Quand on parle de référence en matière de Run’n’Gun dans les années 90, deux noms sortent généralement du lot : Contra III (Super Probotector chez nous) et Metal Slug – Super Vehicle-001. Or, si à l’époque on a presque tous joué au premier, à moins d’être riche ou japonais (versions PS1 et Saturn restées exclusives au pays du soleil levant) ou de fréquenter assidûment les (devenues trop rares) salles d’arcade, peu ont eu la chance de posséder une Advanced Entertainment System, plus connue sous le nom de NeoGeo, ou encore de "Rolls Royce des consoles", pour pouvoir s’adonner au second chef d’œuvre… Donc, comme d’habitude, on dit merci aux émulateurs !
En 2028, le monde est "un peu dans la mouise". L’infâme général Morden cherche à mettre à ses pieds la planète entière, comme tout méchant jamesbondien qui se respecte. Pour se faire, il a réussi à s’approprier les Metal Slugs ("limaces de fer"), des mini-tanks dernière génération disposant d’une grosse force de frappe, et pouvant s’adapter à tout type de terrain (tiens, c’est marrant, ça me rappelle une autre série fort "métallique"). Le dernier espoir de la coalition mondiale réside dans une escouade d’élite, les Peregrine Falcons, dont vous, capitaine Marco Rossi (assisté du lieutenant Tarma Roving si on veut y jouer à deux), êtes un membre émérite. La mission, si vous l’acceptez (et z'avez intérêt), est fort simple : infiltrer les lignes ennemies, détruire un maximum de Metal Slugs sur le chemin, délivrer les soldats retenus prisonniers et choper Morden mort ou vif…
Metal Slug, "malgré" son côté cartoon assumé, restitue étonnament bien la violence de la guerre ; ainsi, les tirs fusent de partout, tel qu’on se l’imagine lors de grandes batailles de l’Histoire, comme Verdun ou Omaha Beach, mais cela se traduit surtout par les expressions des soldats ennemis, qui donnent vraiment l’impression de ressentir viscéralement la peur : certains crient d’effroi, d’autres sont tétanisés, beaucoup tentent de fuir… Le travail sur les animations est remarquable, la minutie du petit détail appréciable (une cascade qui coule à flots d’un côté, des animaux qui s’enfuient à notre passage de l’autre…), et le tout est bien aidé par une réalisation de haute facture, proposant des décors partiellement destructibles (qui parfois s’écroulent carrément sur notre pomme), sur fond de 2D léchée, avec notamment de sublimes arrières-plans, qu’on n’a "malheureusement" que trop rarement le temps d’admirer tant l’action est frénétique…
Contrairement à beaucoup de jeux du genre, un contact direct avec l’ennemi ne compte pas tant qu’il ne nous attaque pas : seuls les coups de couteau et tirs sont comptabilisés. Pour se défendre, Marco dispose d’un gun à munitions illimitées, d’un couteau pour le corps à corps, et d’une grenade, un arsenal bien vite étoffé par des armes autrement plus destructrices, comme le fusil à pompe, le lance-flammes, le lance-missiles, la mitraillette…et le Metal Slug lui-même ! Oui, on peut vraiment piloter ces engins décidément pas comme les autres, qui peuvent sauter (?!?), se baisser (?!?!?), et tirer efficacement dans toutes les directions. Seule contrainte, il consomme du carburant, et finira par exploser si la jauge tombe à zéro ; on est heureusement prévenu un peu avant…
Mentionnons pour finir la présence de quelques phases de plateforme certes un poil rigides, mais qui semblent être un modèle de souplesse lorsqu’on les compare à des jeux comme la série des Double Dragon, ainsi que des combats de boss assez dantesques, qui se révèlent souvent, malgré certains passages bien corsés dignes d’un danmaku dans les différents stages, être les moments les plus ardus du jeu…
En définitive, Metal Slug est un excellent soft, et ses quelques défauts mineurs n’entachent à aucun moment le plaisir de jeu. Quels défauts ? Et bien, on peut citer une fluidité pas toujours au rendez-vous quand on joue à deux, un "bestiaire" ennemi qui manque un peu de diversité (90% de soldats rebelles), ou un jeu disposant d’une replay value moindre (par rapport à ses successeurs), proposant assez peu de passages secrets ou de chemins alternatifs… Certains pourraient même critiquer le challenge de ce premier opus, effectivement un peu "faible" à côté des suivants, notamment les épisodes 4 & 5… Bref, des broutilles dans un océan de qualités…