Evaluer ce jeu ? Très compliqué. Mettre une note ? Encore plus compliqué. J'aurais bien besoin de deux barèmes, on y reviendra.
Ce jeu m'a fait passer par un bon paquet d'émotions. Mais ça s'est terminé par les mauvaises, c'est embêtant. Après environ 80h heures de jeu et un certain temps de recul, j'me suis dit que je me défoulerai en critiquant ce petit bluray tant attendu.
Ça commençait pourtant bien
L'introduction du jeu, une bonne heure de prise en manette, c'est du MGS. C'est impressionnant, on se tape 10 cinématiques à la seconde, et on joue très peu. C'est blindé de souffle épique, c'est militaire, sanglant et le trip mystique et fantastique devient rapidement kitsch (la baleine, vraiment ?!). Bref, du terrain connu, du rassurant, tout va bien. Deux trois mystères et énigmes se lancent et les théories commencent déjà à affluer sous nos caboches de joueurs.
Peu de temps après, on nous lache sur une première véritable mission en open-world, et les premières impressions se transforment alors en promesse : "Ça va être vachement bien, j'ai hâte de dévorer tout ça" : Sans être bluffant, le jeu est relativement beau, c'est ultra fluide, Venom Snake est maniable, on oublie la rigidité de tous les épisodes précédents, la musique est toujours canon, les ennemis sont bien moins cons et ça respire la richesse de gameplay dans tous les coins.
C'est donc assez rapidement qu'on se retrouve sur notre base d'opérations, la "mother base", un lieu parametrable et améliorable à souhait, par le biais de ressources obtenues sur le terrain et surtout par ces soldats qu'on kidnappe sur le champ de bataille avec le système de ballons Fulton. Un principe hérité du précédent Metal Gear, Peace Walker (le premier qui me sort Ground Zeroes en le qualifiant de jeu et pas de démo payante, je lui en colle une).
J'vais pas vous faire un topo détaillé du système de jeu, vous en savez probablement déjà bien assez et ce n'est pas l'intérêt ni le sujet de cette critique. Concrètement, les premières heures sont excellentes. On savoure un gameplay sur le terrain exceptionnel, s'enrichissant de mission en mission, sur un fond de musiques 80's. On kidnappe des soldats que l'on dispatche sur sa base, on profite de nouveaux équipements, bref, la vie est belle. Oui mais...
The Fulton Pain
Lentement mais sûrement, les promesses du départ se déteriorent en espoir qu'on ne se soit pas trompé de jeu : Certains choix des développeurs semblent douteux. Ça commence par de petites imperfections et lourdeurs qui ne devraient pas se trouver là, entre l'impossibilité d'aller d'un point A à un point B sur une des deux grandes maps du jeu avec l'hélico, et cette idée complètement conne de générique à CHAQUE mission lancée, spoilant complètement sur les ennemis que l'on va rencontrer.
C'est pardonnable. C'est lourd, mais pardonnable. On se trouve toutefois rapidement face à un autre souci, majeur celui-ci :
Diable, que c'est répétitif.
Mother Base > Mission > Mother Base > Mission secondaire > Mother Base > Etc. Si encore, les missions secondaires étaient intéressantes ? On se contentera d'extraire le même prisonnier 18 fois ici, de détruire ce régiment blindé 27 fois par là... Il y a quelque chose qui cloche. Le principe était similaire dans Peace Walker, certes, mais ça fonctionnait. Pourquoi ?
Parce que Peace Walker se jouait sur une console portable. Sur une console portable, on joue par sessions, certainement pas 5 heures d'affilées. C'est propice à la collectionnite façon RPG qui caractérise ces Metal Gear particuliers, c'est propice à l'amélioration graduelle d'un QG virtuel, c'est propice au farming, c'est propice au kidnapping de personnages virtuels façon Pokemon....
Mais pas sur console de salon. Ici, on se résigne à effectuer ces taches fastidieuses (certes avec un gameplay fabuleux) quasi obligatoires en esperant deux carottes particulières à cette saga :
De bonnes cinématiques et des twists scénaristiques qui s'enchainent.
Las, les cinématiques se font malheureusement extrêmement rares, beaucoup trop, un véritable excès inverse de ce qui se faisait précédemment. Elles restent impactantes, très bien foutues mais trop tard, le gout amer reste en bouche, commence à s'y installer.
Quant au scénario... On arrive ici sur un très, très gros point noir.
Metal Gear Laziness : Sons Of Deception
A l'instar de Batman : Arkham Knight (très, très bon jeu au demeurant) et l'identité de son Arkham Knight grillée dès la première apparition de ce dernier si ce n'est avant pour n'importe quel fan, MGS V pêche par ses surprises éventées dès les premiers instants.
Les ennemis de l'introduction ? Vous savez qui ils sont. Depuis les bandes annonces du jeu, avant même sa sortie, putain !! Vous esperiez vous planter, vous esperiez vous faire avoir, non. Vous savez qui ils sont. Le twist final (dont je tairai le contenu, ne soyons pas stupides) ? Il retombe comme un soufflé loupé. Les plus attentifs... Non, le joueur moyen de la saga, carrément, aura soupçonné son contenu dès la scène de l'hopital. Les quelques indices lourdauds disséminés tout le long de l'histoire achèveront de vous faire comprendre. A tel point que l'instant de révélation ne porte aucun coup au joueur, aucun impact, rien. On se contente de "Oui ? Et ? On le savait déjà, ça ?? Ensuite ??".
C'est dramatique.
C'est dramatique parce qu'on parle de la série qui comprend notamment MGS2. Dans MGS2, qui peut honnêtement avoir deviné l'identité du ninja ? Qui peut avoir anticipé Raiden ? L'arsenal Gear ? Le projet 3S ? Le vrai projet 3S ? Solidus Snake ? Toute la seconde moitié du jeu ???? Je peux continuer comme ça très longtemps.
