N-Gen Racing
5.6
N-Gen Racing

Jeu de Curly Monsters et Atari, Inc. (2000PlayStation)

Petite anecdote inutile (et donc totalement indispensable) à mon sujet : j’aime bien de temps en temps me replonger dans mes vieux magazines de jeu vidéo (que j’ai pratiquement tous gardés!), notamment ceux du siècle dernier, et confronter la vraie réalité véritable avec le futur du média tel que certains l’imaginaient alors. Je choisis un mag’ au pif et paf, je remonte le temps, pour parfois me délecter de certaines élucubrations candides dont il est facile, avec un recul de plus de 20 ans, de se moquer (gentiment)…genre une assertion du style "la PS2 sera capable de synthétiser les émotions" (LOL)…


Le hasard a voulu que je parcours le PlayStation Magazine n°43, dans lequel un "testeur", que nous appellerons Logan afin de préserver son anonymat, s’évertue à descendre plus que de raison le cinquième opus de la fort prolifique licence Need for Speed : Porsche 2000. Alors certes, le jeu est un chouïa en dessous de la version PC (elles n’ont pas été développées par la même boîte), mais l’une comme l’autre sont de belles déclarations d’amour à la firme de Stuttgart. Mais selon lui, ce Porsche 2000 version PS1 serait même inférieur à Porsche Challenge, rien que ça… Devant la débilité du propos, je tourne machinalement la page pour éviter de me facepalmer, et j’aperçois une autre "critique" toute aussi assassine du sieur Logan, cette fois-ci sur un jeu de course que je ne connais point du tout : N-Gen Racing. Ça m’a bien évidemment donné envie de l’essayer, histoire de voir si le gars était capable de se planter sur toute la ligne…


Et spoiler alert : il l’est ! À ce niveau, on pourrait presque parler de génie… N-Gen Racing se pose d’emblée comme un titre plutôt original, puisque c’est un jeu de course…d’avions ! On connaissait jusqu’alors les simu’ de dogfights avec des softs tel Ace Combat, un jeu comme Diddy Kong Racing proposait déjà quelques épreuves aériennes, mais des courses du genre dans un contexte réaliste, c’est à ma connaissance inédit, aujourd’hui encore d’ailleurs. Et là où j’imaginais un petit jeu sympa sans grosse prétention, il s’avère que N-Gen Racing est en réalité un très bon jeu. Comme quoi il est toujours bon de tester soi-même le produit avant de se faire un avis définitif (et ça vaut pour tous les domaines)…


Dans les grandes lignes, N-Gen Racing se pose comme un véritable Gran Turismo volant, en adoptant un déroulement très similaire à base de permis, d’achats et de customisations de nouveaux appareils. Bien entendu, le contenu est sensiblement moindre, mais ça reste on ne peut plus correct pour l’époque : 14 circuits, 40 avions qui se veulent éclectiques (F-16, MIG, Rafale…) répartis en 4 catégories, et plusieurs modes de jeu pour varier les plaisirs. Mais là où le jeu la joue intelligent, c’est qu’il propose deux types de pilotage, l’un très arcade et accessible à tous, les Logan inclus, et l’autre beaucoup plus pointu, dont seuls les plus patients arriveront à tirer toute la quintessence.


Le mode arcade porte bien son nom, et ne diffère pas énormément d’un classique jeu du genre, style Daytona USA et consorts, si ce n’est bien sûr l’ajout de la prise en compte de l’altitude. Pour atteindre de grosses pointes de vitesse, il faudra sans arrêt prendre des risques, en rasant le sol au plus près, qui n’est évidemment pas toujours très plat…sensations garanties à bord des plus puissants engins, en particulier quand on adopte la vue cockpit ! En mode pro, les choses commencent à se corser, car il faut en plus gérer roulis, tangage et lacet sous peine de se retrouver à l’envers et/ou de décrocher, comme dans un bon vieux Flight Simulator…et comme si ça n’était pas encore assez, une fois passé le mode débutant, un nouvel invité se mêle à la fête, lui donnant des faux airs de WipEout : les armes ! Étonnant de la part de Curly Monsters, dont une partie du staff son des transfuges de Psygnosis… :p


Qui dit armes dit bien sûr dégâts, et par extension possibilité de réparer sa carlingue ; dans N-Gen Racing, cela se traduit par des anneaux verts qu’il faudra traverser, tandis que les rouges nous offrent quelques litres de boost à utiliser avec jugeote. Là où je serai en partie d’accord avec Logan (mais pas au point de décréter cela injouable comme lui…), c’est sur la configuration des touches, qui n’est pas le summum de l’ergonomie. En effet, le boost est assigné au , sert à faire défiler les armes, et O déclenche le tir…et c’est honnêtement pas spécialement pratique dans le feu de l’action. Mais si monsieur le génie a une autre idée pour l’organisation des touches, sachant que les boutons de la tranche servent déjà à la stabilité de l’engin, moi, je suis preneur !


Côté technique (parce qu’il faut bien en parler un jour!), ce serait mentir que de dire que N-Gen Racing s’impose comme un mètre-étalon graphique, mais il fait le taf. À défaut d’être une baffe visuelle, ses avions sont assez fidèles à la réalité (et très correctement modélisés), ses quelques pistes nocturnes ont un cachet artistique indéniable, et surtout, sa fluidité est à toute épreuve. Tout au plus peut-on critiquer des environnements un peu trop semblables, qui auraient gagné à se diversifier un peu plus… Quant à la partie son, les moteurs sonnent crédibles tandis que les musiques sont…on s’en bat les steaks en fait, perso, c’est la première chose que j’ai enlevé dans le menu des options. Bref, le jeu s’en sort avec les encouragements du jury (aka moi :p).


En résumé, si vous êtes curieux de connaître les sensation d’une simulation de course pointue à la sauce aéronautique, laissez donc une chance à ce N-Gen Racing de vous séduire. Un jeu tellement de niche qu’il n’a (à ma connaissance) aucun successeur, même spirituel. Et bien que j’en comprenne aisément la raison, c’est fort dommage…

Wyzargo
8
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le 26 juin 2019

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