L'aloi du sentier
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le 2 août 2018
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Huit personnages, huit quêtes initiatiques. Octopath Traveler (2018) est un jeu qui essaye de montrer que l’on peut proposer quelque chose de neuf tout en jouant la carte de la nostalgie. Mais si je dois bien reconnaître qu’il ne cède pas à la facilité en adoptant des partis pris osés, je trouve le résultat en demi-teinte.
Les sprites en 2D fleurent bon le 16 bits, les décors 3D et certaines animations de combat la PS1, et les jeux de lumières/particules donnent un ancrage moderne. La combinaison entre personnages 2D et monde 3D m’a esthétiquement fait un peu penser à Paper Mario. Ça peut-être très déstabilisant au début, mais dans l’ensemble je suis conquis. Surtout que tous ces éléments sont mis en place avec une caméra à faible profondeur de champ, qui donne une esthétique de maison de poupée. Le jeu est donc un écrin et une mise en abime : on joue à un jeu vidéo qui se présente graphiquement comme un jeu de poupées, ou de marionettes. Esthétiquement, je trouve que c’est raccord avec ces histoires aux enjeux moins épiques que personnels.
À noter également une BO de toute beauté, avec plusieurs airs franchement magnifiques et entrainants. On a également droit à un doublage de grande qualité en anglais et japonais (j’ai choisi ce dernier, mais j’ai quand même un peu testé l’anglais avant), même si seule une petite moitié des dialogues sont doublés, allez savoir pourquoi.
Le système de combat est très classique, mais le concept des faiblesses couplé à celui des PE donne une véritable dimension stratégique, et on ne peut généralement se permettre de répéter en boucle la même attaque. J’aurais bien aimé que le concept soit poussé jusqu’au bout et que nos personnages aient eux aussi des faiblesses. De manière générale, c’est tout le gameplay qui est classique mais réussi : le système des double-classes, les aptitudes, ou encore les capacités spéciales des personnages. J’ai un peu regretté que les aptitudes divines soient aussi peu impressionnantes visuellement, je m’attendais à quelque chose du goût des invocations des Final Fantasy.
La narration a un parti pris intéressant, laissant le joueur en théorie libre de suivre telle ou telle histoire. En théorie. Car entre deux chapitres d’un même arc, la différence de niveau est tellement importante qu’il faudra impérativement compléter l’ensemble des chapitres de même niveau pour les 8 personnages —ou alors grinder débilement—. Ce qui rend l’ensemble haché et les possibilités limités.
D’autre part, je regrette vraiment que les interactions entre les personnages soient aussi limitées. Ils n’apparaissent pas dans les cinématiques autres que celles de leurs chapitres et ne discutent que par micro-saynètes sans intérêt. Ce qui est d’autant plus dommage que ce ces personnages sont dans l’ensemble très étoffés et attachants.
Le pire, c’est que les chapitres eux-mêmes suivent toujours la même structure, d’un pointeur au suivant :
Arrivée dans un patelin -> Cinématique -> Utilisation de la capacité spéciale du personnage -> Cinématique -> Donjon -> Cinématique -> Boss -> Cinématique.
Vous l’aurez compris, il y a beaucoup de bla-bla.
Et cette structure lasse, d’autant plus que les histoires, aux échelles somme toute assez modestes, ne prennent jamais de virage franchement imprévu. La monotonie est le plus gros défaut du jeu. Même les combats, que j'apprécie pourtant, deviennent répétitifs. Les quêtes secondaires sont variées mais franchement peu intéressantes, et leurs récompenses trop incertaines.
Déception également du côté de l’univers, qui sonne creux. Du village de pécores à la capitale de royaume, elles font à peu près toutes la même taille. D’autre part, le flou règne du côté de l’histoire et de la géopolitique. Les scénaristes ne se sont franchement pas foulé sur ce coup.
Bref, Octopath Traveler, surprenante nostalgie AAA, m’aura apporté autant de joie que d’ennui. In fine, c’est ce dernier qui l’aura emporté, n’ayant à l’heure de cette critique pas réussi a finir complètement le jeu (28/32 chapitres, pour 45 heures). Même la perspective de l'histoire finale qui se dessine n’aura pas suffi à me motiver.
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Créée
le 8 janv. 2019
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