NieR: Automata est une ode à la contemplation et à l'art en général.
Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais en lançant ce jeu et j'en ressors avec le sentiment d'avoir terminé un chef-d'oeuvre, cette sensation d'être conscient d'avoir pris part à une aventure merveilleusement écrite et d'une beauté inouïe.
[A]rt et poésie
Mise en scène fantastique, changements de plans et de genres (de jeu) qui misent sur l'action et qui ne laissent aucune place à un probable ennui du joueur... tantôt Action-RPG, puis Shoot 'Em Up, en passant par le Platformer, on assiste à un mélange de saveurs parfaitement dosées.
Un gameplay de combat simple, classique comme on en a vu des dizaines, deux touches pour taper, une autre pour esquiver... et pourtant comment le qualifier d'insipide tant le plaisir de déglinguer des machines est grand. On remerciera d'ailleurs tout le travail d'animation des personnages, mais aussi le côté FX avec des effets d'étincelles, d'esquives ou encore d'explosion vraiment réussis et qui accentuent encore le pendant "bourrin" du jeu...
... Contrebalançant totalement avec le propos de l'oeuvre: léger, philosophique, concret. Sans pour autant être poussé à son paroxysme, sans embrouiller le joueur, sans aller dans les profondeurs de la question d'humanité, mais au contraire: en restant naturel dans les interactions, les dialogues et en laissant le spectateur maître de ses réflexions.
Chef-d'oeuvre, oeuvre d'art; ce sont peut-être des mots forts pour certains. Mais l'on se doit de différencier un jeu vidéo, type Fortnite (sans manquer de respect à la licence d'Epic), d'un Automata. Les musiques suffisent elles-même à de tels qualificatifs... Couplez ça à son histoire et sa narration et vous ne pouvez l'appeler autrement.
L'OST justement, parlons-en. Je n'ai pas pigé un seul mot de tout ce qui était chantonné au travers des soundtracks et j'ai pourtant senti mes oreilles frétiller tout du long, tant les voix sont douces et pures. Ce charabia déjà merveilleux, en devient encore mieux magnifié par l'orchestre fantastique et le rythme calqué par-dessus. Totalement diversifiée et pièce maîtresse du jeu en lui-même et des scènes que l'on joue, la BO est magistrale, c'est elle la star du jeu.
Vous avez dit [B]eau ?
Coup de coeur, ce NieR: Automata m'aura aussi interrogé sur ses choix: peut-être logiques ou intéressants pour certains, mais qui ne m'ont pas du tout emballé.
On regrettera d'abord des graphismes plats et vieillissants, heureusement rattrapés par une grande DA et un chara-design génial... mais qui ne peut être que critiqué de par le vide des décors, la pauvreté des environnements et le manque de soin apporté aux détails. Rajoutez à ça une carte peu diversifiée et vous n'aurez pas du tout envie d'explorer le monde qui s'offre à vous. Petite mention à la map du menu, totalement abjecte et illisible, façonnée de formes cubiques qui ne permettent pas de se repérer ou de trouver un objectif convenablement.
[C]atastrophe ou simple [D]éception ?
Enfin, je terminerais avec ma plus grande frustration au travers de ce jeu: son format. Terminez la Route A avec 2B (personnage principal incarné lors de la première run du jeu) et on vous informera que vous avez terminé l'histoire, mais que l'univers est encore riche, en finissant par vous inviter à relancer une partie avec votre sauvegarde et ainsi démarrer la Route B avec 9S (personnage secondaire incarnée lors de la deuxième run du jeu).
Tout d'abord, première question qui me semble importante: pourquoi avoir choisi ce format de "New Game+" en lieu et place d'imbriquer toutes les routes à la suite pour assister à la véritable fin de l'histoire ? Ce découpage incite une masse de joueurs à ne pas poursuivre l'oeuvre en pensant (à mal) avoir terminé le jeu.
Ensuite, quelle est la véritable utilité de cette deuxième run ? Beaucoup diront que la révélation de la commandante de Base suffit à légitimer cette Route, mais dans ce cas pourquoi imposer au joueur 90% de redite avec la première run ? Outre les passages où le point de vue de 9S "vaut le coup" en terme de diversité et de twist scénaristique, la majorité de cette partie ne sert qu'à rejouer bêtement les scènes déjà terminées avec 2B.
En lançant cette deuxième run, on se rend compte de la courte durée de vie du titre. En retraversant les mêmes chapitres, en s'attardant moins sur de petits détails, en cherchant moins son chemin... on termine très rapidement cette Route B et on réaffirme donc aisément la pauvreté des environnements et de la map en général.
Une fois la Route B achevée, il ne manque plus que la dernière run: les Routes C, D et E (la Route C donnant lieu à 3 fins possibles). Celle-ci est la véritable run de la fin, c'est celle qui amène au dénouement de l'oeuvre, c'est tout simplement la plus importante. Mais elle est cachée par une deuxième run inutile qui dissuadera un trop grand nombre de joueurs.
[E]pilogue
Quel dommage donc, que ce format découpé et mal amené soit pourtant la pierre angulaire de l'oeuvre. Impossible, cependant, de ne pas recommander NieR: Automata tant il est charismatique et précieux... il ne plaira pas à tout le monde, fort de sa singularité et de sa différence avec les AAA blockbusters, mais il est une force dans l'esprit des joueurs ayant participé à cette expérience là. Vivement une suite, toujours avec Yoko Taro aux commandes de l'histoire, avec espérons le, des graphismes cette fois à la hauteur du reste...