L'aloi du sentier
Le J-RPG, c'est un peu comme la moutarde ou le hip-hop : certains le préfèreront toujours à l'ancienne. Maintenant que la rusticité des Dragon Quest n'effraie plus l'Occident, Square Enix a jugé bon...
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le 2 août 2018
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Comme souvent avec des concepts aussi atypiques, Octopath Traveler aura suscité une grande attente chez les joueurs. Et j'ai l'impression qu'au final il aura divisé encore un peu plus les joueurs de J-RPG à l'ancienne.
Franchement, c'est beau. Le jeu arbore un pixel-art splendide sur quasiment tous les niveaux : design des ennemis, environnements, panoramas, différents plans de décor... On pourra aimer ou ne pas aimer les personnages un peu à la Chrono Trigger, voire être déstabilisé par le décalage entre nos héros et les ennemis une fois en combat, mais l'ensemble flatte quand même pas mal la rétine.
Seules les animations sont un peu simplistes, et ne vous attendez pas à voir différentes expressions de visage, le "!" étant l'unique élément venant pimenter une conversation. Autre aspect un peu dommage, certains lieux manquent un peu de vie, les PNJ semblant pour la plupart figés dans une torpeur silencieuse.
A cela s'ajoute une multitude d'effets spéciaux "modernes", soit dans les environnements (effets de flous, distorsions, eau, ombres et lumières...), soit pendant les combats (explosions, magies, fumée...). L'autre point remarquable est la musique, véritablement grandiose, avec notamment l'une des rares musiques de combat qui ne devient pas insupportable au bout de 5 min (d'autant qu'elle se renouvelle en avançant dans l'aventure). L'ensemble donne un aspect très dynamique aux combats, et on dézingue du monstre avec grand plaisir.
Le concept assez original du jeu est de pouvoir incarner huit protagonistes, avec la liberté totale de choisir avec lequel commencer, et ceux que l'on souhaite recruter après-coup. On peut vraiment commencer par n'importe lequel des huit, la difficulté s'adaptant en fonction. Il y a quand même des débuts plus ardus que d'autres, suivant les itinéraires choisis. J'imagine même que les plus fous s'amuseront à essayer de finir le jeu avec un nombre minimum de personnages.
Chaque protagoniste possède donc sa propre histoire, divisée en quatre chapitre dont la difficulté augmente au fur et à mesure. Aucune histoire ne se ressemble, et chacune est plus ou moins intéressante. Pour ma part, j'ai aimé l'ensemble des histoires, même si j'en ai particulièrement apprécié certaines, comme les histoires de Primrose et Therion, bien plus sombres et matures que les autres. J'ai cru voir également que pas mal de gens critiquaient les dialogues du jeu. Alors je ne sais pas si ils ont eu une version différente de la mienne ou bien si on a vraiment pas les mêmes goûts, mais j'ai personnellement trouvé les dialogues très bien écrits, même souvent assez émouvants (ah l'empathie... :p).
Même si le concept est très intéressant, il y a je trouve quelques gros points noirs. Tout d'abord, chaque chapitre de chaque histoire se déroule comme si le protagoniste concerné était seul, ce qui peut provoquer quelques absurdités flagrantes. Par exemple, comment Ophelia peut-elle bien se faire kidnapper par deux brigands de bas-étages alors qu'elle est censée voyager avec sept autres personnes ? Ce genre de truc arrive quelques fois et nous sort un peu de l'histoire en cours. Et de manière générale, il y a trop peu d'interactions entre les protagonistes. Il y a bien quelques discussions facultatives, mais rien de très concret. Les seuls vrais liens qui existent se révèlent après avoir fini toutes les histoires et en affrontant le vrai boss de fin. C'est un problème, car non seulement le boss de fin demande de farmer pendant des heures (en plus d'être horriblement difficile), mais il amène une intrigue qui aurait clairement mérité d'être dans la trame principale (j’entends par là une condition pour voir les crédits de fin).
Après, paradoxalement je n'ai pas eu besoin d'avoir des liens concrets entre protagonistes. Simplement le fait de les savoir évoluer dans le même monde, vénérer par exemple les mêmes divinités ou partager les mêmes valeurs m'a suffit. J'aurai juste aimé un peu plus de soin apporté aux intrigues afin d'éviter les incohérences, voire quelques missions annexes impliquant plusieurs protagonistes.
