à lui seul ne me fait en aucun cas regretté les dizaines d'heures que j'ai passé dessus mais ce que fut finalement son scénario me laissa sur ma faim, mais c'est un avis personnel et rien que pour son gameplay ce jeu est un incontournable de 2015 et même de ces dernières années, ça ne fait aucun doute. Heureux d'avoir incarné Big Boss, une dernière fois.