Mystique Nostalgie

Parfois, quand il s'ennuie et ne trouve pas l'inspiration, votre humble serviteur aime se perdre dans les méandres de ses souvenirs.
La nostalgie, cruelle amie qui nous fait voir le présent et le futur d'un œil peu aguicheur.
Plusieurs fois en relisant mes petites critiques, je n'ai pu m'empêcher d'y trouver une once de cette influente nostalgie qui peut parfois porter préjudice à une critique aussi subjective soit-elle...
Mais s'en est fini d'elle !
Je pense avoir un mental assez fort pour pourfendre cette fausse amie qui ne veut que me plonger dans la mélancolie.
BOB !
Quel jeu vais-je critiquer aujourd'hui ?

Bob, piètre serviteur (esclave) qui avait pour habitude de tenir une mine aigre, regarde son maître d'un air goguenard tout en lui massant ses pieds étincelants.

-Mystic Quest, mon seigneur !

-Palsambleu ! Le J-RPG ignoble sortit sur Super Nintendo ?

-Non, maître, Mystic quest sur Game Boy !

-Aaaah...Un grand jeu, assurément !

Et la main sans pitié de la nostalgie l'entraîne alors dans ses profondeurs.

Alors que la série Final Fantasy s’apprêtait à subir un changement crucial dans son système de combat, passant du tour par tour à un A-RPG, les essais sur le IVème épisode furent peu concluants. La franchise culte de Square garda alors son aspect tour par tour jusqu'à l'arrivée des épisodes XI et XII et passera (définitivement?) à un gameplay Action-RPG pour son XVème opus.
Mais l'envie de créer un jeu résolument tourné vers un gameplay plus dynamique étant toujours là, c'est ainsi que naquit la saga Seiken Desentsu avec ce premier épisode que je vous présente aujourd’hui.
Mystic quest, donc, Seiken densentsu : Final Fantasy gaiden au Japon, se présente comme un A-RPG classique, mais qui, à l'instar de sa suite sur Super Nintendo, permit à un bon nombre de petites têtes blondes de connaître l'essence et la maestria des grands jeux japonais de l'époque.
Je vous présente l'univers enchanteur et intimiste de ce Mystic quest, en espérant vous donner envie d'y faire une escale !

HistoireXSelectXFFVII

L'histoire qui nous est comté ici n'a rien d'intéressant au premier abord et se trouve être un classique affrontement opposant le bien et le mal.
Mais il serait cependant un peu dur de réduire Mystic Quest à cette simple formule.
Le jeu dispose de petites scénettes d'une noirceur surprenante pour un titre de cette époque, nous offrant même quelques passages émouvants en totale symbiose avec la bande-son du jeu.

Mais il vous faudra être patients pour atteindre ces moments clés de votre aventure, et si votre méconnaissance du média est tel, vous pourrez même passer à côté du système de sauvegarde comme moi à l'époque.
Alors, peut-être étais-je bien incompétent du haut de mes six ans, mais le problème, outre ma cervelle archaïque, c'était select...
Oui oui, select, ce bouton côtoyant la touche start qui se trouve être quasiment inutile dans 90% des productions de l'époque.
Et bien là, il sert à sauvegarder et consulter nos statistiques.
Une fois la méthode de sauvegarde découverte, alléluia ! Chose rare pour les J-RPG de l'époque, nous pouvons enregistrer notre partie à tout moment.
Que ce soit devant un boss avec 1 PV en poche ou en plein village.
Cette mécanique rend bien évidemment le jeu plus simple et il n'est pas rare d'avoir la faiblesse d'âme de sauvegarder plusieurs fois durant un combat nous opposant aux grands méchants pas beaux.
Ce n'est pas un problème selon moi, tant ce jeu représente à mes yeux le titre parfait pour les plus jeunes joueurs.
Qui plus est, cette difficulté amoindrie niveau gameplay se retrouve accrue par moments quand il s'agit de ne pas se perdre dans ce monde si grand pour une console tenant (à peine) dans une poche.
Plusieurs fois, même en refaisant le jeu cette année, je ne su où me rendre et par la même occasion, j’eus des envies humiliantes de consulter les solutions.