Le cœur du jeu se révèle dans son gameplay, à la fois encré dans la tradition J-RPG, et incluant quelques mécaniques venant dynamiser le tout. De base, il s'agit donc de tour par tour, avec un certain ordre d'attaque décidé par la vitesse de vos personnages. On retrouve toutes les statistiques classiques du genre : attaque et défense physique, attaque et défense magique, vitesse, critique, esquive et précision. Chaque personnage possède une quantité définie de PV et de PT (la magie), et tous les persos sont destinés à être plutôt doués soit avec la magie, soit avec des armes, soit plus ou moins équilibrés. Il y a d'ailleurs différents types d'armes : épée, lance, dague, hache, arc et bâton. Est-ce que j'ai besoin de vous dire que vous pouvez équiper un casque, une armure et deux accessoires :p ? Du classique, on vous dit.
Un peu moins classique, chacun des huit personnage de base démarre avec une classe qui lui est propre (érudit, voleur, prêtre, etc...). Ce sont ces classes qui déterminent les affinités de chacun et surtout les armes qu'il est possible d'utiliser. Cyrus l'érudit par exemple ne peut manier que le bâton, mais lancera des magies dévastatrices. Chaque classe est livrée avec son lot d'aptitudes actives et passives (à débloquer avec l'expérience accumulée). Au cours de votre aventure, vous trouverez des temples qui vous permettront de débloquer les huit classes de bases, que vous pourrez appliquer à vos personnages qui auront donc une double-classe. Le personnage avec une double-classe possède à terme toutes les aptitudes des deux classes. Cyrus peut par exemple devenir érudit-prêtre, et acquérir la capacité de soigner tous ses compagnons.
Rien qu'avec ça, les possibilités de combat sont nombreuses. Il sera possible de constituer de puissantes combinaisons, et surtout de jongler entre certaines afin de se confronter de la meilleure manière aux ennemis les plus coriaces. En plus de tout ça, le jeu intègre deux dernières originalités : l'exaltation et la faille. L'exaltation consiste en fait à augmenter la puissance de vos attaques en économisant des PE à chaque tour. Un guerrier avec 2 PE pourra par exemple attaquer deux fois de suite. Un mage avec 4 PE pourra lancer une magie 4 fois plus puissante qu'à l'accoutumée (c'est ce qui permet également de lancer des attaques ultimes). Encore mieux, investir dans des PE permettra de rallonger la durée de bonus ou de malus. Et la faille est tout simplement le fait de briser la garde d'un ennemi en attaquant ses faiblesses, qui peuvent être telle ou telle arme ou magie. Un ennemi avec la garde brisée passera son tour et subira des dommages décuplés.
Bref, j'ai trouvé le système de combat du jeu très surprenant, et bien plus tactique qu'il n'y paraît. Il sera notamment nécessaire de bien réfléchir à vos combinaisons et à vos combos pour venir à bout des boss les plus puissants. Il y a enfin quatre classes supplémentaires à trouver et assez surpuissantes. Dommage qu'elles ne servent en réalité que pour le vrai boss de fin.
Je n'ai pas parlé de tout, comme les nombreuses quêtes annexes, ou les compétences passives de chaque personnage qui permettent d'agir sur les PNJ. Mais je passe quelques éléments sous silence pour le plaisir de la découverte. Car c'est quand même un peu ça Octopath Traveler. Le jeu ne vous prend pas vraiment par la main, et c'est au joueur de découvrir la profondeur du système de combat, de s'imaginer les connexions entre les protagonistes, et de tracer son propre chemin. Bon, en vrai, on peut espérer une suite pour peaufiner encore plus le concept et gommer les quelques points noirs. Mais en l'état, Octopath Traveler est un J-RPG fort sympathique qui a le mérite d'être un jeu original sur une Switch qui en a bien besoin.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux vidéo de 2018 et Les meilleures OST de jeux à écouter au travail
Créée
le 4 sept. 2018
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2 j'aime
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