Metrosident Eviloïd

J'avais décidé de faire cet été les jeux Wii que j'avais acheté et que je n'avais jamais fini. Metroid Other M figurait dans la liste et je redoutais un peu ce jeu. D'un côté à sa sortie le jeu avait été encensé par toute la critique comme un grand jeu d'aventure beau et fluide qui reprenait les codes des premiers jeux, avec un grand nombre de cinématiques de la Team Ninja, de l'autre le jeu s'était quand même fait bashé par les joueurs. Au point que ça n'est pas une suite à ce jeu là qui a été annoncé l'an dernier à l'E3, mais bel et bien un Metroid Prime 4.

Il faut dire que j'ai fait la grande partie des jeux de la saga : le tout premier sur NES, celui sur SNES, et les trois Métroïd Prime et que je connais les forces et les faiblesses de la saga. Et la pire, de toute, c'est son nom.

Pourquoi Métroid est un nom de saga pourri :

Parce qu'il faut crever l'abcès, a un moment ça n'a plus vraiment de sens. Metroïd se veut comme une sorte d'adaptation de la saga Alien mais en jeux vidéos : Le Metroïd est un monstre ultra-badass que l'héroïne doit buter et celui-ci est recherché par une corporation afin d'en faire une arme de guerre. Avec la fin de Samus Return (celui sur Gameboy auquel pas grand monde n'a joué) et le Super Metroïd s'amorce une sorte d'arc autour de la maternité s'est crée : un bébé métroïd, dernier embryon de sa race adopte Samus comme sa maman et à la fin du Super Metroïd (devenu symboliquement un "Metroid géant") celui-ci se sacrifie afin de laisser la vie sauve à l'héroïne.

Le gros problème c'est qu'il faut justifier les suites. Les fans refuseront qu'on touche à une fin aussi géniale que celle de Super Metroïd et il est compliqué de faire un jeu qui s'appelle Metroïd si le monstre en question n'apparait pas dedans. Du coup, vers les années 2000, deux solutions avaient été adoptées : on avait d'un côté Métroïd Fusion (Game Boy Advance) qui avait été scénarisé par le créateur initial de la série, Yoshio Sakamoto, se déroulait à la suite du Super Métroïd (je n'y ai pas encore joué) on a eu de l'autre côté la saga Métroïd Prime qui se déroulait entre le 1er et le 2 et où l'on chassait des poches de pirate de l'espace qui avaient clonés des métroïds. D'ailleurs, les jeux étaient tellement basés sur Samus et son rapport à l'environnement, qu'au final les méchants qui donne le titre à la saga étaient limite traités comme des éléments OSEF : hé, regardés, on a clonés quelques métroïds dans un coin, coucou. Vous êtes content, on en butés 10, maintenant on va affronter le vrai monstre : Dark Samus.

Du coup, avec Métroïd Other M et le retour de Sakamoto, on s'attendait à un jeu se déroulant après Fusion.... et c'est un jeu se déroulant entre Super Metroid et Fusion qui apparaît. Et justifie la réapparition des metroïds dans un scénario qui rappelle plus un Resident Evil qu'autre chose : Samus doit aider une équipe de marines de la fédération afin d'enquêter dans un vaisseau scientifique à l'abandon. Vous remplacez les zombies par des ennemis issues de la saga Metroïd, le manoir par un vaisseau et les super zombies par des métroids et vous avez peu ou proue le même type d'histoire.

Alors, même si plein de gens s'en sont plain, donner une voix à Samus ainsi que des personnages secondaires, dans l'absolu, je ne suis pas contre, mais... au final, c'est plutôt mal fait. Rajouter des personnages secondaires avait déjà été traité dans Metroïd Prime 3, on aurait pu continuer dans ce rapport mais non... mis à part 2 marines caricaturaux (le leader sévère mais juste & le black sympa) l'essentiel de l'équipe est complètement oubliable et servira limite de chair à pâté.

Et surtout, à quoi ça sert d'explorer le passé de Samus si tout ce qu'elle dit est atrocement cliché et si ses flashbacks s'appliquent à une époque de sa vie totalement inventée pour le jeu (son passage parmi les militaires de la fédération) et n'a pas vraiment de conséquence pour la suite. De plus, il fait regretter la subtilité des scénarios où le gameplay ou les informations scannables nous en apprenait bien plus sur une histoire que des cinématiques. (Le fameux "Do, No Tell")

Un jeu d'aventure correct :

Le jeu tente de reprendre ce qui fonctionnait dans les opus en 2D et de les recoller à un jeu en 3D vue à la troisième personne. Et pour le coup, ça marche assez bien, notamment l'idée d'ajouter une visée automatique, qui en fait un jeu nerveux et assez jouable. Idem pour les pouvoirs de Samus appliqué à un côté 3D, même si le passage des parties "à la troisième personne" à ceux en vue subjectives sont finalement assez relous. (Notamment le fait que notre personnage devienne statique.) On s'embrouille un peu et on a du mal à trouver ça fluide.