Votre combat ancestral contre les forces obscures peut alors débuter avec une touche de narration épique, des musiques sublimes et...
Et une traduction complètement à l'ouest !

Je pense que le nom de Sylvia Bomstein ne vous dit rien.
Si je vous apprends alors qu'elle fut la traductrice d'un certain nombre de jeux en ce temps-là, et qu'elle a notamment œuvré sur Final Fantasy VII.
Non, non ! Arrêtez et rangez ces fourches tout de suite !
Même si à l'évocation de cette information, la qualité de traduction de Mystic Quest vous est sûrement déjà apparente, je reste plutôt indulgent envers le travail accompli par la traductrice.
Je pense que l'on n'imagine pas à quel point le processus de traduction pouvait être difficile sur un support tel que la GameBoy et avec un jeu ayant une forte narration comme ce premier Seiken.

Qui plus est, nous pourrons par la suite rosser des lapins grâce à la superbe traduction de Véronique Chantel sur la suite qui sortira sur Super Nintendo.
Je vous parle bien évidemment de Secret of Mana, pour les deux du fonds qui ne suivent pas.

Pour en finir avec ces dialogues, en voilà deux exemples...

«ROI NOIR EST SI CRUEL JE PEUX PLUS LE SUPPORTER »

ou mon petit préféré

« L'ARBRE MANA OBSERVE AU DESSUS DES NUAGES. IL NOUS PROTEGE DES CHOSES SATANIQUES »

Oui, tous les dialogues sont en majuscules.

DAXGameplayXBourrin

Un petit texte court sur la direction artistique globale du jeu.
Elle ne casse pas trois bosses à un chameau mais reste cependant tout à fait admirable du moment que vous contextualisez un peu.
Même s'il n'arrive pas à la cheville d'un Link's Awakening ou Gargoyle's Quest, le petit Mystic Quest sait profiter de son support certes faiblard.
Les ennemis et particulièrement les boss sont selon moi ceux qui arrivent à profiter au mieux des capacités de la console.
Ils ont la classe !

Mais de jolis vilains ne servent à rien quand le gameplay d'un jeu ne suit pas.
Qu'en est-il pour notre jeu ?
Il se trouve la selon moi le principal problème de ce titre qui pourrait rebuter pas mal de joueurs.
Déjà, le classicisme du système de jeu n'a pas fait mouche sur moi quand j'y ai rejoué contrairement au scénario.
C'est vraiment plutôt efficace cela dit, ça marche très bien mais ça devient vite barbant par moments surtout quand il est accompagné d'un système de magie par réellement utile si on omet le sortilège de vie.
Des jeux comme ça, vous en avez fait des tas et vous allez en refaire dans le futur.
Je préfère vous prévenir, manette en main, Mystic Quest ne vous apportera pas grand-chose et ce fut tout de même une petite déception quand j'ai rejoué au jeu après toutes ces années.

Le fond du problème, c'est que ça dessert complètement les affrontements contre les mobs et les boss, rendant les combats vraiment bourrins et sans aucun réel paterne intéressant.
Rajoutez à ça des mécaniques de gameplay assez absurdes comme l'obligation d'acheter des clefs pour s'en servir en donjon ainsi que des pioches pour ouvrir les passages secrets qui vous demanderont souvent des allers et retours chez les marchands du jeu et ce même en plein donjon.
Voilà comment on obtient une jouabilité vraiment efficace mais avec un réel manque d’intérêt.

-Ahah ! Nostalgie, je t'ai vaincu ! Tu pensais vraiment que tu m’aveuglerais au point de laisser passer ça ?
Un son mélodieux résonne dans la pièce du critique.
Ce dernier est totalement happé par cette divine sonorité qui le charme tel le chant d'une sirène.

