Les suites de jeux à succès sont en général décevantes ou mauvaises. On retiendra le très peu inspiré Quake 2, l'infâme Unreal 2 ou encore le très décevant Diablo 3. Et pourtant, il en existe certaines qui sont à la hauteur des ésperances et qui arrivent même à dépasser leurs aînés, et Metro: Last Light fait clairement partie de cette deuxième catégorie. Les joueurs et la presse n'ont eu d'yeux que pour le relativement moyen Bioshock Infinite cette année, alors que le chef d'œuvre du FPS linéaire moderne est bien ce Metro qui explose allègrement et sans aucune difficulté tout ce qui s'est fait ces 5-6 dernières années dans le domaine.
Metro: Last Light n'est pas exempt de défauts, non, mais ils sont tellement minimes qu'on les oublie tant ce jeu est puissant. Comme pour Metro 2033, l'immersion est absolue. On ne joue pas Artyom, on EST Artyom, mais malheureusement certaines scènes scriptées ont tendance à sortir le joueur de cette immersion. Je les ai trouvé moins nombreuses que dans Metro 2033 mais j'aime bien toujours pouvoir garder le contrôle de mon personnage quelque soit la situation. Un autre petit point noir est que le système d'infiltration est devenu binaire alors qu'il était trinaire dans le précédent opus. En revanche, et c'est assez paradoxal, les séquences d'infiltration sont largement plus intéressantes dans ce Metro: Last Light que dans Metro 2033, surtout grâce à une IA plus intelligente et un meilleur level design. Bien que les maps soient très linéaires, elles proposent plus d'endroits un peu dérobés et de passages secondaires que dans Metro 2033.
L'exploration, bien qu'assez limitée, ne nous mentons pas, est toujours récompensée d'une façon ou d'une autre ce qui encourage l'exploration et ce même à la surface. Les passages en surface sont aussi plus étendus et plus intéressants à visiter que dans Metro 2033, même si un peu en deça de Metro 2033 au niveau de l'impact à mon goût. Metro: Last Light propose également des environements un peu plus variés qu'avant, même si on traverse beaucoup de tunnels. J'ai particulièrement apprécié le passage dans les catacombes par exemple. Le changement climatique entre les deux opus permet aussi de varier les plaisirs, avec des averses torrentielles ou bien de magnifiques couchers de soleil sur les ruines de Moscou. Le jeu comporte aussi moins de passages pénibles (coucou D6 dans Metro 2033), et surtout des phases de gameplay plus variées globalement que dans Metro 2033 (rien ne battra les Librarians de 2033 par contre).
Faire des personnages intéressants que l'on ait pas envie d'assassiner est un art difficile dans le jeu vidéo, et Metro: Last Light l'a en grande majorité réussi. La plupart des personnages sont attachants et ce dès qu'on les rencontre (surtout Pavel, mais je suis un sale Marxiste de toute façon), et les voir évoluer au fil du scénario est assez fascinant. Ils sont globalement tous bien écrits, même si le méchant est vraiment très manichéen. C'est aussi avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé Khan, par exemple. La narration est classique mais efficace, à l'instar de son aîné lui-même très pompé sur le célèbre Half-Life. Le scénario est solide et intéressant, bien construit globalement. Il n'est pas sur-compliqué pour au final tomber dans un délire particulièrement absurde et inutile à base de twists idiots toutes les heures, et ça, ça fait plaisir.
L'atmosphère est pesante, suffocante même et en tant que grand fan de la culture et de l'esthétique soviétique et des pays de l'Est en général, c'est toujours un plaisir de me replonger dans cet univers si austère et intrigant. Les reproductions des monuments de Moscou sont assez bluffantes, tout comme dans Metro 2033 (la bibliothèque de ce dernier était particulièrement bien foutue dans le genre), mais ces gars là avaient déjà de l'expérience avec S.T.A.L.K.E.R.. Question graphismes il s'agit sans nul doute du plus beau jeu auquel j'ai pu jouer à ce jour. C'est une véritable tuerie visuelle, et ça tourne à 60-80 FPS constants sur ma machine tout à fond, sauf la SSAA qui est mal branlée. Le FOV de base (50 vertical) me donne la gerbe, heureusement qu'il est possible de l'augmenter. L'aspect sonore est impeccable, aussi bien les sons d'ambience, la musique et les doublages Russes. C'est excellent. Bien évidemment il est impératif de jouer aux Metro en mode Ranger pour profiter pleinement du jeu. Comparé à Metro 2033, le mode Ranger de Last Light est beaucoup plus équilibré et ne souffre pas de passages vraiment vraiment difficiles (D6 de 2033 était assez affreux dans le genre). Les items sont assez peu nombreux donc il faut faire attention. C'est un peu honteux de la part des éditeurs de proposer le mode Ranger en tant que DLC, mais si vous pouvez le prendre en promo, foncez, vous ne le regretterez pas.
4A Games sont clairement les maîtres du FPS linéaire moderne à mes yeux, et le confirment avec cet excellent Metro: Last Light. Je rêve d'un S.T.A.L.K.E.R.-like sauce Metro.