Cela fait déjà quelque temps que je suis NaissanceE, premier projet de LimasseFive, et pourtant, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre dans ce jeu. Au vu du trailer, on peut s’attendre à une course poursuite, une fuite dans un monde étrange où il ne fait pas bon vivre. En quelque sorte à un survival-horror sans horreur dans un monde épuré. Intrigant n’est-ce pas ? Lorsqu’on lance le jeu, on a toujours cette impression. Musique lourde dans les menus, le ton est sinistre, pas de quoi être rassuré. Au lancement de la partie, on retrouve le tout début du trailer, c’est-à-dire nous en train de courir dans un couloir à l’architecture infinie, en train de fuir une drôle de masse énergique. On finit par tomber, on se retrouve dans une salle aux murs blancs. On avance, on visite, doucement, on ne sait jamais, la masse énergique est peut-être dans le coin. Cinq minutes passent, puis dix, puis trente et toujours pas de masse énergique en vue. M’aurait-on menti ?
Oui ! NaissanceE n’a rien d’un survival-horror comme peut le laisser penser le trailer. Du coup NaissanceE c’est quoi ? Je pencherai pour une course d’orientation, sans feuille de route et sans boussole. Malgré que le côté survival-horror ne soit pas présent (ce qui n’est pas un mal) le sentiment de devoir fuir sera toujours présent, la pression en moins. Du coup on se retrouve à visiter un monde gigantesque, toujours à la recherche de la prochaine porte, du prochain coin de lumière. Je peux vous garantir que la ballade vaudra le coin d’œil. La direction artistique du jeu est incroyable. Enorme mégalopole totalement industrialisée, le jeu m’a directement fait penser à un mélange entre Deus Ex Humain Revolution, pour le coté vertical de la ville ainsi que la partie high-tech de celle-ci, et Mirror’s Edge pour le coté épuré et vide.
Par contre ici, pas question d’avoir la luminosité d’un Mirror’s Edge. Tout est en nuance de gris, allant d’un blanc épuré, signe de sortie, au noir donnant un fort impact de déshumanisation du monde. D’ailleurs, vous ne croiserez personne dans votre aventure. Tout est vide, pesant, comme si les machines, elles aussi absentes, laissaient place au silence, ou tout du moins, au bruit des éléments. Car si la direction artistique est folle, la bande-son l’est tout autant. Jamais imposante, parfois en murmure, elle est toujours ajustée à la situation, à l’endroit où l’on se trouve. Tantôt orchestrale, tantôt minimaliste, la musique donne l’impression d’entrer dans le silence. Le jeu est étrangement lié à sa bande sonore, l’un ne pouvant se détacher de l’autre. La BO donne vraiment un souffle au jeu. D’ailleurs, le souffle, le vôtre, est une partie intégrante du gameplay.
Les mouvements que vous faites sont simples : marcher, courir, sauter, se baisser. La dernière action possible est reprendre son souffle. Dès que vous courez, vous vous essoufflez, comme dans la vraie vie, et vous devrez respirer en rythme sous peine de perdre votre souffle et donc de la vitesse. Si courir est inutile dans la quasi-totalité du jeu, les longues distances à parcourir seront quand même plus agréables à traverser à grande vitesse. Ainsi, la gestion de la respiration permet de donner du rythme au jeu. Enfin, tout comme Kairo de Perrin, jeu qui se rapproche le plus de NaissanceE, vous aurez quelques puzzles à résoudre, rien de bien méchant, sauf ceux qui peuvent vous tuer. En plus d’être peu nombreux, ils ne se répètent pas, ce qui permet d’éviter la redondance, surtout pour la durée de vie d’environ 6 heures, ce qui est plutôt pas mal pour ce type de jeux.
Conclusion
NaissanceE est une vraie surprise. Sans aucun fil conducteur, sans aucune narration ni objectif, on se surprend à se raconter sa propre histoire dans ce monde gris déshumanisé. Avec une direction artistique incroyable portée par une bande originale parfaite, on se surprend à ne jamais se perdre dans ce monde gigantesque. En plus, le jeu de LimasseFive a le bon goût de proposer quelques puzzles, simples d’approche et surtout jamais redondants. Si vous aimez vous perdre dans des univers originaux, ne passez pas à côté de ce titre.
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