MusiqueXItoXAmbiance

Si je devais décerner un prix à ce jeu ce serait sans hésiter celui de la meilleure bande-son sortit sur Gameboy.
Chose étonnante quand l'on connaît mon amour pour les OST des jeux que j'ai précédemment testé.
Il y a quelque chose qui se passe avec ces compositions, quelque chose de perceptible par de nouveaux joueurs, j'en suis persuadé.
Vous avez déjà eu cette impression, à l'écoute d'une simple musique, qu'elle vous marquera à vie ?
Cette impression de nostalgie (grrrr) quasi immédiate alors que vous venez à peine de rencontrer la mélodie.
Ce fut mon cas durant ma première partie.
Le thème principal du jeu, Rising Sun, est juste sublime !
Mais il n'est pas tout seul, oh non, loin de là.
Globalement, toutes les musiques sont superbement bien réalisés et si généreuses.
Un exemple, arriver vers la moitié du jeu, le thème de la World Map change pour une mélodie tout aussi géniale que la première.

Bon, je vois que je m'extasie sur le travail remarquable du compositeur. Peut-être suis-je dans l'admiration la plus totale voir l'exagération.
Un peu comme pour gargoyle's quest, je vous suggère réellement un petit tour sur Youtube pour une écoute qui je l'espère vous sera bénéfique et fructueuse d'une future passion pour ce jeu au charme certain.

La bande-son est encore plus respectable quand on sait que le compositeur, Kenji Ito, en était à sa première composition pour le jeu vdiéo.
Il a par la suite travailler sur des projets importants de Square, notamment la trilogie des Final Fantasy legends, faux spin-off cette fois-ci de la franchise culte, ayant pour titre original SaGa et qui connaîtra des suites importantes sur SNES avec les Romancing SaGa sur lesquels Kenji Ito sera compositeur.

PS : Je tiens à présenter mes excuses auprès de Kenji Ito pour l'avoir malencontreusement confondu durant l'écriture de cette critique avec Shigesato Itoi, créateur de la série Mother.
Tous ces noms japonais s’emmêlent dans ma petite caboche...
Ah, et je m’excuse aussi auprès de ce bon vieux Shigesato !

…

Oui j'en ai l’intime conviction, ils liront cette critique !

I.AXPNJ

Comment ça je parle trop ?
Revenez, c'est bientôt terminer.
Je voudrais parler ici de quelques petites mécaniques du jeu qui m'ont plu et déplu.
Malgré mon petit problème avec le Gameplay, j'ai bien apprécié l'ajout d'une barre de furie en bas de l'écran, permettant de faire des attaques spéciales avec les diverses armes du jeu.
Étant un spin-off de l'univers des Final Fantasy, nous auront le droit à quelques références que je ne citerai pas mais qui ne s’imposeront jamais vraiment pour faire du fan service un peu bas de gamme.
Non, Mystic Quest a son propre univers et c'est une bonne chose.

Pour finir, certains PNJ vous poseront quelques soucis...
Quand vous voudrez parler à des personnages, vous devrez tout simplement rentrer en collision avec eux pour pouvoir discuter à votre aise...Pratique, n'est-ce pas ?
Oui et non, pas quand vous voulez sortir d'un village et que les PNJ ont décidé de vous bloquer la route.
Par moments, vous aurez aussi droit à de la compagnie durant vos excursions en donjon, et il faut avouer qu'ils ont autant de cervelles que Bob, c'est-à-dire pas grand chose...

Bob: HEY !

CONCLUSION

Il y a des jeux qui vous marquent par leurs médiocrités, d'autres par leurs maîtrises incontestables du medium vidéoludique.
Et il y a Mystic Quest.
Rien de tout cela mais une aventure intime et unique, symbole d'une génération encore inconnue aux titres comme Chrono Trigger, Xenogears et autres Final Fantasy.
Sans doute une toute petite partie de l'immense histoire qu'est le jeu vidéo, mais assurément une énorme partie de mon histoire de joueur.