Shadow of the damned No More Heroes
Par comparaison, NMH 2 permet de mieux cerner les grandes qualités du premier opus. Paradoxalement, sa suite est mieux finie, moins à la ramasse techniquement, et plus variée dans son gameplay (grâce à l'apport du double sabre et de nouveaux personnages jouables, notamment) ; mais c'est un moins bon jeu pour des raisons qui dépassent le simple ordre du technique.
Je me rends compte que ce que j'aime dans les jeux chapeautés par Suda 51, c'est en partie ce refus assumé de faire la course au plus beau jeu, au profit d'une extravagance et d'une prétention bien réelle, mais transmise via les excès calculés de la mise en scène, les délires du script, et la direction artistique plutôt que par une course aux polygones (perdue d'avance). Flower, Sun and Rain, portage DS d'un jeu PS2 (oui, ils l'ont fait), transposition dégueulasse techniquement mais humainement inoubliable, en est peut-être l'exemple extrême ; No More Heroes reprenait une optique similaire en la diluant un peu, cherchant clairement à paraître plus accessible tout en restant, sous le vernis, complètement taré.
NMH avait une âme que son successeur n'a malheureusement pas, ce qui trahit peut-être le moindre investissement de Suda dans la conception. Le cahier de charges est rempli pourtant (tout y est au premier abord : Travis, Sylvia, des boss débiles, la structure du jeu, du fan service bien amené, du retro-gaming à la sauvette, un petit côté rebelle) et les problèmes identifiable du jeu original sont pour la plupart corrigés (la suppression de l'open-world est un choix cohérent bien que dommageable, le jeu est encore une fois plus stable et plus beau).
Seulement voilà, quand NMH avait l'air sincère dans son outrance et ses idioties, NMH2 semble parfois presque le parodier. Desperate Struggle parait "affecté" dans tout ce qu'il fait : le délire est cette fois trop calculé, trop mesuré. Il fait le job, mais quelque part ce n'est pas ce qu'on attendait de lui. Cherchant désespérément à rester fidèle au matériau de base tout en corrigeant ses lacunes en tant que jeu, il lui manque la spontanéité et les éclairs de génie de son prédécesseur - et le pire, c'est qu'il semble en avoir conscience.
Je regrette aussi, plus concrètement : des personnages moins marquants, un méchant nul, une Sylvia inutile et de plus en plus horripilante et globalement, un scénario moins malin. Ce que je ne pardonne pas, surtout, c'est cette fin molle et bâclée quand le dénouement de NMH premier du nom était magistral, positivement débile et hautement chargé en WTF.