Fantasmagorique ...

Quelle surprise que ce NaissanceE. Je le regardais d'abord de loin avant qu'un ami, plus intrigué que moi par cet ovni, ne me propose de l'essayer sans y avoir joué lui-même. Heureusement qu'il en fut ainsi. J'aurais pu rater l'une des meilleures expériences vidéoludiques de ces dernières années.

Particulièrement original, NaissanceE m'a tout de suite happé dans son univers. Pour peu que vous soyez sensible à l'esthétique et le design épurés choisis, mêlant low poly et une pointe de futurisme ; il vous impressionnera à coup sûr, et plus, dérangera, dans le bon sens du terme. NaissanceE bouscule, et fait ressentir un panel d'émotion aussi large que la variété de ses environnements, dans lesquels se succèdent jeux d'ombre et de lumière tout en nuance de gris, parfois accompagné d'une touche de couleur permettant de quitter la monochromie, pourtant point monotone. Mais NaissanceE est en grande partie expérimental et il saura vous le rappeler. Il joue avec le point de vue et avec le sens lui-même avec maestria. Mais aussi "violence". Suggérant un mouvement ici par la lumière, une ouverture secrète par l'ombre, il pourra vous aveugler si ce n'est pire, par le contraste de ses clairs-obscurs, ou une succession ininterrompue de flashs venant brièvement vous montrer le chemin à emprunter. Épileptiques s'abstenir, vous n'en reviendrez pas.

NaissanceE vous fera perdre vos repères. Visuellement, par ses trouvailles et son design, mais aussi par la construction de ses niveaux et ses quelques rares "pièges". C'est un vrai jeu, et non pas juste une expérience. Il titillera votre imagination, vous fera douter sur la vraisemblance de son univers, son "histoire", mais aussi sur le chemin à suivre. Et pourtant, on finit toujours par emprunter la bonne voie après avoir négocié de nombreux passages de plateforme très divertissants, parfois posés, parfois rythmés au possible.

Laissant place à l'exploration et la contemplation, Limasse Five s'est allié aux artistes Pauline Oliveros, Patricia Dallio et Thierry Zaboitzeff, pour la bande son accompagnant nos pérégrinations. Et quelle bande son … Comme le jeu, très expérimentales pour la plupart, les musiques, allant de l’électro à l'instrumental, restent en mémoire … et dans la peau. Mention spéciale à "Écraser l'escargot n'arrangerait toujours rien" de Patricia Dallio, aussi surprenant que le moment où celle-ci intervient.

Comme beaucoup de jeux lorsqu'on les aime, je pourrai encore parler longuement de NaissanceE et de ce que j'ai pu ressentir en y jouant. Il m'est très difficile de ne pas parler de ses nombreux secrets comme de ses derniers chapitres. Surprenant de bout en bout, jamais je ne me suis ennuyé. Comme le disent les développeurs, c'est un trip philosophique et artistique. Mais à la porté de tous. Il pourra vous évoquer bien des choses. Un petit chef-d’œuvre pour moi …

Et si je dois rajouter une dernière chose : Soyez curieux.