En apparence, Nobody Saves The World est un jeu qui promet une expérience unique. Les bases sont intrigantes : un monde en crise, un héros littéralement "personne", et la possibilité de se transformer en diverses créatures pour résoudre des énigmes et combattre des ennemis. Nous promettant de nous transformer d'une créature à l'autre via une arborescence très RPG...
On pourrait croire que cette formule rafraîchissante, couplée à l'humour caractéristique de DrinkBox Studios (Guacamelee!), donnerait naissance à une pépite du jeu d'action-RPG. Pourtant, une fois les premières heures passées, l'enthousiasme initial retombe rapidement.
L'ingéniosité du concept est indéniable. Chaque transformation (ou "forme") offre un gameplay distinct, des attaques spécifiques, et des synergies à découvrir. L'idée d'incarner des créatures aussi variées qu'un rat, un chevalier ou même un œuf est amusante, voire brillante sur le papier. Les formes apportent une vraie diversité dans l'approche des combats et la résolution des puzzles, et on sent que le jeu veut nous pousser à expérimenter, à jouer avec les combinaisons possibles. C’est une invitation à tester et à créer des synergies, gérer notre manière de gagner de l'expérience, et cela fonctionne bien... au début.
Le problème, c'est que l'attrait de ce concept finit par s'émousser. Une fois passé l'effet de nouveauté, Nobody Saves The World peine à se renouveler. Malgré la variété des formes, le gameplay devient répétitif. Les donjons, pourtant bien conçus, souffrent d’une certaine redondance dans leur structure. Le système de progression, basé sur des quêtes qui forcent le joueur à utiliser telle ou telle transformation, devient plus contraignant que réellement stimulant. On se retrouve à remplir des objectifs purement mécaniques pour monter en niveau, plutôt que de se laisser porter par l'envie d'explorer ou de combattre à sa manière. Cela finit par créer un sentiment de lassitude.
L'autre aspect qui pose problème est le manque d'attachement aux personnages ou à l'univers. Alors que le ton décalé et l'humour fonctionnent bien dans les premières heures, ils ne suffisent pas à compenser l'absence de profondeur émotionnelle. On passe à côté d’une vraie connexion avec le monde que l’on doit sauver. L'intrigue reste en surface, et le protagoniste, qui est littéralement "Nobody", reste justement personne. Cela peut fonctionner dans certains contextes, mais ici, cela laisse une impression de vide, comme si tout n'était qu'un prétexte pour tester des transformations sans qu'il y ait une vraie âme derrière.
Un univers trop délirant a du mal à accrocher sur la longueur et le manque de substance de ce jeu n'aide pas. C'est n'est pas grave, c'est quand même agréable d'explorer la carte sur nos premières heures. Puis on l'oublie facilement...
Ce sentiment se reflète dans la durée du jeu. Alors que certains jeux parviennent à créer une dynamique qui s’intensifie au fil du temps, Nobody Saves The World semble stagner. Il y a bien quelques moments forts, quelques boss intéressants, mais rien qui ne vient vraiment relancer l'intérêt de manière significative. On progresse parce qu’il faut progresser, plus que par réel plaisir ou curiosité. Ce manque d'élan narratif et de surprises dans le gameplay pèse sur l'expérience globale.
Dommage car la mécanique qui fait rester le joueur lors des premières heures c'est bien la curiosité. On est invité à tester et ça rend la progression drôlement organique.
D'ailleurs, il serait injuste de ne pas reconnaître les qualités du titre. Visuellement, le style est charmant, avec un design cartoonesque qui rappelle Guacamelee!. Les animations sont fluides, les environnements colorés et variés. Il y a aussi des moments où l'humour fait mouche, et où le jeu brille par son inventivité. Malheureusement, ces moments sont trop rares pour maintenir une excitation durable.
En conclusion, Nobody Saves The World est un jeu qui démarre fort grâce à un concept original et prometteur, mais qui s'essouffle en cours de route. L’ingéniosité des transformations et la créativité de l’univers ne parviennent pas à compenser une progression répétitive et un manque de profondeur émotionnelle. Si l'idée de tester des formes multiples dans un cadre décalé vous séduit, vous passerez peut-être un bon moment, mais pour ceux qui cherchent une expérience plus engageante, le voyage risque de laisser une impression assez tiède, comme cela a été mon cas.