"My Time has come to an end"
Jusqu’à présent, je n’avais écrit de critiques que pour des séries animées, car si je m’étais mis à le faire pour les films, jeux ou séries américaines de plusieurs saisons, je ne m’en serais jamais sorti. Néanmoins, après avoir terminé Narcissu, son impact émotionnel m’oblige à lui faire honneur en écrivant quelque chose à son sujet.
Narcissu est une œuvre dont la simplicité de son scénario permet d’établir un lien direct avec ses thématiques graves et existentielles, sans en dénaturer la substance, préservant sa pureté et le caractère brut du périple de ses protagonistes. Le style artistique participe également de cette démarche. Les illustrations sont tout autant peu invasives que réussies, définissant une ligne directrice minimale s’abstenant d’interférer le plus possible, les personnages n’apparaissant d’ailleurs presque jamais, sans confronter le lecteur à une abstraction totale.
La dimension dramatique s’avère ainsi épurée de tout pathos superflu, la force émotionnelle naturelle issue du corps de l’histoire étant magnifiée par un très beau soundtrack, faisant partie intégrale de l’atmosphère. Chacun des évènements se révèle en effet empreint de sens, vecteur de développement intradiégétique, avec un impact sur les personnages, et sources de réflexion ou d’émotion pour le lecteur, tandis que les musiques supportent l’ambiance à merveille.
De cette simplicité couplée à un souci du réalisme, résulte un réel raffinement et une certaine forme de dignité jusqu’à la Fin. Expérience cathartique de premier ordre, Narcissu est un magnifique récit empli de mélancolie, de courage et de tendresse, où l’imminence d’une mort certaine appelle tant le lâcher prise, le déni ou la fatalité que l’importance de faire face, une lueur pouvant déchirer les ténèbres les plus obscurs jusqu’à l’ultime souffle de vie.