Là, rien. Un seul pauvre twist. Et grillé depuis le debut pour certains. Soupçonné dès le début par n'importe quel fan.
Metal Gear Quiet : Sniper Of the Almost Only Cool Character in This Game
Tout n'est pas à jeter dans l'histoire, loin de là. Le plan machiavélique du méchant est original. Le personnage de Snake est une véritable réussite, bien plus sobre et conçis (donc plus efficace) que dans ses précedentes aventures (mention spéciale à Kiefer "Jack Bauer" Sutherland, qui le double avec Maestria, pardonnant même l'absence de David Hayter). Son charisme est préservé et chacun de ses mots porte plus loin.
Et si le jeu est parvenu à nous présenter un Ocelot transparent et décevant alors que c'est le meilleur personnage de la saga, les équipes de Kojima ont tout de même sauvé l'honneur avec le sniper Quiet, ses charmes indéniables (ouais, c'est une meuf quasi à poil avec un snipe quoi.) et une véritable histoire intéressante. Du genre à vous faire presque oublier qu'on voit tout le temps sa poitrine et qu'elle n'est pas là que pour ça. Chacune de ses apparitions vous sort de la torpeur dans laquelle vous êtes plongés depuis votre mission d'extraction de prisonnier numéro 1541684. Sa puissance, en tant que compagnon en mission, ou lors de cinématiques convaincantes est totalement bluffante, arrache la rétine. Animale dans son comportement et très humaine lorsque l'histoire creuse un peu, elle est un peu la dernière héritière des fantastiques backgrounds autrefois développés pour les "Boss Squads" des précédents opus (grands absents de cet épisode, d'ailleurs).
En plus de ça, Quiet se permet d'être utile sur le champ de bataille... Par le biais d'ordres utilisables dans le menu, et c'est lourd à souhait.
Acte 2
Vous savez quoi ? C'est ça le vrai problème de ce jeu. Il n'est pas terminé. Rien n'y est clair, l'acte 2, on ne sait jamais vraiment si on progresse, ni même si on a terminé le jeu. Un acte 2 qui se permet d'ailleurs de recycler les missions de la première moitié. Facultatif certes, mais pourquoi est-ce la ? Quelle est la justification de leur présence, quelle en est la récompense pour le joueur ?
Metal Gear Solid V ne va au bout de RIEN.
Faire d'Emmerich un personnage trouble et insidieusement inquiétant et dérangé ? Très bonne idée. Ne rien en faire ? Très mauvaise idée qui ajoute au cumul de frustration déjà bien trop haut dans un coeur de fan. Les personnages principaux le soupçonnent des pires atrocités et n'en font rien. Rien du tout. Et quelle que soit la vérité, que je ne peux dévoiler sans spoiler, il n'en résulte toujours rien, aucun impact, ça n'a absolument aucun sens.
Le personnage d'Ellie, que tout le monde soupçonne d'être le futur Liquid Snake (et je vous laisse deviner si vous vous trompez ? Indice : La fainéantise du scénario ne vous induit jamais en erreur) ? Il crève l'écran 3 secondes et demie, traine sur votre base en foutant le dawa puis RIEN. RIEN, PUTAIN. Il se passe un truc vers la fin avec lui, qui ne résout, je vous laisse deviner : RIEN. Hop, on oublie ensuite le personnage.
C'est comme ça pour tout.
L'interface du jeu, bien qu'excellente, se permet mille lourdeurs, le problème de l'hélico déjà évoqué, en tête. Le scénario linéaire à souhait. L'absence de surprises. La mauvaise résolution de la "surprise" finale, en soi un enième recyclage d'une mission déjà effectuée. Encore... Des missions secondaires insupportablement toujours les mêmes. Etc etc.
Les cinématiques en plan séquence ? J'ai rien contre les plans séquence. En revanche, quand c'est dans 100% de la réalisation sans intérêt autre qu'une marque d'identité, on se pose la question de leur présence.
Est-ce qu'on évoque vraiment le background du jeu développé sur des cassettes à écouter uniquement ? Le summum de la fainéantise et de la facilité, ainsi que de l'absence d'efficacité. On est pas dans Dark Souls.
Splinter Cell 7
Qu'est ce qui pourrait être plus frustrant que d'avoir un épisode décevant des années après le dantesque 4ème opus ?
C'est le sentiment d'être passé tellement proche d'une tuerie vidéoludique... Parce que le gameplay, encore une fois, est fou. Propice à toutes les experimentations. Les cartes, Afghanistan en tête, sont savamment construites, le joueur bourrin s'en sortira de mille manières, l'adepte de la méthode Big Boss (zéro mort, zéro reperages, zéro kidnapping d'ennemis) également et le jeu laisse une large place à l'improvisation. Un kidnapping de cible clé qui tourne mal ? Réfugiez vous derrière vos claymores, préparez des fumigènes, quelques diversions, un appel à vos compagnons (chien ultra efficace, sniper redoutable, etc), fuite à dos de cheval, le choix est votre, entièrement votre. Chaque mission est, en terme de jeu, un vrai régal. Parfois même, elle parvient à faire ce qu'elle voulait vous faire ressentir (une mission notamment en zone de quarantaine sur votre propre base). Si parfois ça ne va pas assez loin -les enfants soldats-, le plus souvent, ça touche dans le mille juste parce que manette en main, il n'y a rien à redire.
C'est ça le truc.
J'ai envie de mettre deux notes, genre 17 et 11. Parce que c'est un bon jeu (après 80h dessus, il m'aurait été compliqué d'affirmer le contraire). Mais un très très mauvais Metal Gear.