Mais on sent qu'au lieu de trouver leur ton, les développeurs se forcent à vouloir remettre tous les éléments qu'on trouve dans les jeux Métroids, non seulement les ennemis reviennent mais aussi les environnements : plante, glace et feu. C'est un peu paresseux mais ça passe, le problème, c'est la justification scénaristique à tout ce bazar qui pèche. Et le jeu est bourré de ces solutions de pacotilles, afin de justifier le gameplay et ça rend le jeu très idiot.

Le plus inacceptable, c'est qu'au lieu d'avoir ses pouvoirs qui disparaissent suite à un malfonctionnement ou à un problème technique, comme dans les autres opus, Samus n'utilise pas ses pouvoirs parce que... Adam, le chef de l'expédition lui a demandé de ne pas le faire. Et de temps en temps celui-ci l'autorise à utiliser tel ou tel nouveau pouvoir.

Non seulement, ça diminue l'impact féministe que le personnage avait depuis des décennies, puisque c'est un homme qui lui dit quoi faire et elle s'exécute, mais en plus, c'est parfois totalement con. Ainsi, c'est après avoir passé la moitié du monde de feu que celui-ci se dit "ho et si on activait ta combinaison anti-feu et tes armes de glace ?" Merci connard de ne pas l'avoir fait plus tôt.

De plus, sachant que le jeu n'est pas censé se passer sur une planète mais bel et bien dans un vaisseau, on se demande bien quel type de scientifique voudrait recréer des tunnels entiers remplis de lave dans un vaisseau.

Afin de justifier la réapparition de tous les ennemis iconiques de la série, y compris Ridley (qui doit être à sa 5 ou 6eme résurrection)

Un Metroidvania linéaire ?

Le plus frustrant, c'est quand même l'aspect Metroidvania du titre. Dans le genre du "Métroïdvania" (ou "jeu s'inspirant de Métroïd et de Castlevania Symphonie of the night") le joueur est amené à repasser plusieurs fois dans les même décors et à débloquer des passages ou des objets lors de son passage. Ce gameplay fait parti du plaisir de ces jeux, offrant le choix au joueur entre foncer dans le tas et compter sur son skill ou revenir en arrière de temps en temps afin de réexplorer un environnement afin de trouver des bonus et être un peu plus fort face aux boss.

Or, celui-ci est relativement absent, car Samus est guidé par Adam, qui, voulant que le joueur se rende à tel ou tel endroit, ferme la porte de tel ou tel lieu. Ainsi, mis à part peu de temps avant la fin, où toutes les portes sont débloqués, on suit un parcours plutôt linéaire. Et c'est plutôt triste de jouer à un Métroïd pour se dire qu'il est linéaire. (Sur la fin, cet aspect est tempéré, mais ça reste quand même bien scripté.)

A noter aussi que les ennemis et autres boss ont tendance à popper à des moments chelous. Alors, c'est cool de nous faire la surprise, mais quand la sauvegarde était il y a cinq salles en arrière, et qu'on a une barre de vie pas ouf, ça fait un peu chier. Après c'est assez cool qu'ils aient pensé à noter les armes et bonus sur la carte, ça m'a permis de finir le jeu à 100% même si je l'ai fait pour le challenge, la jauge de missile ne servant pas à grand chose, étant donné qu'on va s'en servir très peu souvent (le système de visé étant une plaie.)

Le graphisme est bien, même si, en lisant les critiques de l'époque disant qu'il s'agit du "plus beau jeu de la Wii" je me dit "ha ouais, c'est quand même bien daté." Ca n'a même pas dix ans et c'est un poil décevant et générique.

Le jeu maudit :

Le pire, c'est que c'est vraiment le jeu de la mauvaise augure, car alors que je recherchais des munitions avant d'affronter le secteur final, le lecteur DVD de ma Wii a rendu l'âme. J'ai pensé à la craquer, avant de me dire : "purée, j'ai pas acheté ces jeux pour cracker la console comme le premier venu non plus."

En gros, il m'a fallut un mois pour le finir, le temps que je reçoive les pièces nécessaires, que je rachète des tournevis spéciaux (merci à cette invention pourri des vis qui changent selon les constructeurs, du coup je répare vos GBA, DS et autres consoles Nintendo quand vous voulez...) que je répare tout et que je me remette dans l'ambiance.

Bon, histoire de justifier cette réparation, je l'ai fini à 100% mais la fin est assez MEH.

En définitive, les phases d'aventures de ce Metroid Other M sont franchement potable et le jeu est plutôt agréable dans l'ensemble. Mais l'histoire autour est assez indigeste et caricaturale, en plus de trahir un personnage qu'on a aimé au fil des ans. De plus, vu le niveau des autres opus de la série, que ce soit en terme de gameplay, d'imagination au niveau des environnements, de scénario et d'utilisation des décors... on est plutôt déçu. Le jeu n'est pas honteux, mais c'est un Métroïd qui ressemble à un jeu d'aventure lambda sur le fond comme sur la forme. En espérant que cet accident de parcours, sera sans doute, oublié, à l'avenir.